Après un album et trois EP – le dernier datant de 2017 – on attendait impatiemment le retour de Bantam Lyons. Défi relevé avec brio, le nouvel album Mardell s’imposant comme une suite évidente et superbement brute. Huit titres obsédants qui sentent tous la fumée, la bière, le vent et la pluie. Car on ne peut dissocier Bantam Lyons de Brest et de la Bretagne, en témoigne, s’il le fallait, la fiévreuse Ar Stêr, chanson en breton. Ce n’est pas la Bretagne des toits de chaume et des chaumières ensevelies d’hortensias, mais un pays rêche, sauvage. Et beau.
Certaines chansons finissent en sec coup de fouet – Pintor – d’autres étirent un spleen mélodieusement triste – The Lass of Breacon – d’autres encore tapent un rythme envoûtant – St Dô… A chaque fois un univers dans lequel on se laisse engloutir avec volupté, de la mélancolie feutrée au spleen violent, le sombre décliné jusqu’à l’outre-noir, un vrai Soulages musical mais toujours infusé d’un brouillard lumineux. La sensibilité ne tombe jamais dans l’introspection grandiloquente, peut-être est-ce dû à la langue anglaise, un rempart qui leur permet de préserver l’intime.
Les comparaisons et références ont fleuri, Interpol, The Chameleons, The Cure, The Sound… Mais les gaziers de Bantam Lyons ont un son bien à eux, une identité propre, portée par d’excellents musiciens, de très beaux textes et une voix comparable à nulle autre. Il faut les voir en concert, spectacle puissant qui n’est jamais un copier-coller de leurs disques. Et il faut acheter Mardell, disponible en France chez les Brestois Music From The Masses et aux USA chez Gezellig Records.
Pour finir, quoi de mieux que leur laisser la parole avant de présenter leur Sélectorama : « Nous n’avons rien foutu ces dernières années parce que d’autres occupations nous ont trouvés, tout en sachant que nous finirions bien par réveiller ce tocard de Bantam Lyons un jour. Penser qu’il y aura un moment venu, imaginer qu’un peu tout en sera changé ensuite et consacrer un pan entier de son esprit et de ses cuites à cette idée, c’est ça être un vrai branque. »
Maëlan
Caveman, Vampirer/Old Friend
Lors de la création de Bâtards Zion il y a presque dix ans, j’ai beaucoup écouté ce groupe New-Yorkais. Leur premier album Coco Beware est sorti en 2011 sur Fat Possum Records, il m’obsédait pas mal et ce morceau est devenu une sorte d’ode à la tise et la franche camaraderie pour nos compères de la scène indé rock Finistérienne et nous. Une pop song qui n’a pas pris une ride et accompagne notre bon vieux groupe de saucisses tel un vieil ami.
Orion, Execution
Un groupe Australien qu’on jurerait tout droit sorti des 80’s avec un seul album datant de… 2017 ! La voix digne d’un Morrissey, assez troublante par sa ressemblance, donne tous les codes d’une musique new wave/post punk figée dans une autre époque. C’est assez dingue. J’ai énormément écouté ce disque au moment de l’écriture de Mardell et je pense qu’il m’a influencé, d’une certaine manière. Donc si on tend l’oreille, on pourra très probablement entendre des « pompages » des morceaux de ce Selectorama dans notre album.
Loïc
Half Man Half Biscuit, National Shite Day
John Peel disait d’eux qu’ils étaient un « trésor national » et j’aurais du mal à ne pas être d’accord, même en étant un gros frouze. Ce n’est jamais terrible d’employer des superlatifs en musique mais franchement, Nigel Blackwell est le plus grand parolier de tous les temps et leurs quatorze albums, de Back in the D.H.S.S. à No-One Cares About Your Creative Hub So Get Your Fuckin’ Hedge Cut constituent la discographie la plus cohérente et égale dont un groupe puisse rêver. Et leur nom est imbattable, tout comme la plupart des titres de leurs morceaux.
Electrelane, These Pockets Are People/The Partisan
Au début de Bantam Lyons, on voulait trouver une batteuse qui joue au moins aussi bien qu’Emma Gaze. Puis on est tombés sur Sam, qui avait un jeu et un humour à peu près aussi convaincants l’un que l’autre. Aujourd’hui, le batteur c’est Clovis, qui est une sorte de Ginger Baker du Pays Pagan, alors que moi, je suis plutôt fan de Mitch Mitchell. C’est toujours le merdier, la batterie dans un groupe et Electrelane, toujours celui que je préfère.
Nics
Chad VanGaalen, Willow Tree
C’était en 2014, un des membres du groupe a dit qu’il voulait être enterré avec ce morceau. Bonne ambiance.
El Aviador Dro, El Ataque De Los Zombies
On écoute pas assez de rock espagnol en France. Bonne ambiance.
Clovis
Pete & The Pirates, Washing Powder
Retour en 2013 quand on avait invité les Bantams à faire la fête chez nous à Brest après un concert avec les Slow Sliders. Maëlan nous a fait découvrir Pete and the Pirates ce soir-là, et ce morceau est resté très longtemps dans nos enceintes les années qui suivirent.
PS I Love You, Starfield
Je suis tombé sur PS I Love You via la playlist d’un guitariste d’un groupe d’indie – dont j’ai oublié le nom désormais – qu’il avait créé sur Spotify.
J’aime beaucoup ce groupe, leur LP Figure It Out est une compilation de tubes qui réveillent en moi énormément de nostalgie et qui me donnent envie de danser en pleurant.
Benoît aka La Guche
Dr Feelgood, She Does it Right
Je me doute que personne n’osera donc je m’en charge, Dr Feelgood et cette vidéo sont les principales raisons pour laquelle Loulou s’est enfin acheté une guitare (la même que Wilko Johnson donc, l’un des deux mecs qui font du step là) et qu’on a des guitares noires, ce qui constitue l’essentiel de notre impressionnante scénographie. Il y a beaucoup à dire sur ce groupe un peu passé par erreur à la trappe du rock mais je crois que la vidéo en dit déjà pas mal. Les commentaires aussi : « Amazing Fact #2: Wilko played the Executioner, Ser Ilyn Payne, in Game of Thrones. True!! »
Ravel – Le Tombeau de Couperin (Forlane)
C’est beau hein ? C’est en mi, comme plein de morceaux de Bantam.