C’est déjà notre cinquantième playlist de nouveautés du mois, comme le signalait très justement Coralie Gardet, instigatrice de l’ombre de cette sélection collégiale, imaginée par une bonne partie des contributeurs à Section26. Parmi ces 35 titres, au moins 10 morceaux en français dont 5 qui parlent du temps qu’il fait, à croire que ça nous tracasse… Avant les grandes chaleurs, voici notre récolte printanière, toujours à la croisée des chemins entre pop, indé, post-punk. Ecoutez-là avec la même passion qui nous a guidée à la composer.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists réalisées sur certaines plateformes ci-dessus ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection commentée ci-dessous.
1. Bill Baird, Couch Olympics (Perpetual Doom)
Fidèle à sa réputation de générosité et de discrétion, Bill Baird a livré deux nouveaux albums le jour de l’éclipse lunaire. Astral Suitcase et Soundtrack ont tous deux été inspirés par un récent voyage en Islande (comme les images de la vidéo ne l’indiquent pas). L’impression de contempler une immensité désertique persiste à l’écoute de Couch Olympics. XM
2. Kacimi, Panache (Le Pop Club)
Le Pop Club est l’un des labels contemporains francophones les plus cool en activité ! Le patron, Kacimi, signe un très beau morceau, détendu et élégant. AGF
3. Kid Loco feat. Lisa Li-Lund, An Angel (Balagan Music)
En matière de yé-yeah antimoderne, la rencontre entre Lisa Li-Lund et Kid Loco, au-delà de la surprise, ne déçoit pas. Vivement la suite. EG
4. Cassandra Jenkins, Only One (Dead Oceans)
Enfin de retour, Cassandra Jenkins, qui n’a jamais porté le costume pourpre voué à faire d’elle une montagne, donne un peu de sel, par cet extrait de son prochain album, à la fameuse mélancolie bleue. Le clip est ensoleillé, on espère raisonnablement un aussi énigmatique et étrange chef-d’œuvre que son An Overview on Phenomenal Nature. On sait que l’on se trompe et que ce sera encore autre chose, d’encore formidable. Les paroles sont une fois de plus discrètement parfaites sous le catchy du refrain. CC
5. Penny Arcade, When the Feeling Is Gone (Tapete Records)
Penny Arcade, le projet solo de James Hoare sonne très proche de The Proper Ornaments et c’est plutôt une bonne chose, non ? AGF
6. somesurprises, Bodymind (Doom Trip Records)
Ô ironie – n’y croire plus – et puis le post entre deux maux de tête à 1h29 du matin chez les collègues d’Aquarium Drunkard, cliquer sur un nom vaguement familier vu-le-mois-dernier-pas-vraiment-convaincue, mais aux remèdes donnés par les docteurs ès indie aimés, comment dire non ? De la D.R.E.A.M.P.O.P. c’est ça dont on a besoin, voilà. De toute façon, comment faire autrement dans ce monde de merde que simplement marcher en regardant ses chaussures ? Au moins on arrive encore à peu près à marcher, c’est déjà ça. My Bloody Valentine, Broadcast, Grouper, oui oui y’a de ça. Pas tant que ça en succédané. Et autant le précédent simple Be Reasonable m’avait paru pas si-si, mais celui-ci là oui, avec le petit brouillard qui te fait sentir à deux doigts de l’hémorragie cérébrale en bien. Donc ça y est : on peut leur souhaiter le succès damné. PN
7. Chastity Belt, Funny (Suicide Squeeze Records)
Nous n’avions pas encore mentionné le dernier Chastity Belt, ironiquement intitulé Live Laugh Love. Qu’on se rassure, la bande grungy de Julia Shapiro – dont on apprécie aussi les albums solo – ne s’est pas emmiellée au cours des cinq dernières années, la preuve dès l’intro de ce Funny, avec ses guitares délicieusement nineties et ces premiers mots : « If I’m being honest, lately, I’m not feeling great ». CG
8. Nilüfer Yanya, Like I Say (I runaway) (Ninja Tune)
Après le génial Painless, son second album paru il y a deux ans, la Londonienne est de retour avec un titre de la même trempe : une intro à la Smashing Pumpkins des débuts puis cette voix affirmée, appuyée par des guitares saturées sur le refrain. A l’entendre chanter, on l’imagine échappée d’un conservatoire de jazz pour se mettre au grunge. Toujours aussi efficace. CG
9. Eyedress feat. Jesse Jo Stark, Sinning in Heaven (RCA Records)
Eyedress ne doit effectivement pas beaucoup dormir : pas moins de 34 titres dans ce Vampire in Beverly Hills, mixtape sur laquelle s’invitent Wild Nothing, Pearl and the Oysters, Dent May, John Maus ou Homeshake, pour ne citer qu’eux. Que dire… Le Philippin a de l’or dans les mains, et il suffit d’écouter les vingt premières secondes de ce titre pour le comprendre : ne connait-on pas cet air depuis toujours ? Ce « simp » autoproclamé [quelqu’un de très démonstratif en amour] reste fidèle, 1h18 durant, à son sujet de prédilection et n’oublie pas de convier sa femme, Elvia, le temps d’une chanson (l’onirique Lover’s Lane). CG
10. Mount Kimbie, Shipwreck (Warp Records)
Mount Kimbie fait son véritable retour avec un nouvel LP succédant à l’immaculé Love What Survives (six ans et demi déjà que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps sur cet album !). Le duo anglais ne déçoit pas, accompagné de l’hypnotisante Andrea Balency-Béarn (clavier et voix) et toujours, sur quelques titres, de leur invité favori, Sir King Krule. CG
