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Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe »

Lias Saoudi - Fat White Family / Photo : Alain Bibal
Lias Saoudi – Fat White Family / Photo : Alain Bibal

Pourquoi continuer de monter sur le ring lorsque l’on sait que chaque combat sera long, violent, laissera des séquelles et permettra à peine de payer le loyer ? C’est la question que doit se poser Lias Saoudi depuis les tout débuts de The Fat White Family, groupe dont il est le frontman. L’enregistrement de Forgiveness Is Yours, le quatrième album du groupe, a été marqué par le départ de Saul Adamczewski, membre fondateur, compositeur, visionnaire et dictateur après l’enregistrement d’un titre et demi. Nathan Saoudi, frère de Lias, compositeur au caractère obsessionnel et lui aussi despote, a disparu dans la nature à la fin des sessions. On ne sait toujours pas s’il fait encore partie du groupe. Dire que l’enregistrement de ce disque a été tendu est un euphémisme. Pourtant Forgiveness Is Yours est une réussite totale. Continuer la lecture de « Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe » »

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Pictures On My Wall : Philippe Dufour

James Leesley de Studio Electrophonique - décembre 2023, LEAF à Liverpool (détail) / Photo : Philippe Dufour
James Leesley de Studio Electrophonique – décembre 2023, LEAF à Liverpool (détail) / Photo : Philippe Dufour

Ce fût d’abord une silhouette, une présence discrète et régulière. Le constat d’une assiduité commune aux concerts – surtout ceux en appartement, organisés pour la plupart par Life Is A Minestrone – comme un gage de quelques passions partagées. Et puis, au fil des rencontres, on a fini par découvrir une petite partie de son travail. De son regard. Et on y a retrouvé les mêmes qualités, le même engagement à la fois respectueux et impliqué dans cette belle façon de restituer visuellement ce qui nous plait tant dans la musique de ces sujets. Et qu’il y a forcément, dans les photos de Philippe Dufour, des échos particulièrement résonnants de cette forme d’amateurisme qui n’exclut en rien l’exigence. Et dans laquelle on se retrouve souvent.
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Selectorama : Penny Arcade

James Hoare / Photo : Kate Mount
James Hoare / Photo : Kate Mount

Une voix et un visage que nous connaissons depuis plus de dix ans déjà et pourtant, James Hoare présentait en début de mois, sous le nom de Penny Arcade, son premier album en solitaire. Membre de certains des groupes les plus marquants de la scène indie pop des années 2010 – Veronica Falls, Ultimate Painting ou Proper Ornaments –, l’Anglais s’était ces derniers temps retiré de l’effervescence de la capitale britannique pour se rapprocher de ses origines, à l’ouest du pays. On le retrouve avec Backwater Collage, un disque mélodieux, au son très clair et lumineux, tout en douceur et en lenteur ; mellow, dirait-on chez lui. C’est aux fondements de sa culture musicale qu’il revient aussi lorsqu’il commente les dix titres qu’il a sélectionnés pour nous. Il y a dans ses paroles des récurrences qui font sourire tant elles reflètent son identité musicale : la guitare comme colonne vertébrale, la nécessité du do it yourself, le minimalisme en maître-mot.

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Avant-première : Vertigo de Miki Berenyi Trio en vidéo

Miki Berenyi Trio / Photo : Sébastien Faits-Divers
Miki Berenyi Trio / Photo : Sébastien Faits-Divers

Depuis les tout débuts de leur histoire, c’était presque écrit – qu’ils finiraient par jouer ensemble. Ils ? Ce sont d’abord Miki Berenyi et Kevin J McKillop, longtemps couple à la ville sans même l’être sur scène – ce qui à l’époque des prémices de leur (Bella) union était comme impensable. Les tout débuts ? Les années 1990, une décennie pas si anodine que cela pour la musique moderne, pour pas mal de grandes et petites raisons, pour pas mal de raisons personnelles comme universelles. Sous couvert d’un de ces mouvements inventés de presque toute pièce par les hebdos britanniques – shoegazing ou sur un mode un peu plus ironique The Scene That Celebrates Itself –, Moose et Lush étaient souvent liés… Des histoires d’amitiés – voire un peu plus si affinité –, des histoires de marottes musicales et d’éducation… Je n’ai jamais su si c’était vrai, mais il se disait que les deux leaders de Moose avaient entre autres fait découvrir à Lush les rares disques d’American Spring – ce que Brian Wilson a sans doute fait de mieux dans sa carrière, soit dit en passant – et étaient ainsi à l’origine de la très belle reprise du classique perdu Fallin’ In Love (sur le EP Black Spring)… Et cette chanson aurait très bien pu faire partie du set que le Miki Berenyi Trio a donné  quatre soirs durant lors d’une escapade continentale qui l’a mené de Lille à Barcelone, en passant par les Vinzelles et Dijon. Continuer la lecture de « Avant-première : Vertigo de Miki Berenyi Trio en vidéo »

