Comme souvent, tout est affaire, ici, de proximité et de connections fortuites. Entre les co-auteurs de cet album, en premier lieu, mais pas uniquement. Il y a quelques mois, Daniel Wylie évoquait au cours d’une interview estivale l’imminente publication d’un album cosigné avec un certain Ian Bailey. De ce dernier, on ignorait à peu près tout : quelques maigres indices ça et là, dont un album publié avec Charlotte Newman au sein de The Lost Doves – Set Your Sight Towards The Sun, 2020. L’automne est arrivé et Songs To Dream Along To avec lui, comme annoncé. On y reconnait d’emblée la patte coutumière du leader de Cosmic Rough Riders, son sens toujours captivant de l’accroche mélodique chaleureuse. Au-delà de ces retrouvailles ponctuelles avec la familiarité d’une œuvre chère, il y a quelque chose d’immédiatement accueillant dans cette première collection de onze chansons qui semblent toutes habitées par l’esprit de ceux qui ont construit, au fil des décennies, ces improbables ponts musicaux transatlantiques entre l’Ecosse et l’Amérique. De Teenage Fanclub à Dropkick, ils peuplent tous notre Panthéon personnel qui abrite donc un nouveau venu.
Comme les plus passionnés de ses compatriotes, Bailey parvient en effet à incarner avec l’enthousiasme faussement naïf du quasi-débutant un peu du génie lointain des maîtres et qui peuplent cette terre à fantasmes : les Byrds – période The Notorious Byrds Brothers, 1968, comme il se doit – mais aussi Gerry Beckley (America) ou David Gates (Bread) pour l’exquise suavité d’une écriture enluminée par les harmonies à deux ou trois voix. Ce sont l’exigence et le sens du détail qui font ici toute la différence et préservent ces classiques potentiels, issus d’un autre âge, de toute dérive vers le pastiche réactionnaire. Les brumes automnales se dissipent instantanément au soleil californien des douze cordes tintinnabulantes qui illuminent This Is Not A Feeling ou Slow Down River. Les ballades radieuses – un registre dans lequel Bailey excelle tout particulièrement, comme en témoignent The Sound Of Her Voice ou The Best Out Of Me – pourfendent les rideaux de pluie qui balaient l’autoroute M8, quelque part entre Edimbourg et Glasgow. Pour quelques instants alors, ces popsongs quasi-parfaites aux allures faussement désuètes suffisent amplement à nous procurer quelques bribes de ce plaisir simple et communicatif qui semble habiter leurs auteurs.