…Commencer par la fin – Memento Mori -, se souvenir effectivement que l’on va mais alors que les dernières notes s’évaporent, s’apercevoir que ces dix chansons nous laissent entre deux eaux – entre la vie et la mort – avec des questions plein la tête, et dans la bouche, pour reprendre les lignes d’un poème lu récemment, « le goût du sang mêlé au goût d’une figue fraîche ». Parler de Memento Mori en désordre, au gré des marques qu’il a laissé, et vous présenter toutes ses chansons et ses personnages.
Face A
Commencer par danser, et soudain, être giflé par ces mots – « être loyal et honnête va vous rendre très malheureux » – , se trouver alors dans un mélange d’obscure et sereine jubilation. Ça s’appelle Loyal et honnête. Enchaîner avec Perdu mon temps et sa question, «Est-ce que j’ai perdu mon temps ? » à laquelle Mustang nous offre une réponse tout en onomatopées, guitares et sons kraftwerkien. Sourire avec Fils de Machin. Voix et guitares qui hoquettent et – vlan ! – refrain qui ondule, pendant que Mustang assène leurs tristes vérités à tous les fils de. Pôle Emploi / Gueule de Bois ou c’est comment de se sentir, isolé, vain, laid, déchu. Derrière la mélodie addictive, il y a la tristesse de vivre si peu – il y a des gueules de bois qui sont plus belles que d’autres -. Dissident lui, met mal à l’aise. Être définitivement écœuré par l’espèce humaine. Être complètement attiré par cette chanson.
Face B
Pas de Paris, tout en sha-la-la obsédants, qui s’accompagne d’une trace de chagrin et d’un regard, presque tendre, posé sur cette fille – Naomi Watts in Mulholland Drive ? -. La tristesse – et la beauté – de cette Maison sur la colline, country 3.0. La chanson d’amour du disque, elle s’appelle Le Vin. Les âmes avinées du monde entier ont enfin leur chanson – il y a des gueules de bois qui sont plus belles que d’autres -. S’étourdir aussi avec les rythmes épileptiques de Pas cher de la nuit. Paroles saccadées et guitares qui lacèrent la nuit – est-ce que tu entends ça Joey Santiago – et apparition dans le ciel – suffit de fermer les yeux – de magnifiques tracés incertains et brisés. Revenir enfin à Memento Mori. Les notes fluides et tièdes embrument l’atmosphère. Tout tremble et traîne étrangement. Avancer vers la mort, la tête haute, avec l’élégance de ceux qui savent. Se souvenir effectivement que.
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Mustang qui met ici, tout en question, toutes les choses essentielles de l’homme, ses raisons de vivre, ses raisons de mourir.
Mustang, qui sait se servir des mots les plus simples, des mélodies les plus envoûtantes, pour nous dire presque tout. Presque tout ce qui compte.
Memento mori.