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Broadcast, Spell Blanket (Warp)

La sortie de ce disque est l’événement le plus important, émouvant, depuis que l’homme a marché sur la Terre ? sur la Lune ? En tous cas, c’est bien plus qu’une collection de démos, c’est un monument, un cénotaphe élevé à la mémoire de Trish Keenan, chanteuse du groupe Broadcast, disparue en 2011 à l’âge de 42 ans, emportée par une pneumonie après avoir contracté la grippe H1N1 au retour d’une tournée en Australie. C’est à James Cargill, son complice, son frère chimique, que l’on doit cet ultime album. Totalement dévoué à chérir la mémoire de son âme sœur, Cargill a collecté dans les mini-discs, cassettes 4-pistes et autres bandes magnétiques laissés par sa compagne cette trentaine d’enregistrements, couvrant 4 ans de recherches sonores, s’aventurant dans toutes les directions. Il les a gardés intact, à l’état brut, en conservant précieusement les souffles, parasites, accidents, fragilités, les mixes sur bande parfois un peu sourds, nimbant ces enregistrements d’un halo surnaturel.

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Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia (Homewood Records, 1976)

Parfois les algorithmes font bien les choses. Dans les années 2000, Mother Earth’s Plantasia (1976) du musicien canadien Mort Garson s’infiltre dans les flux YouTube de nombreux utilisateurs du site. L’album hérite enfin du statut de disque culte après des décennies d’anonymat. Il n’est pas le seul à bénéficier de ce coup de pouce inattendu. L’artiste japonaise Midori Takada a par exemple connu un destin quelque peu similaire avec un album paru initialement en 1983, de même que le Français Dominique Guiot et son Univers de la Mer (1978). Ces succès semblent presque enchantés, un peu à l’image de la théorie qui poussa Mort Garson à enregistrer Plantasia quelques décennies plus tôt. Continuer la lecture de « Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia (Homewood Records, 1976) »

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Matt Low, Une vie cool (Bleu Nuit)

Ah ben oui. Lui, tiens.

« L’homme aux cent blessures. » Qui peut s’entendre : « L’amour, sans blessure. »

C’est ça.

Disclaimer : c’est là où nous sommes, où nous en sommes, les premiers mots de la première chanson du dernier disque de Matt – je l’appelle par son prénom, lui, parce que je ne le connais pas de cet amour issu d’abord de sillons et de concerts, mais de vive vodka depuis flûte, plus de vingt ans et nos premières guitares, nos premières basses. C’est un frère, c’est la famille – même s’il est passé au mezcal entretemps, parfois, dit-il. Ça se comprend, ici le bourbon noie les dernières nuits de nos âges – sucrer ou fumer au lieu de brûler – la jeunesse passe et on cultive le jardin chaque lendemain du monde, chacun à nos façons et en nos compagnies, lui avec Jean-Louis Murat – qui l’a fait chanteur – et Elysian Fields – dont il est désormais le crucial bassiste. Un crucial artiste. Continuer la lecture de « Matt Low, Une vie cool (Bleu Nuit) »

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Dieu Sauvage

Il y a 20 ans, Nick Cave nous parlait de son nouveau double LP, récemment enregistré à Paris.

Nick Cave / Photo : DR
Nick Cave / Photo : DR

Alors qu’avec ses Bad Seeds, Nick Cave – que la vie n’a pas épargné ces dernières années –, s’apprête à sortir un nouvel album intitulé Wild God et annonce un concert à… l’Accor Arena le 17 novembre, retour sur la rencontre avec l’icône australienne qui accompagna la sortie du double album Abattoir Blues / The Lyre Of Orpheus. C’était il y a tout juste vingt ans. Et il s’est passé à peu près ça.

Détendu, souriant, drôle : ce n’est certes pas l’image traditionnelle que l’on se fait de Nick Cave, en particulier lors d’une journée promotionnelle. Pourtant, tel est l’Australien nouveau, visiblement très fier de ses deux nouveaux disques, Abattoir Blues et The Lyre Of Orpheus. Et il a de quoi. Ténébreux, vénéneux, dense et lumineux, en équilibre parfait entre apaisement et foisonnement, ce vrai-faux double album est sans doute l’œuvre la plus aboutie que l’homme ait jamais enregistré avec ses Bad Seeds. Il en explique ici le pourquoi du comment. Continuer la lecture de « Dieu Sauvage »