11. Cindy Lee, Flesh and Blood (autoproduction)
Le Canadien Patrick Flegel, ex-membre du très estimé groupe Women, a déjà six albums à son actif depuis la dissolution du groupe. Son nouvel album (triple !) Diamond Jubilee, écoutable uniquement sur YouTube ou sur le site de l’artiste, est un mélange très prenant d’influences pop-rock-glam-new wave etc. nimbé d’une voix éthérée. CM
12. Chanel Beads, I Think I Saw (Jagjaguwar)
Le New-Yorkais Shane Lavers publiait ce mois-ci son premier album sous l’alias Chanel Beads. Il y mêle synthétiseurs et instruments conventionnels, voix féminine et masculine, brouillant les genres pour un résultat expérimental et plutôt dark, entre dream pop et synth-wave. Un nom à suivre. CG
13. Huub Prins, Boontje (Het Telebordeel)
Le prolifique Elias Elgersma (The Homesick, Yuko Yuko) a aussi un projet solo et nous balance une chanson très catchy, prélude d’un album à venir. CM
14. Fontaines D.C., Starbuster (XL Recordings)
Changement de label et de ville pour les Fontaines D.C., qui entament un nouveau chapitre de leur carrière avec Starbuster, premier single entêtant de leur album Romance attendu pour le 23 août. Aussi sombre que dansant, Starbuster évoque parfois le Ian Brown d’Unfinished Monkey Business ou UNKLE, ce qui n’est pas pour nous déplaire. PR
15. FACS, Take Me to Your Heart (Sub Pop Records)
Dans la playlist de mars figurait la face A du nouveau single des Américains ; voilà la face B, très attendue puisque c’est une reprise d’Eurythmics – cover superbe, un mantra dark et lancinant. CM
16. Stephen Pastel & Gavin Thomson, We Have Sex (Geographic)
On vous présente plus en détail le concept au plus vite, la musique de l’adaptation théâtrale du livre Memorial Device de David Keenan, mais pour le moment on tague un rapprochement longtemps frauduleux entre The Pastels et The Fall, il était grand temps. EG
17. Marie Madeleine, Again (autoproduction)
On dansera tout l’été avec ce tube disco wave irrésistible de l’irrésistible duo bourguignon, de retour d’une tournée US. CM
18. Mustang, Aérosol (Vietnam)
Mustang est l’un des trésors du rock français contemporain et nous sommes très heureux de les retrouver avec un nouvel album chez Vietnam. Aérosol démontre que le trio en a encore sous le pied pour pas mal d’années ! AGF
19. Juniore, Le Silence (Le Phonographe)
On ne sait jamais si on rêve quand on écoute Juniore, parce qu’on entend leur musique toujours un peu au fond, noyée dans la reverb’, comme une musique qui fend un semi sommeil, un psychédélisme sans effusion, précis et ordonné. RS
20. The Spatulas, Maya (Post Present Medium)
Un projet basé à Cambridge, Massachusetts, articulé autour de Miranda Solileau-Pratt et de membres de groupes comme Honey Bucket et The Blimp. Après plusieurs sorties digitales et une cassette parue l’an dernier, leur premier album sortira en mai prochain chez Post Present Medium. Une pop à guitares classieuses avec du grain, qui plaira aux fans du genre. VDPJ
21. Pom Poko, Champion (Bella Union)
Résolument plus pop que punk, Champion ravira les nostalgiques de Nina Persson pour la fausse candeur scandinave. Il faudra attendre le 16 août pour découvrir l’album du même nom, déjà le troisième pour les Norvégiens à qui l’on souhaite de rencontrer enfin le succès qu’ils méritent. PR
22. Neutrals, Wish You Were Here (Slumberland Records/Static Shock Records)
On avait adoré Gary Borthwick Says il y a deux ans, les Californiens reviennent en force avec une imparable chanson indie pop C86 revisitée – l’album sort le 31 mai. CM
23. Fandor, Enfin (Nemo Records)
Fandor, à la cinquantaine flamboyante, prolonge son fantasme de pop à guitares nineties à l’anglaise mais in French. Il est aussi question de transmission puisque c’est sa propre fille, Stella, qui assure des backings top MBV. La classe. RS
24. Navet Confit & Douance, Il a plu il a neigé (P572/Renegat Records)
Retour du Québécois Navet Confit avec cette noisy pop réminiscente des nineties, modèle maîtrisé à la japonaise (Cornelius), souci de l’agencement, surgissement de textures, textes francophones minimaux, un peu slacker, un peu savant. RS
25. Lightheaded, Bright Happy Girls (Slumberland Records)
Cool esthétique « DV » pour le clip de ce très joli morceau aux influences garage, jangle et indie-pop ! De très jolies harmonies. AGF
26. Program, Sparks (Anti Fade Records)
Une pop parfaite de Melbourne, rappelant à coup sûr Dick Diver, The Stevens et autres groupes d’antan de cette trempe. Après un premier album réussi en 2019, Sparks annonce un deuxième album tubesque à venir. VDPJ
27. Beachwood Sparks, Torn in Two (Curation Records)
Si ce n’est Darren, c’est donc Brent. Quelques semaines seulement après l’excellent disque de The Tyde (dont la chronique par le camarade Etienne est à lire ici), c’est au tour de Brent Rademaker d’annoncer son nouveau disque. Across The River Of Stars, le premier Beachwood Sparks depuis douze ans, se dévoile avec un Torn In Two à la candeur ravissante.
*J’encourage vivement nos lecteurs à suivre ce cher Brent sur sa page Instagram qu’il alimente régulièrement de vidéos de ses monologues. Personne ne parle de musique avec une telle pertinence et sans aucune once de fatuité. XM
28. Bernard Butler, Camber Sands (355 Recordings)
A l’heure où les seconds couteaux de la britpop profitent de la nostalgie des années 90 pour renflouer leurs caisses, d’autres, comme Bernard Butler, n’ont jamais cessé de créer, produire et composer. Vingt-cinq années se sont écoulées depuis Friends and Lovers, le dernier album de Bernard Butler, qui a annoncé fin mars la sortie de son troisième album intitulé Good Grief pour mai prochain. Espérons qu’il soit à la hauteur de ce magnifique Camber Sands, ode mélancolique aux Londoniens qui rêvent d’ailleurs. PR
29. John Canning Yates, Faraway Blues (Violette Records)
Sorti chez nos amis de Violette Records, le premier album solo du liverpuldien John Canning Yates, autrefois connu sous le nom d’Ella Guru, dévoile une pop folk alanguie, à l’image de ce Faraway Blues doux et touchant.
30. Vindilis, Tossing Coins (autoproduction)
Vindilis Waters the Flowers On His Own Grave est le premier album d’Alexis Gomart, chanteur, compositeur et producteur parisien. Neuf titres aux sonorités sixties et seventies, évoquant tantôt Pink Floyd, tantôt Donovan, toujours en allant chercher du côté folk, psychédélique. Il est rare d’entendre cette musique si bien réalisée chez nous, accompagnée de plus d’un si beau travail visuel. On guette les dates de concert avec impatience. CG
31. Côme Ranjard, Intraterrestre (Vietnam)
Intrigant single de Côme Ranjard. Une vibe très soft-rock (pas si éloigné du dernier Klaus Johann Grobe par exemple) qui accompagnerait à merveille un temps plus clément ! AGF
32. Aloa Input & Raoul Vignal, Qu’il pleuve (Inselgruppe)
Un mystère règne sur les dernières sorties d’Aloa Input, ce groupe allemand pour l’instant très confidentiel qui, via le label Inselgruppe, multiplie depuis quelques années les singles aux pochettes édulcorées. Une demi-douzaine d’entre eux affichent des featurings, dont le dernier en date, chanté par le Lyonnais Raoul Vignal. C’est très doux, très joli ; tombé du ciel. CG
33. Pascale Borel, Comme ça c’est bien (Par Ailleurs)
La moitié de Mikado a depuis longtemps éprouvé son écriture. Sa recette : une chanson débridée sans tabou, qui fait rire, pleurer, parfois rougir. Précis de mélodrame de poche, tiré de son nouvel album, Comme ça c’est bien touche en plein cœur avec sa voix toute proche, pleine d’émotions et de détachements à la fois. RS
34. Myriam Gendron, Terres brûlées (Chivi Chivi)
« Il y a dans vos ventres des loups et des volcans, il y a sur vos lèvres la morsure du vent. » Quand Myriam Gendron chante, tout est dit. CC
35. Matt Low feat. Lonny, Drôle de ciel (Bleu nuit)
Entre deux tournées avec Elysian Fields, Matt Low a trouvé le temps long de peaufiner un deuxième album à nombreux tiroirs, inactuel comme nous, élégant comme lui : les pieds nus sur la moquette on écoute des chansons merveilleuses pendant que les gosses jouent dehors. CC