C’est Michel qui a envoyé le message à la fin du mois de septembre : “Réservez votre soirée du 9 novembre”. Je n’ai compris qu’un peu plus tard qu’il parlait de l’année 2022. Car ce soir-là, dans la ville à côté de laquelle Hervé, Michel et moi vivons (mais pas ensemble) montera sur la scène de La Coopérative de Mai un groupe pas tout à fait comme les autres.
Pour certains adolescents des années 1980, Echo & the Bunnymen, ça a été quelque chose. Parce que parmi les groupes dont nous nous sommes entichés mes amis (mais ce n’était pas encore Michel et Hervé, c’était Laurent, Gilles, Thierry, puis Giuseppe, Vincent, Bruno, Christophe…) et moi, il a toujours eu une aura un peu différente. Sans doute parce que chacun d’entre nous aurait bien aimé ressembler à l’un de ces musiciens qui avaient tous une classe folle – même si le chanteur avait un don certain pour toujours choisir des chaussures un peu ridicules ; sans doute parce que ce groupe n’est jamais devenu aussi populaire que d’autres groupes que nous chérissions alors (et que oui, c’est vrai, nous chérissons toujours) et que nous avions donc un peu l’impression d’être des privilégiés ; sans doute parce qu’il y a eu ce concert diffusé aux Enfants du Rock, ce concert du 18 juillet 1983 au Royal Albert Hall de Londres ; sans doute parce que c’est ce soir-là, devant la télé, qu’on a entendu pour la première fois l’une de ces chansons dont on a su tout de suite qu’on ne se lasserait jamais (même après avoir été massacrée par Pavement), une chanson dont même le titre est parfait : The Killing Moon. Sans doute parce qu’on trouvait les interviews de Ian McCulloch, grande gueule du nord à l’humour décapant et au second degré enivrant, aussi drôles que géniales ; sans doute parce qu’il y a eu ce concert merveilleux au Grand Rex, à l’automne 1987 je crois ; sans doute parce que ça été le premier groupe de cette génération-là à publier une compilation de singles, Songs To Learn And Sing, et que toutes les chansons choisies étaient géniales ; sans doute parce qu’il y a eu la tristesse immense à l’annonce du décès soudain du batteur Pete De Freitas – et que pour la première fois, un musicien d’un groupe qu’on adorait disparaissait… Des années plus tard, grâce à la RPM, j’ai croisé la route de Ian McCulloch. Les Bunnymen (dans le petit monde de l’entre soi, c’est souvent comme cela qu’on les appelait, les Bunnymen) s’étaient reformés quelques années plus tôt avec plus ou moins de bonheur (je n’aime pas les reformations en général, mais je crois quand même que Nothing Lasts Forever reste l’une des plus belles compositions du groupe) et allaient alors réaliser un nouvel album. Nous avions décidé d’organiser un blind-test pour l’occasion. C’était en fin de matinée, dans un café du 9e arrondissement. Robert était le DJ, moi, je relançais quand nécessaire. Surtout, je crois que nous avions passé beaucoup de temps à étouffer les rires qui nous envahissaient à chaque fois que McCulloch se laissait aller à l’une de ses occupations favorites : dire du mal de ses pairs – et surtout de ceux qu’il aimait bien. C’était en 2001, il y a vingt ans environ. Et ça s’était passé à peu près comme cela.
