Après NOVEL, EP de 8 morceaux, paru en 2019 chez Flemish Eye/Meat Machine, Le groupe/collectif canadien N0V3L publie enfin son véritable premier album, Non-Fiction (Meat Machine). Le groupe, issu de la riche scène de la Colombie Britannique / Vancouver partage plusieurs membres (Bryce Cloghesy, Jon Varley et Noah Varley) avec Crack Cloud. Si les deux formations embrassaient, à leurs débuts, cette même appétence pour un post-punk désarticulé, leurs destins semblent s’être éloignés avec la sortie de leurs albums respectifs. Pain Olympics était une tentative, pas toujours réussie, de s’écarter de cette matière première, tandis que Non-Fiction en revendique la filiation à travers tout son être. Continuer la lecture de « N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine) »
Catégorie : chronique nouveauté
Catégories chronique nouveauté
Helvetia, Essential Aliens (Joyful Noise Recordings)
C’est suite à la dissolution de Duster, trio devenu emblématique du mouvement slowcore – Stratosphère, paru en 1998, en est un incontournable –, que Jason Albertini, son batteur, donne naissance à son projet personnel, Helvetia. Nous sommes en 2001, à Seattle, et le jeune homme va permettre, sans doute bien plus qu’il ne l’imagine alors, à l’esprit Duster de perdurer. La compilation Gladness (2001-2006), fenêtre ouverte sur ses premières expérimentations en solitaire, regorge de ces diamants bruts, lourds de mélancolie, que Duster avait déjà colportés durant les trois années de sa courte existence. Un témoignage du talent de celui qui, à l’évidence, insufflait bien plus que le rythme dans cette formation. Continuer la lecture de « Helvetia, Essential Aliens (Joyful Noise Recordings) »
Catégories chronique nouveauté
Léa Jacta Est, Les films pour adultes (autoproduction)
« Séléné, tu es si renversante que je suis à jamais renversée d’avoir aperçu la peau de ton ventre »
C’est marrant, parfois il y a collision. Je lisais l’entretien d’Arnaud Viviant pour le webzine Benzine : l’ancien journaliste de Libération y propose le top de ses albums préférés. S’y trouve une chanteuse qui m’était inconnue : Alexandra Roos. Je découvre hébété, c’est tout l’intérêt inépuisable de ces tops en pagaille dont je raffole, cette chanson d’alt rock – comme on dirait dans les rédactions de magazines rock – et sa poésie lyrique et crue : Prends-moi, à prendre justement au sens littéral du terme. S’en dégage une atmosphère exempt d’humour ou de second degré. Continuer la lecture de « Léa Jacta Est, Les films pour adultes (autoproduction) »
Catégories chronique nouveauté
Micky Dolenz, Dolenz sings Nesmith (7A Records)
Il n’y a jamais eu énormément de solutions musicales envisageables à la question délicate et cruciale du vieillissement. Quelle figure acceptable peut-on continuer à présenter de soi-même lorsqu’il s’agit de conclure, bientôt, et de surcroît dans un registre – celui de la pop – particulièrement attaché aux sources de ses mythologies adolescentes fondatrices ? Avec le temps, un modèle de référence semble parfois avoir fini par émerger pour demeurer tout en renonçant. Celui élaboré entre 1994 et 2003 au travers des collaborations successives entre Johnny Cash et Rick Rubin s’est ainsi largement imposé depuis presque trois décennies. Continuer la lecture de « Micky Dolenz, Dolenz sings Nesmith (7A Records) »
Catégories chronique nouveauté
Lou Barlow, Reason To Live (Joyful Noise Recordings)
Il y a environ trente ans, nous guettions le génie de Lou Barlow plus qu’à son tour. Et absolument partout, il faut bien dire que nous ne fûmes pas à plaindre. De Sebadoh en Sentridoh en Folk Implosion, chaque sortie du chevelu nous mettait dans un état de grâce et d’excitation à peu près absolu. Car Lou Barlow n’enregistrait pas simplement des chansons avec les moyens du bord, il avait en plus le culot de mettre à jour notre journal intime. Quand il ne balançait pas au débotté une série parfaite de morceaux intouchables (Winning Losers chez Smells Like Records en 1994), il avait la bonté d’offrir ce qu’on peinera à appeler ses rebuts à des labels obscurs, dont certains étaient même tenus par des amis proches (Louis Barlow’s Acoustic Sentridoh, Lo Fi recordings, 1993), le tout compilé sur A Collection of Previously Released Songs, paru chez City Slang en 1994, mais pas désagréable en sachets individuels nonobstant. Continuer la lecture de « Lou Barlow, Reason To Live (Joyful Noise Recordings) »
