Sorti pendant le confinement, Deleted Scenes d’Once & Future Band mérite certainement que nous nous y attardions. Once & Future Band, déjà, en 2016, fut une excellente surprise, le genre d’albums que vous n’attendiez pas mais qui révèle sa richesse à chaque écoute, au point de revenir régulièrement sur la platine. À la marge des autres sorties de Castle Face, celles opérant dans les eaux du punk et l’expérimental (Oh Sees, Pow!, Damaged Bug, Eddy Current Suppression Ring etc.), Once & Future Band est un groupe maximaliste qui se détourne de certaines des règles du bon goût. En effet, si certains visent l’épure jusqu’à la disparition (des mélodies, de l’ambition, du travail de production), le groupe d’Oakland pratique une pop progressive, exaltée, mais heureusement sage sur les durées : seul deux des neuf titres de Deleted Scenes dépassent les cinq minutes.
Très mélodique, technique sans être chiant, Once & Future Band convoque ainsi Electric Light Orchestra, Steely Dan, Todd Rungren, Supertramp et bien sûr les Beatles, évidente référence harmonique des Américains. Par certains aspects, ils sont des cousins flamboyants des Britanniques de Field Music. Cependant, là où la formation de Sudderland pratique l’ascétisme, Once & Future Band se lâchent dans les soli sans jamais sombrer dans la démonstration stérile. Le goût pour l’ornement, le soin porté aux structures et aux arrangements, du groupe d’Oakland, ont quelque chose de réconfortant et jouissif. Il est si plaisant d’entendre un disque aussi maîtrisé pour autant en faire des caisses ou crâner. Nous nous laissons ainsi bien volontiers conduire dans cette limousine au pilotage souple et assuré. La face A est un festival de bonnes chansons. Dès Andromeda, Once & Future Band se lance dans un buffet à volonté de mélodies. L’affaire se conclue sur une minute trente de musique instrumentale délicieusement flashy et jubilatoire, le genre de trucs à faire fuir les plus punks d’entre vous. Vous êtes encore là ? Le clavinet de Problem Addict évoque les albums de Forever Pavot tandis que les cuivres de la courte Freaks tiennent des Kinks. L’instrumental soigné Mr G ouvre une face B, un peu moins impressionnante mais néanmoins solide. La chanson titre Deleted Scenes déroule un groove chaloupé et lancinant sans oublier d’en mettre plein la trogne avec des harmonisation de guitares. La fin de l’album est légèrement moins impressionnante. Le guitare voix d’Airplane ne fonctionne pas si bien que cela. The End and The Beginning conclut l’album. Elle aurait certainement mérité d’être un peu plus concise. Deleted Scenes n’en est pas moins impressionnant et sacrément attachant.