Si d’ordinaire les reformations débouchent sur des disques frôlant le pathétique, celle d’Echo & The Bunymmen, voilà quatre ans maintenant, fut bien l’exception qui confirme la règle. Avec un bel album, Evergreen (1997) et un single fédérateur, Nothing Lasts Forever, le playboy-crooner Ian McCulloch, le guitariste Will Sergeant et le bassiste Les Pattinson renouaient avec une superbe qui ne leur avait jamais fait défaut tout au long des années 1980. Malheureusement, la suite ne fut pas à la hauteur et un disque bâclé, What Are You Going To Do With Your Life? (1999), aurait pu sonner le glas du groupe de Liverpool. Remerciés par leur label, lâchés par leur bassiste, McCulloch et Sergeant n’en ont pas pour autant jeté l’éponge. Et reviennent même aujourd’hui avec un album efficace et sans fioriture, Flowers (2001), où le tandem assume totalement ses marottes – Doors et Velvet en tête. Pour ne rien gâter, avec l’aide de quelques disques et entre deux bouchées de pizza, le toujours charismatique et très grande gueule McCulloch manie toujours l’humour à des degrés insoupçonnés et prouve qu’il est encore maître dans l’art du boniment.
Interview Christophe Basterra – DJ Robert Alves
SHACK, Al’s Vacation
(Grâce à la voix.) Shack ! Mais ce n’est pas l’une des meilleures chansons de Mick Head. Enfin, le morceau n’est pas mal quand même… De toutes façons, pour plein de raisons, j’ai toujours préféré The Pale Fountains, qui ont été un groupe mésestimé, mis à part en France je crois. Cela dit, j’étais content que Shack obtienne un certain succès en Angleterre, il y a deux ans.
Ça ne les a pas empêchés de se faire virer par leur label London, qui vous a également remerciés après deux albums.
À moins que ce soit vous qui soyez partis ?
(Sourire.) C’était un peu des deux. Pour moi, le deuxième album des Bunnymen sur London, What Are You Going To Do With Your Life?, est sans doute l’un des meilleurs que nous ayons enregistrés… Et ces deux derniers mois, j’ai été interviewé par des journalistes, des fans en plus, qui ne savaient même pas qu’il y avait eu un disque après Evergreen. Ce qui en dit long sur le boulot de London. La personne qui s’occupait de nous à l’origine est partie pour manager… Elton John. (Sourire.) Après son départ, plus personne ne nous portait d’intérêt. Alors, ils nous ont fait comprendre que c’était peut-être mieux de partir. On n’a eu aucun problème pour trouver un autre label. Le mec de Cooking Vinyl a contacté Will. Personnellement, je n’étais pas sûr que de choisir une structure indie soit la meilleure solution mais aujourd’hui, je dois avouer que c’est bien mieux. J’ai longtemps pensé que j’étais le plus futé, mais j’ai tout de même mis vingt ans à réaliser qu’un label indépendant pouvait être bien. Les Bunnymen ont toujours été un groupe de réputation mondiale, pourtant, nous n’avons joué en Australie qu’une seule fois. Nous n’avons jamais tourné régulièrement en Scandinavie, en Espagne ou en Italie. Dans les années 1980, notre label se satisfaisait de bien vendre aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, en Hollande et au Japon. Les tournées européennes étaient toutes identiques : Paris, Bruxelles, Amsterdam, Hambourg. Et voilà. Là, rien que pour la promo, je suis déjà allé à Oslo, Stockholm, Lisbonne, Barcelone, où je n’étais pas retourné depuis plus de dix ans. À moins d’être Madonna, les majors arrivent quand même à rendre le monde plus petit…
YOUNG HOLT UNLIMITED, Light My Fire
(Il chantonne.) C’est la version de Shirley Bassey ? Qui est-ce ? Je ne les connais pas. J’aime beaucoup… Vous, les Français, vous connaissez vraiment les trucs les plus obscurs ! Ils auraient sans doute pu faire une bonne version de The Killing Moon… C’est un disque rare ? C’était vraiment bien en tout cas…
Les Doors ont souvent été cités comme l’une de vos principales influences, mais cela faisait longtemps que vous ne l’aviez pas autant revendiqué…
Je crois même que c’est la première fois qu’elle est aussi évidente. J’ai toujours compris que l’on puisse comparer les deux voix, mais rarement la musique. On créait sans doute le même genre d’atmosphères. Rescue était peut-être l’exception et comme c’était notre second single… Les Doors, on les entend surtout sur King Of Kings, le premier morceau de Flowers… Mais je n’y célèbre pas pour autant le Roi Lézard. Sincèrement : qui aurait envie de célébrer un lézard ?! On entend aussi pas mal le Velvet Underground sur l’album. En fait, c’est vraiment le premier disque sur lequel nos influences sont à ce point mises en avant. Et j’aime bien ça. Par le passé, on se refusait à faire des choses trop évidentes : “Non, non, c’est trop Doors, on ne peut pas…”
EDWYN COLLINS & PAUL QUINN, Pale Blue Eyes
(Immédiatement.) De qui est cette version ? C’est celle du Live 69 ? (Il chante en se moquant.) C’est Bobby Gillespie ? (Il regarde la pochette.) Oh, Paul ! Il avait un visage de taré, ce type. Il avait un côté Jacques Brel. J’ai toujours trouvé qu’il avait été surestimé comme chanteur. Entre nous, tu ne peux pas chanter comme ça : “…Don’t feel so saaaaaaaaaaaaad”. De toute façon, l’originale est tellement superbe. J’avais fait une reprise avec Roddy Frame (ndlr. ancien leader d’Aztec Camera) lors d’un concert des Cocteau Twins à la Brixton Academy. Ils avaient demandé à quelques-uns de leurs amis de venir, sans nous payer bien sûr – ils ont toujours été avares, il faut le savoir… Et l’on avait fait une version de vingt-cinq minutes de Pale Blue Eyes. Elle était plutôt pas mal. Il y a un morceau sur Flowers qui rappelle Sweet Jane, mais ce ne sont pas les mêmes accords. Hey, Lou, si tu lis ce journal, je préfère te prévenir que sur mon prochain album solo, il y a aussi deux ou trois Sweet Jane ! De toute façon, Lou Reed a toujours été crédité pour avoir inventé ce riff, mais si tu fais attention, il n’est pas très éloigné de celui de Love Minus Zero de Bob Dylan.
NIRVANA, The Man Who Sold The World
(Dès l’intro.) Nirvana, sur l’album Unplugged. (Il chante.) J’adore Nirvana et ce disque est fantastique. La version de All Apologies est incroyable. Il y a une chanson de Kurt Cobain qui ressemble carrément à Read It In Books. C’est sans doute l’influence de Courtney Love. Mais je m’en fous… C’est vraiment triste ce qui est arrivé. Nirvana avait quelque chose de spécial. Kurt Cobain avait une allure fantastique : Jésus-Christ en blue jeans, il fallait y penser quand même…
ELECTRAFIXION, Too Far Gone
(Il hésite.) Je connais cette chanson… Je croyais que c’était The Killing Moon. (Il attend.) Ouaouh, ce morceau est un classique, laissez-le un peu… Quel en est le titre déjà ?
Pourquoi, quand tu as décidé de travailler à nouveau avec Will Sergeant, avoir pris le nom d’Electrafixion et non pas celui d’Echo & The Bunnymen ?
Will était plutôt pour mais moi, je n’étais pas prêt. Et surtout, Les Pattinson et lui avaient gardé le nom après mon départ et je voulais le leur faire payer en quelque sorte. J’en ai été bon pour deux années de tortures avec Electrafixion… On a livré de bons concerts mais la musique était un peu trop “heerrrrrrm”. Et parfois, j’aime bien chanter de vraies mélodies. Mais c’était une étape importante avant de reformer les Bunnymen, ce que nous avons fait au bon moment : le single Nothing Lasts Forever qui rentre directement dans le Top 10, c’était le scénario parfait. Mais je savais qu’avec cette chanson-là, on allait réussir. J’avais commencé à écrire ce morceau des années auparavant, alors que j’étais en solo, j’avais cette suite d’accords… J’étais content de goûter à nouveau au succès. Surtout après Electrafixion, où nous n’avions jamais eu ce genre de titres qui auraient pu nous permettre de retrouver les charts.