Catégories chronique nouveauté
KCIDY, Les Gens Heureux (Vietnam)
L’histoire de KCIDY et celle de Section26 se croisent décidément souvent. En décembre 2019, nous organisions un concert à feu l’Espace B au lendemain de l’annonce de sa signature sur le label Vietnam (H-Burns, O, Chevalrex). Passée par Tôle Froide, membre de Satellite Jockey, la musicienne lyonnaise Pauline Le Caignec construit patiemment une solide discographie en solo. Après un premier album chez AB Records en 2017, elle publie, deux ans plus tard, Kcidy a dit, un passionnant projet collectif accompagné de la salle de spectacle du Confort Moderne. Les Gens Heureux, nouvel album de l’intéressée, prouve qu’il est encore possible de découvrir de la musique selon le rite immémorial d’un passage chez le disquaire. Continuer la lecture de « KCIDY, Les Gens Heureux (Vietnam) »
Catégories chronique nouveauté
Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !)
Ce n’est pas tous les jours qu’on se reconnecte à soi au détour d’un disque. Même si l’on a pris l’habitude de vivre avec les versions successives de soi-même, la superposition reste, la plupart du temps, un peu cloisonnée. Comme pour tout le monde, l’adolescence a façonné nos goûts de façon déterminante mais trop de choses ont changé pour que la continuité demeure autrement que sous la forme résiduelle de la nostalgie attendrie. Réécouter les albums qui ont nourri ces premières passions, procure généralement la même impression que la contemplation des photos d’enfance : les traits sont les mêmes, bien sûr, mais le temps a laissé des traces et de l’usure, y compris dans ces chansons favorites que l’on aurait aimé préserver pour toujours. On peut les retrouver, les apprécier parfois, mais combien de fois avec une fraction significative de l’enthousiasme initiale, sincèrement ? Le souvenir des premières découvertes est quasiment devenu plus précieux que le support musical lui-même, dont la fréquentation s’avère même cruelle, de temps en temps. Et quand quelques jalons se révèlent, en apparence, inaltérables, c’est qu’ils sont devenus, au fils des ans, les compagnons et les support d’interprétations nouvelles et différentes : ce sont les mêmes œuvres, évidemment, mais dont le temps a transformé l’écoute et le sens que l’on en retire, rendant la continuité largement illusoire. Continuer la lecture de « Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !) »
Catégories chronique nouveauté
Charles, Let’s Start A Family Tonight (Babe City Records)
Les grands artistes (1) ont un avantage indéniable sur le commun des mortels. Quand bien même on les détesterait – pour de bonnes ou de mauvaises raisons, là n’est pas la question -, il arrive souvent qu’on leur rende de curieux hommages, parfois même inconsciemment. Si Ariel Pink n’est crédité que sur quatre morceaux pour sa contribution à la basse et à la guitare, on sent bien qu’il a inspiré très largement le disque de son ex, Charlotte Ercoli Coe. Certes, on l’entend pousser des hurlements sur The Offended Olympics (si ce n’est lui, c’est donc son frère) avec une ironie qui ne manque pas de piquant, Fallogentrismo ressemble étonnamment à The Bottom, Rex Harrison partage une partie du refrain de Kitchen Witch qu’elle avait par ailleurs coécrite. On retrouve aussi un goût pour l’ambivalence, le travestissement, un jeu sur l’identité masculine et féminine dont aime jouer le Californien. Mais surtout, il y a cette production typique, tissée dans le coton des rêves, qui a infusé depuis quinze ans la musique pop des artistes lo-fi de Los Angeles en premier lieu pour se répandre un peu partout. Continuer la lecture de « Charles, Let’s Start A Family Tonight (Babe City Records) »