Cindy, 1:2 (Tough Love Records / Paisley Shirt Recordings / Mount Saint Mountain)

CindyOctobre 2021. Un échange de regards à la billetterie de l’International, un concert qui se prolonge en after, un baiser, une demoiselle qui monte dans mon Uber et… range les épices de mon tiroir, une nuit de sommeil, deux pains au chocolat partagés puis… plus rien. Cœur d’artichaut plus vraiment arrosé depuis quelques mois, je sais que mon moral des deux-trois prochains jours ne sera pas des plus réjouissants. D’autant plus que j’enchaîne cette soirée terminée sur les coups de l’heure à laquelle je me réveille quand je vais à la fac par un shift au vestiaire de la salle/club suscitée, shift qui lui aussi se termine à l’heure à laquelle je me réveille quand je vais à la fac. Par chance, 1:2, dernier album de Cindy en date – après Cindy en 2018 et Free Advice en 2020 – vient d’atterrir sur Spotify.

Cindy
Cindy

Décembre 2021. En ces temps où la seasonal depression ne cesse de toquer à nos portes, où la nuit tombe à l’heure où vous engloutissez votre goûter trop gras et trop sucré et où les Gilets Jaunes ont enfin un variant rimant avec leurs slogans favoris, il fait bon de se plonger dans un petit bijou tel que 1:2. Car la musique de Karina Gill (celle qui se cache majoritairement derrière Cindy) est un peu comme la vie en hiver. Mélancolique à souhait – ce ne sont pas Deer In Japan ou They Say What I Mean qui viendront dire le contraire – et jamais très diversifiée – chaque morceau ressemble un peu au précédent, qui ressemble au précédent, qui ressemble au précédent… –, chacune de ses pistes semble éclairée d’une lumière pâle, comme si ses sonorités traversaient un léger brouillard avant d’atteindre nos pavillons auriculaires. Et même lorsque 1:2 tente d’insuffler une touche de “gaieté”, ou du moins d’énergie un minimum palpable, dans sa tracklist Party Store, 1:2 –, le sentiment final reste semblable : on se sait pas s’il faut courber le sourire ou laisser couler quelques larmes. Et pourtant.

Et pourtant, on se noie avec bonheur dans ce sablier de poudreuse qui s’écoule au ralenti, lui qui s’évertue à ne jamais dépasser la barre fatidique des cent BPM. On tombe en état d’hibernation, bercé par ces synthés molletonnés comme les plaids de votre grand-mère, eux qui semblent provenir de ces claviers en plastique trouvés au rayon jouets du Leclerc de Larmor-Plage en période de Noël ; par ces guitares spectrales qui prouvent que ne pas savoir faire un G7b5(#9) n’empêche aucunement de donner naissance à de touchants morceaux ; ou bien par cette voix tremblotante, jamais totalement assurée mais pourtant si soyeuse. 1:2 n’est finalement rien de plus, rien de moins, qu’un écrin de mélopées dont la fragilité est contagieuse et qui accompagneront à merveille ces moments où les feuilles givrées craquent sous la semelle de vos Doc Martens et où votre activité favorite se résume à attraper les flocons avec votre langue sortie d’un masque – une envie se voyant exacerbée par Sincere Sound. Jamais l’ennui n’a semblé aussi attrayant qu’au cours de cette demi-heure à écouter dans votre plus confortable canapé, bol de chocolat chaud – fait maison, évidemment – à la main. Peut-être pas le disque de l’année, mais je ne serais pas mécontent de le retrouver sous mon sapin.


1:2 par Cindy est sorti chez Tough Love Records, Mount Saint Mountain et Paisley Shirt Recordings.

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