Les Lullies, Mauvaise Foi (Slovenly)

En octobre dernier sortait la compilation Nuits Blanches chez les activistes marseillais de Lollipop records (Sunsick, This Is Pop). Initiée par Thibault Sonet (T.Boy), bassiste des Lullies, l’album offre le panorama d’une certaine scène rock underground française. Les Lullies ont ainsi réuni autour d’eux des groupes tels que Pogy et les Kéfars, Asphalt, The Suttles, Alvilda ou encore Food FightNuits Blanche dialogue, à distance, avec Snapshot(s) (1983). Au-delà de constituer deux instantanés du rock français qui ne passent pas à la télé, les deux compilations se partagent entre groupes francophones et anglophones et naviguent dans des esthétiques proches, entre garage, punk et powerpop.

Les Lullies
Les Lullies

Dernier Soir, des Lullies ouvre la compilation. La chanson sonne comme une évidence, elle bat le rappel: le rock peut se conjuguer au présent. Mauvaise Foi, deuxième album des Montpelliérains, confirme le verdict. L’électricité provoque encore des frissons ! Pas besoin de sortir le défibrillateur, le cœur bat toujours très fort. François, Roméo, T. Boy et Manah n’ont d’ailleurs pas fait dans le détail. Les Lullies ont, en effet, couché sur bande, un disque qui file à 100 à l’heure. L’album tourne même en 45 tours ! Ils ont été aidé dans cette mission par Maxime Smadja. En plus de faire pas mal de groupes (BOSS, Condor, Skategang, Digital Octopus…), le musicien enregistre de nombreuses formations passionnantes du paysage rock actuel tels que Rendez Vous, À Trois Sur La Plage ou Police Control. En dix morceaux, les Lullies dégainent un album vrombissant et rugissant. Le tempo est bloqué en cinquième vitesse et ne redescend que rarement. La reprise de When You Walk In The Room, empruntée à Jackie DeShannon (et popularisée par les Searchers) n’offre qu’un peu de répit autour de ce magma en fusion. Les neufs autres titres, originaux et en français, battent le fer d’un punk étoffé au rock n roll, glam et powerpop. Le groupe ne lève pas le pied et fait un tintamarre de tous les diables. C’est bigrement efficace et engageant ! En plus de la géniale Dernière Soir, les Lullies se fendent de plusieurs tubes sous amphétamines. Mauvaise Foi imagine des Buzzcocks très très pressés tandis que Ville Musée concocte une suite à cette ville est un enfer des DogsPas de Regrets déroule un boogie trempé de Valstar. Les Lullies sont presque fiers de ne rien faire sur Zéro Ambition ! Le disque se conclut à un rythme effréné sur une nerveuse Animal à mi chemin entre les New York Dolls et Kiss. En dix morceaux, les Lullies signent l’un des albums les plus excitants en matière de rock’n’roll depuis un bon bout de temps. Sans faux-semblants, ni manières, ils participent aussi à écrire une nouvelle page de l’histoire tumultueuse du rock français.


Mauvaise Foi par Les Lullies est disponible sur le label Slovenly.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *