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François Huet (Snipers) : Franc Tireur

Les Snipers, avec François Huet au milieu.
Les Snipers, avec François Huet au milieu.

Ils n’étaient pas nombreux à Dijon à la fin des années 1970. Une poignée résiduelle de croyants, encore fervents, occupés à traverser leur jeunesse un peu à côté de leur époque. Quelques vigies du rock frappées de strabisme divergent : un œil tourné vers un passé malheureusement révolu trop tôt pour eux, l’autre occupé à scruter un avenir localement très incertain. Pas de quoi constituer une scène, tout juste un groupe ou deux. Les Snipers donc. Et puis les Ambulances et, ensuite, de nouveau les Snipers. Une valse-hésitation des patronymes qui n’est que le symptôme des turbulences inévitables et des engagements de jeunesse qui fluctuent : il y a ceux qui partent et ceux qui reviennent, ceux qui renoncent un peu plus vite, avant que tout le monde finisse par rentrer, non sans réticences ou atermoiements, dans la vraie vie.

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The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres)

Apart

C’est l’album qu’il est devenu presque impossible de réécouter en faisant abstraction de la suite – les drames intimes, les dix-huit années de silence qui ont suivi sa publication et même les retrouvailles plus récentes. Impossible de ne pas y entendre les signes avant-coureurs de l’effacement à venir dans ces chansons de ruptures, d’abandon, d’ambulances et de départ. Continuer la lecture de « The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres) »

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Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis)

Évidemment, c’est une histoire qui n’est plus vraiment la mienne. D’autres – plus jeunes, plus proches du cœur de l’action ou plus directement concernés par les rencontres qui ont permis l’émergence du groupe – se sont déjà chargé de l’évoquer. Depuis les premiers tâtonnements, il y a déjà plus de trois ans jusqu’à la sortie très attendue de ce premier album en passant par la publication de quelques titres et deux Ep’s très alléchants. On y croise des noms, des lieux et même quelques visages familiers des heureux témoins de la vitalité réjouissante de la scène indie-pop – à Paris, mais pas seulement. Eggs, En Attendant Ana, Special Friend ou le Supersonic et l’International à Paris : les destins ont fini par s’entremêler au fil des concerts communs, des départs et des amitiés reconfigurées entre Romain Meaulard, Nicolas Pommé, Morgane Poulain et Quentin Marquès. Continuer la lecture de « Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis) »

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Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album »

Teenage Fanclub
Teenage Fanclub

Le concert parisien a été annulé, alors on est un peu triste. Eux aussi, même s’ils ont affronté la déception de manières bien différentes. Raymond McGinley est rentré à l’hôtel à l’heure des poules et s’est endormi tôt devant la télévision. Norman Blake a profité des instants de liberté nocturnes, accidentellement dérobés au planning exigeant d’une tournée européenne, pour écluser les pintes dans les bars de la capitale en compagnie du batteur Francis McDonald. Les deux arborent pourtant, de bon matin, un teint aussi frais que possible et des sourires de jeune homme. Pour ce qui nous concerne, reste donc en lot – plus que copieux – de consolation, le plaisir d’une conversation du lundi matin avec ces musiciens à la passion intacte, autour d’un album dont le titre apparaît plus que jamais comme une antiphrase. Nothing Lasts Forever, donc. Sauf Teenage Fanclub. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album » »

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John Douglas, s/t (Reveal)

Il y a les albums dont on guette la sortie avec une vigilance impatiente et ceux qui débarquent par surprise. Plus rares sont ceux que l’on découvre en éprouvant cette sensation étrange qu’ils viennent combler un manque diffus, un vide béant mais jusque-là dissimulé. Qu’ils répondent très précisément à une attente bien réelle que l’on n’avait pourtant jamais pris la peine de formuler explicitement. Le premier album solo de John Douglas est de ceux-là. On mentirait, en effet, en prétendant avoir vécu les premiers mois de 2023 dans l’espoir empressé de recevoir les nouvelles plus ou moins fraîches du guitariste de The Trash Can Sinatras. En dépit de toute l’admiration portée aux vétérans écossais et à leurs œuvres, on avait fini par se résigner au deuil ou plutôt à la seule contemplation épisodique et rétrospective d’une discographie qui s’était effilochée au long de trois décennies. Un dernier album en 2016, tout aussi réussi que ses prédécesseurs, mais qui avait achevé de nous convaincre qu’il n’y aurait plus que de l’émerveillement pour le passé et des regrets éternels. Continuer la lecture de « John Douglas, s/t (Reveal) »

