Listen! est un disquaire ouvert depuis deux ans. Généraliste, pratiquant tous les prix, la boutique se démarque par une sélection composée à 95% de disques d’occasion – et de quelques rééditions de labels amis – chiné par le maitre des lieux, Thomas Pasquet. Collectionneur et créateur du défunt site frenchattack.com, il a fait découvrir pendant plus de quinze ans les disques les plus improbables de l’hexagone. La sélection et le concept de la boutique est à son image : tel un chef qui va composer son menu en fonction de ce qu’il trouve au marché, Listen! proposera des arrivages au gré de ses pérégrinations aux quatre coins de la France mais aussi au Japon, où il se rend plusieurs fois par ans. On l’aura compris, dans ce petit écrin boisé du onzième arrondissement, on chine des disques précieux, allant du krautrock au synth, en passant par le jazz, le brésilien, l’afro et la soul. Un passage indispensable, à placer dans sa quête du groove parfait à Paris, entre Betino’s, Superfly et Le Souffle Continu.
Listen!, 43 rue de la Folie Méricourt, Paris 11ème. Et aussi sur leur site, ou leur page facebook et instagram.
Tous les articles de la série Première Nécessité (un disquaire par jour) sont visibles ici.
01. Nuts & Co, Kangourou (FLVM 1982)
Réalisé sur la structure FLVM (qui permettait aux artistes non signés de sortir des vinyles à titre privé), voici un disque qui coche toutes les cases du disque culte : pressage confidentiel, pochette noir et blanche qui intrigue, et musicalement une œuvre fragile et bancale réalisé au fond de la Bretagne, entre post punk mélancolique chanté en Allemand et ambient hypnotique trafiquée dans le garage. On a récupéré et on propose donc le stock d’origine grâce aux copains du label Waving Hands, qui sont en contact avec le créateur du disque. Merci à eux ! (NDLR, le disque a également été réédité par Camisole Records)
02. Steve Potts, Musique Pour le film d’un ami (Un Deux Trois 1975 / Le Souffle Continu 2020)
Steve Potts fait partie de ces nombreux jazzmen américains qui ont fui la ségrégation raciale et voulu découvrir cet eldorado contre-culturel qu’était alors l’Europe à la fin des années 60. Contrairement à Miles Davis, il n’est jamais reparti. Écumant les milieux underground parisiens, le saxophoniste a joué et enregistré avec le gratin de la scène jazz de l’époque, tendance free / new music. Son premier album solo, destiné à illustrer le film d’un ami, est un brillant mélange de jazz groovy et d’influence locale, et transpire la création fiévreuse et libéré de l’époque. L’original est rarissime, mais le label parisien Le Souffle Continu vient de le rééditer.
03. Jacky Giordano, Philopsis (Freesound 1975 / Listen Record Store – Diggers Digest 2019)
Un disque que nous avons réédité l’année dernière. Une pièce très recherché d’illustration sonore réalisé par le regretté Jacky Giordano. Un anti héros roublard comme on les aime, maître des claviers et des synthétiseurs qui inspire de nos jours nombre d’artistes voulant retrouver ce mélange de professionnalisme de studio et de créativité artisanale à tout crin. Il nous reste quelques copies en stock, dépêchez-vous…
04. World Standard, World Standard (Non Standard, 1985)
Étrangement, il nous reste encore une copie de ce disque à la boutique. Réalisé par Haruomi Hosono, membre du trio Yellow Magic Orchestra, on retrouve chez cet éphémère duo cette touchante (fausse ?) naïveté typique des disques japonais de l’époque, cette appétence pour les musiques ethniques et l’efficacité imparable de la production.
05. Hozan Yamamoto, Silver World (Philips 1971)
Le jazz japonais est devenu extrêmement hip ces dernières années, les prix augmentent et les disques disparaissent à grande vitesse. Ce chef d’œuvre encore relativement abordable est une parfaite entrée en matière. On y retrouve le regretté Gary Peacock à la basse, et le monument national Hozan Yamamoto, grand maitre du Shakuhachi, la flute de bambou traditionnelle japonaise. Orient et occident sont ici parfaitement mariés.
06. Nino Ferrer, Le Sud (CBS 1974)
Pressage tardif (et donc moins couteux !) de l’excellent Nino Et Radiah, album soul pop magnifique ou Nino est comme d’habitude bien entouré : Claude Engel, Marc Chantereau… et le groupe ICE, a.k.a Lafayette Afro Rock Band.
07. Abdo, Salma (Odeon 1974)
Une des nombreuses bonnes pioches d’une incroyable collection de musique arabe acquise récemment. Fusion de la musique egyptienne traditionnelle et de la modernité incarnée par le groupe jazz funk suédois Solar Plexus. Dernière copie !
08. Chene Noir, Orphée 2000 (Chêne Noir Disques 1976 / Heavenly Sweetness 2020)
Une troupe de théâtre avignonnaise qui était aussi un groupe de jazz expérimental. Un peu comme Brigitte Fontaine et le Art Ensemble mais en plus doux et mélodieux.
09. Jean-Claude Vannier, L’Enfant Assassin Des Mouches (Suzelle 1972 / Finders Keepers 2005)
On essaye d’avoir toujours quelques copies de cette réédition en rayon. L’album solo mythique du metteur en son de Melody Nelson. Jarvis Cocker ne vous le recommandera jamais assez.
10. Jean-Michel Jarre, La Cage / Eros Machine (EMI Pathé Marconi 1971)
Avant d’ambiancer la Chine avec ses méga concerts et d’être une institution, le jeune Jean-Michel triturait seul ses machines sonores dans son labo du GRM, accouchant dans l’indifférence générale de cette merveille électro-acoustique, précurseur lointain du post rock. Une des références fameuses d’un lot de disques EMI chiné il y a plus de dix ans.