Un an à peine après On The One!, L’Histoire du Funk en 100 albums, déjà publié par la maison d’édition Le Mot et le Reste, le conférencier passionné Belkacem Meziane revient avec un ouvrage consacrée au disco : Night Fever, 100 Hits qui ont fait Le Disco. Le musicien français sort ainsi légèrement de sa zone de confort (le funk) pour nous proposer un tour d’horizon très complet du genre phare des années soixante dix. La structure de l’ouvrage suit la ligne éditoriale du Mot et du Reste : un essai d’une trentaine de page suivi d’une sélection de cent disques. Petite originalité, les morceaux remplacent judicieusement la sélection d’albums attendue. Cette singularité permet ainsi de mettre en valeur le format maxi 45 tours si important dans le genre. Dans les sillons amples des douze pouces, les remixeurs de génie (Walter Gibbons, Tom Moulton, Larry Levan etc.) étirent les chansons jusqu’à l’extase, loin des contraintes des sept pouces et des LP. Les puristes apprécieront également la précision sur le bpm, une information bien utile pour le disc-jockeys en herbe qui souhaiteraient se mettre au disco et le mixer dans le tempo. L’essai très agréable et informatif ne fait pas l’impasse sur les grands principes fondateurs de la disco, insistant sur le rôle des communautés latines, gays, hippies et afro-américaines dans le développement de cette musique depuis le Loft de David Mancuso jusqu’aux paillettes du Studio 54 (dont Chic se fera refouler méchamment et finira par en faire l’hymne Le Freak). La sélection démarre au début des seventies avant l’explosion de la disco, une phase passionnante que Belkacem Meziane couvre avec talent. Nous retrouvons ainsi avec plaisir des artistes et groupes comme Manu Dibango ou Barrabàs. Le zénith du genre offre évidemment le gros de l’anthologie et tous les noms importants y sont mentionnés. Night Fever évoque la Philly Soul d’Harold Melvin and the Blue Notes, le beat d’Earl Young des Trammps, les labels cultes Salsoul, TK ou Casablanca jusqu’aux producteurs européens (Moroder, Biddu, Belolo/Morali etc.). Soulignons le travail subtil de Belkacem Meziane qui, à travers ses choix, offre une excellente vue d’ensemble du genre dans toute sa gloire, c’est à dire la seconde moitié des seventies. Il y a quelques rares oublis (There But For The Grace of God Go I de Machine ou I’m every Woman de Chaka Khan), mais rien de nécessairement évident. Les années quatre vingt sont évoqués à travers la post-disco de Petrus/Malavasi, des labels Prelude/ West End ainsi que de la HI-NRG de San Francisco (Patrick Cowley, Boys Town Gang, Sylvester) et des anciens de la Northern Soul (Stock Aitken Waterman et Ian Levine). L’auteur aborde également aussi, assez succinctement la House, oubliant peut être quelques morceaux emblématiques (par exemple la sublime That’s the Way Love Is de Ten City) au profit de morceaux peut être un peu moins importants pour comprendre le lien entre les deux genres. Dans le très récent, nous aurions bien vu l’inclusion de la version disco-dub de Terrorize My Heart de 79,5, magnifique déclinaison de l’esprit disco. Globalement, en dehors de ces quelques modestes oublis, Night Fever brille par la pédagogie, la passion et la verve de son auteur.
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