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Grand Drifter, Paradise Window (Subjangle)

Il n’aura pas fallu bien longtemps pour reconnaître en Andrea Calvo un semblable, presque un frère d’âme. En réalité, la vingtaine de minutes que dure ce troisième album publié sous un pseudonyme – Grand Drifter – évoquant à la fois la majesté et la dérive a amplement suffi. Un peu plus si on y ajoute le temps nécessaire pour remonter le cours de sa discographie et confirmer, en parcourant l’amont, l’enthousiasme éprouvé en ce début d’automne. En cinq années et une poignée de chansons, le songwriter piémontais est en effet parvenu à cultiver une bien jolie série de compositions classiques et gracieuses en des terres que l’on n’aurait pas forcément jugé propice à l’exercice. Le style et les références – celles qu’il avance sans fausse pudeur et celles qu’on croit discerner entre le silences – sont immédiatement familières – Belle And Sebastian, un peu ; Kings Of Convenience, beaucoup. Continuer la lecture de « Grand Drifter, Paradise Window (Subjangle) »

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Sumday Bloody Sumday

Pour la réédition de Sumday (2003) agrémentée de démos et de raretés, quelques propos d’époque de Jason Lytle et Jim Fairchild aka Grandaddy.

Grandaddy
Grandaddy

Dans la période la plus faste de la discographie de Grandaddy – celle qui a constitué une partie importante de la bande-son du passage au nouveau millénaire – Sumday (2003) occupe une place particulière. Celle d’un troisième album nécessairement plus attendu que ses prédécesseurs avec ce que cela comporte, à chaud, d’impatiences récompensées, d’attentes déjouées et de comparaisons décéptives avec les premiers chocs dont l’intensité ne saurait être égalée. Entièrement confectionné dans le studio de Jason Lytle, le successeur parfois mal aimé de The Sophtware Slump (2000) demeure pourtant, vingt ans après sa sortie, presque aussi essentiel. Un peu plus enjoué, un peu moins audacieux mais tout aussi poignant dans ses tentatives les plus abouties pour entremêler les émotions des humains et les sons des machines. Aujourd’hui réédité dans un luxueux format qui ajoute à la version remasterisée de l’œuvre originelle une série de démos et de raretés – Sumday Twunny (Dangerbird), il mérite sans doute mieux qu’un verdict expéditif, comme l’expliquaient eux-mêmes Jason Lytle et Jim Fairchild, attablés en terrasse quelque part en bas de la rue Lepic. Continuer la lecture de « Sumday Bloody Sumday »

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Sparklehorse, Bird Machine (Anti-)

SparklehorseLa première fois, tout était pourtant si simple. Une évidence comme il s’en présentait rarement, même dans une vie d’engouements musicaux naïvement passionnés et sans doute moins imprégnés de ce recul réflexif qui progresse inéluctablement avec l’âge. C’était un mercredi matin, dans les rayons de la FNAC Montparnasse, pendant les grèves de fin d’année de 1995. Il avait donc fallu arpenter quelques kilomètres frisquets depuis Montrouge pour répondre aux exigences du devoir estudiantin – un séminaire maintenu du côté du boulevard Raspail, en dépit du contexte social – tout autant qu’à l’attrait des nouveautés discographiques. J’ai tout oublié de celles que j’étais venu acquérir ce jour-là, si ce n’est qu’elles étaient certainement prescrites – par LE magazine récemment passé au format hebdomadaire ou par LE programme radiophonique fédérateur des enthousiasmes indie. Continuer la lecture de « Sparklehorse, Bird Machine (Anti-) »