BOB DYLAN, I Threw It All Away
Lay Lady Lay ? Non ?? Mais, c’est la même chanson ! Plus sérieusement, c’est juste fantastique. Ce type a inventé une nouvelle façon de chanter. On a repris It’s All Over Now Baby Blue pour un disque que l’on a vendu sur Internet… Un journaliste du Guardian a écrit que c’était l’une des plus tristes interprétations jamais faites ! Dylan est un grand. Ce n’est pas l’un de ses meilleurs morceaux et pourtant, c’est merveilleux… Si les gens écoutaient tous ces trucs, il y aurait peut-être moins de merde dans les charts. J’ai ce projet de devenir Premier Ministre, ou au moins Ministre de la Musique et des Groupes : je bannirai tous les groupes actuels et les mômes ne pourraient plus écouter que les grands, Hendrix, le Velvet, Dylan.
LIGHTNING SEEDS, All I Want
(Il hésite.) S’il vous plaît, dites-moi que ce n’est pas Echo & The Bunnymen ! Oh, The Lightning Seeds, qui sonnent comme du Bunnymen ! Ian Broudie va produire quelques morceaux de mon prochain album solo. On a recommencé à se parler, on est à nouveau amis après s’être ignoré pendant dix ans. Ce morceau n’était pas mal, mais je suis sûr que c’est une chute de studio de Porcupine sur laquelle il a mis sa voix : bien joué, mon vieux nouvel ami !
Pourquoi avoir produit Flowers vous-mêmes ?
On sait ce que l’on veut maintenant. Notre son n’est pas difficile à obtenir. Si on avait voulu enregistrer un album destiné à vendre cinq millions d’exemplaires aux États-Unis, ce dont nous n’avons rien à foutre, on aurait fait appel à un type avec une barbe. Mais sans moustache !
PAVEMENT, The Killing Moon
Je crois que je connais la chanson… C’est nous ? C’est difficile à savoir de nos jours… (Sourire.) Radiohead ? Pavement ! Je n’ai entendu cette reprise qu’une fois auparavant, mais je me souviens qu’ils ont pris quelques libertés. Je les ai rencontrés dans un hôtel à Londres, je suis allé dans leur chambre et ils me l’ont fait écouter. Tout ce que j’ai trouvé à dire, c’est : “Fantastique !” Mais le chant… (Il écoute.) C’est “fate” et pas “face”, espèce d’andouille ! Bon, ça suffit. Au moins, les groupes américains ont revendiqué les Bunnymen comme influence ou ont reconnu qu’on était un de leurs groupes favoris. Ce qui n’est pas le cas des Britanniques, même ceux qui sonnent comme nous. Alors, c’est cool de la part de Pavement, Courtney Love, The Flaming Lips… Au début, j’ai reconnu beaucoup des Bunnymen dans Radiohead, mais ils n’ont jamais rien dit. Les groupes anglais sont tellement prétentieux… Quand nous avons commencé, je citais régulièrement six noms : Bowie, Lou, Iggy, Lennon et Abba. Heu, en fait, ça fait cinq… Je connais bien Mani des Stone Roses et il me disait toujours : “Les Bunnymen, mec, ça c’était un groupe. Sans les Bunnymen, il n’y aurait jamais eu les Stone Roses…” Et quand tu lisais les interviews à l’époque, ils répondaient toujours : “Ouais, on adore Sly & The Family Stone…” En Amérique, ils ont toujours été plus honnêtes. C’est pour ça que Neil Young est toujours aussi populaire : Kurt Cobain a reconnu que c’était lui le Parrain. Si le grunge avait été un phénomène anglais, je suppose que tout le monde aurait cité Sly & The Family Stone comme influence majeure.
