Oi Boys, s/t (La Face Cachée, Hidden Bay, Neutral…)

  1. Revue de presse :

« D’un minimalisme brutal, la plupart des compositions fait appel au strict nécessaire : un duo kick-snare binaire, quelques accords de synthés en boucle, et des notes de guitare éparses à qui la réverb’ à burne donne des allures de pulsations. «  Du barbelés dans les tympans.

« L’ambiance désenchantée et la froideur de ces schlags magnifiques est irrésistible. » Core&Co

« Les textes sont noirs et transpirent la virilité associée à une réflexion sans détour sur la vie, les relations, les potes, tels des manifestes qui préfèrent les uppercuts aux bavardages de salon. » Benzine Mag

« Oi Boys se révèle être un premier album très prometteur à l’ambiance sombre et captivante. » Addict-Culture

« Une new-wave post-punk à prise rapide, l’essayer c’est l’adopter ! » Julien Casbah

« Les sonorités, froides, métalliques, proches de l’indus à certains moments, ajoutent une couche bien épaisse de raideur à ce disque. «  Gonzaï

(…)

2. Pas grave si on arrive un peu à la bourre sur les Oi Boys. Le label messin La Face Cachée est en mode mi-étonné, mi-amusé sur les réseaux sociaux, soulignant l’engouement quasi général provoqué dans les cénacles rock/pop, sites web, fanzines par son duo petit protégé… « Toute la francophonie aime les Oi Boys ». Un consensus exprimé dans un grand souffle, comme une revue de presse un peu bidonnée, écrite par un manager sans scrupule. Eh bien, non ! C’est la vérité ! Et j’accuse un retard sur le peloton de tête parce que j’ai pris mon temps pour écouter ce disque, sans s’en faire, en le replaçant dans un style qu’on avait commencé à distinguer dans cet hexagone du vide, surtout visité par le nord-est de sa diagonale. Quelque chose comme un rock abrupt hérité à la fois des expériences punk, avec une approche sombre et cold wave (cette vision française du post-punk qui s’habillait en noir et se chaussait de Slang).

Et puis, cette voix, entre crachat et colère, qu’on pourrait rattacher à une oï prolétaire et mal famée (pas de tréma sur le Oi des Boys, en revanche, gaffe). Tout cela a été bien identifié maintenant, on pourrait même dire que ça fait école : je pense à mes préférés Hinin dont je parlais ici, ou aux Modern Men par exemple, à la branche métal aussi (Fange, Satan, Sordide) aussi. Tout cela redonnant une patine sérieuse, renégate, à la trinité bière / squat / chiens. Mais bon, on n’est pas sociologue, ni historien (si peu), ce qui nous agite ici, c’est bien une musique excitante qui met un low kick fulgurant dans tes genoux, balaye tes pieds, pour que ta tête se prenne le bitume en tombant, toute cassée  : être musicien et jeune, en 2021, c’est pas marrant, et oser s’avancer dans des relations sociales, amicales ou amoureuses, c’est balancer entre courage et inconscience, c’est comme pratiquer un sport de combat. Entre formules chocs balancées par le duo, on sent monter quelque chose dans les synthés et les guitares plus maîtrisés qu’il n’y paraît. On pourrait même dire que la violence qui semble prendre forme tout au long de cet album brillant est un sacré paravent à une approche romantique et sensible du temps présent. Sans rétroviseurs, sans grand plan, Oi Boys saisit cette énergie noire pour la transformer en électricité très belle, comme une course de caddies sur le parking désert d’un supermarché, un dimanche matin, un peu saouls, un peu désoeuvrés, mais heureux, sans avoir envie, pour rien au monde, d’être ailleurs.

3. On est tous bien d’accord.


L’album éponyme de Oi Boys est sorti chez La Face Cachée, Hidden Bay, Neutral…

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