DOVES, Here It Comes
J’aime beaucoup cette chanson. Ça me rappelle les Clash quelque part. Vous pouvez laisser un peu ? Superbes accords. Bon, dommage qu’il y ait un barbu dans le groupe ! J’écoute rarement des nouveautés. Je suis incapable de te citer des noms hype. Le dernier disque que j’ai acheté, ce doit être un Sinatra. J’adore le single de Ash, Shining Light, mais j’ai toujours aimé ce groupe, qui est très sous-estimé, comme Supergrass d’ailleurs. À chaque fois que Ash et Supergrass sortent un disque, tu as l’impression qu’il s’agit d’un nouvel artiste. Ils devraient être plus populaires. Quoi d’autres… J’ai l’impression que maintenant, les gens entrent dans un supermarché, achètent le disque de Coldplay, sans doute un album de Travis s’ils ne l’ont pas encore et dans ce cas-là, ils en achètent dix exemplaires… Je trouve Coldplay pas mal, et Travis sont des mecs gentils, ce n’est pas de leur faute s’ils ne sont pas Iggy Pop. Les pop stars d’aujourd’hui doivent ressembler à ton voisin de palier et je n’aurais jamais imaginé que cela pourrait arriver un jour. C’est pour cela que Liam Gallagher était très fort à un moment, car c’était LE mec, même si Oasis n’a jamais été le meilleur groupe du monde… C’était un rocker. Et tu as besoin de types comme ça. Sincèrement, tu n’as pas envie que ta mère aille au Tesco du coin et revienne avec un disque de Coldplay, même si les chansons sont bien. Pour un Coldplay, tu as besoin d’un Iggy Pop ou d’un Jimi Hendrix. Et plus personne ne joue ce rôle aujourd’hui.
RADIOHEAD, Idioteque
(Il fait la moue.) C’est quoi, Goldie ? Bien jolie musique, les gars… C’est Glide, le projet solo de Will ? Qu’est-ce que cette chose ?! Oh, Radiohead… Un morceau de Kid A ? Il doit y avoir une blague quelque part. (Le chant arrive.) Non, non, non… J’aimerais bien savoir si vous avez acheté ça juste pour me le passer et qu’on rigole ensemble ou si c’est un disque à vous ! Il faut qu’il perde sa tête et qu’il en trouve une autre, qui soit humaine. Avec tout l’argent qu’il a gagné, il faut qu’il aille directement se faire opérer. Il est cool, mais bon… Si tu lis ça, excuse-moi Thom. The Bends était un album exceptionnel. Mais des fois, ça fait du bien d’introduire quelques gags dans sa musique… Lou Reed était un bâtard misérable, mais au moins il poignardait ses potes. Si tu veux paraitre aussi misérable, il faut avoir un couteau sur toi. Et le problème de Thom, c’est qu’il ne ferait pas de mal à une mouche.
THE WILD SWANS, Enchanted
C’est quoi ce pompage d’Arthur Lee… (Il chante comme le leader de Love.) C’est Love ? Un de mes contemporains ? Ce n’est pas Pete Wylie (ndlr. leader de Wah!, autre groupe de Liverpool né à la fin des années 1970), ça, c’est une certitude. (La voix arrive.) C’est ce bon vieux Mozzer ?! Mais c’est quoi, ce truc, vous y croyez, vous ?!! Il chante à l’envers ou quoi ?! Attendez, attendez… Ce ne serait pas The Wild Swans ? C’est l’un de mes meilleurs amis qui chante : Paul, je suis désolé, mais c’est vraiment nul ! Il fait des trucs bien meilleurs maintenant. Parce qu’il ne chante plus… (Rires.) Paul est vraiment un chic type. Certains pensent que la fin des années 1970 était une période cool, mais ça a toujours été nul. En fait, c’était déjà la même chose qu’aujourd’hui. À l’époque, on chantait des conneries, on se mettait du mascara. Maintenant, ils portent des bonnets de laine, ont de la barbe, mais écrivent toujours des conneries…
NEW ORDER, Atmosphere (live)
Phil Collins !? Les Bunnymen !? New Order ! J’adore. Joy Division était un groupe fantastique, Ian Curtis était… le Mr Bean du rock ! (Rires.) Quand ils ont décidé de continuer, tout le monde a douté d’eux : “Hum, vous allez vraiment poursuivre sans votre chanteur…” Ces mecs-là ont quand même réussi à faire deux groupes extraordinaires, tout en étant originaire de Manchester, une ville où il n’y a rien. Barney, Hooky, Steve et Gillian sont fous. Je ne dirai pas de mal sur New Order parce que je n’ai rien à dire de mal… Mis à part que ça ressemble à Phil Collins… C’était une blague, je savais qui c’était dès le début du morceau. Quoique, à un moment, j’ai cru que c’était Pete De Freitas qui jouait (ndlr. le batteur des Bunnymen, tragiquement décédé en 1989 dans un accident de la route.) Je suis sûr que le prochain New Order sera extraordinaire parce que Barney s’y connaît en mélodies. Ce groupe a changé le visage de la musique en Grande-Bretagne. Sans lui, il n’y aurait peut-être pas eu de raves… Toute la scène dance anglaise est peu ou prou liée à New Order. Si le groupe avait touché un pour cent sur tous les disques qui sonnaient comme les siens, ces quatre-là seraient encore plus millionnaires qu’ils ne le sont déjà !
Tu n’as jamais été intéressé par la musique électronique, même si tu as collaboré avec 808 State ?
Ce sont eux qui m’avaient demandé de chanter sur un morceau, Moses… C’était bizarre parce que je devais essayer de faire une chanson d’après un truc qui n’en était pas vraiment une. En dance, je n’aime que les trucs qui tapent, pas les bidouillages électroniques. Il faut que ça soit puissant. J’ai pris un jour de l’ecsta sans le savoir, quelqu’un m’en avait mis dans mon verre… J’étais à la Loco, à Paris, et je suis resté assis dans un divan pendant au moins vingt-cinq heures : grand souvenir !
BELLE & SEBASTIAN, Dogs On Wheels
Est-ce que vous pouvez remettre le disque au début ? Pourquoi ont-ils décidé de foutre ces trucs en intro ?! (Il fait la grimace.) Oh, le texte ! Pourtant, il est simple d’écrire : il suffit d’un stylo et d’un bout de papier, tu marques ce qui te passe par la tête et quand tu relis ce genre de conneries, tu sais qu’il faut tout effacer… Ce ne serait pas Belle & Sebastian ? Bon, allez, on arrête… Il paraît que Stuart Murdoch veut coécrire un morceau avec moi. J’ai écouté des trucs de son groupe qui m’ont plu. Mais ce morceau est vraiment pathétique, non ? Ah, ce légendaire Stuart… Cela étant, Jeepster est un label cool, c’est pour cela que j’ai signé avec eux pour mon prochain disque solo. J’aime beaucoup le boss : il est fou, il boit comme un trou.
LAURA NYRO, Walk On By
Mauvais. C’est qui ? Laura Nyro… Bon sang, mais conserve la mélodie originelle ! L’interprétation de Dionne Warwick l’enfonce.
En solo, tu n’as jamais eu envie de faire un album uniquement constitué de reprises ?
Je le ferai sans doute un jour. Il y aurait beaucoup de morceaux de Frank Sinatra, un titre de Tony Bennett. C’est ce que j’adore chanter, ce genre de vieux morceaux. Je suis le meilleur chanteur d’aujourd’hui, et Sinatra, le meilleur de tous les temps… Il y a eu aussi Elvis, lorsqu’il portait ses vestes à franges. Lennon avait une grande voix rock. Et Bowie sur Hunky Dory était impressionnant. Mais à l’heure actuelle, je suis le meilleur. Ou en tout cas, je suis dans les cinq meilleurs.