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The Reed Conservation Society, La Société de Préservation du Roseau (Violette/Kuroneko)

Tout change un peu, rien ne change vraiment. Après avoir achevé une première trilogie sur format court – 3 Ep’s (2021) – The Reed Conservation Society a donc décidé de franchir le Rubicon linguistique en passant de l’anglais au français. « Je suis curieux de retrouver le cœur des chansons, mais dans un autre contexte. » C’est ce qu’annonçait déjà Stéphane Auzenet il y a bientôt deux ans, en évoquant ici ce long cheminement vers un premier album très attendu. De fait, c’est bien la même inspiration palpitante qui anime aujourd’hui ces compositions façonnées avec toute l’attention et le soin du détail qui caractérisent cet amoureux de l’artisanat pop et ses compagnons d’aventure. Continuer la lecture de « The Reed Conservation Society, La Société de Préservation du Roseau (Violette/Kuroneko) »

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The Maureens, Everyone Smiles (Meritorio)

C’est très exactement le genre d’album avec lequel on rêvait de tourner la page hivernale d’une nouvelle année. Non pas un monument qui en imposerait par sa stature démesurée ou sa majesté exigeante. Simplement une collection de treize chansons qui réchauffent, remplies de mélodies aimables à fredonner, d’accords de guitares qui tranchent la grisaille nocturne et d’harmonies constamment réconfortantes. The Maureens appartient en effet à cette Internationale discrète qui réunit, par-delà les frontières, quelques artisans entièrement dévoués à une cause désuète et presque désespérée : perpétuer avec une ferveur enthousiaste des formes musicales anciennes sans pour autant renoncer à l’espoir un peu vain d’en entendre surgir quelque chose de neuf et d’inédit. Continuer la lecture de « The Maureens, Everyone Smiles (Meritorio) »

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The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy)

2024 commence à peine et c’est déjà l’heure du bilan des bilans. A peine achevé l’exercice rituel des palmarès de fin d’année, les doutes et les regrets affluent inéluctablement. On en revient à tous ces albums que l’on n’a mal écoutés ou pas assez, ceux qui ont mis un peu plus de temps que les autres à parvenir jusqu’au cœur parce qu’ils ont débarqué tardivement – fin octobre pour celui-ci – et qu’ils réclament davantage d’attention pour que leur importance cruciale finisse par s’imposer clairement. Un brasier à combustion lente, donc. Mais, après tout, The American Analog Set n’a jamais brillé par son aisance dans les sprints. Même au cours de sa première vie, celle qui s’était achevée en 2005 et dont les souvenirs avaient fini ensevelis sous l’indifférence. Continuer la lecture de « The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy) »

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François Huet (Snipers) : Franc Tireur

Les Snipers, avec François Huet au milieu.
Les Snipers, avec François Huet au milieu.

Ils n’étaient pas nombreux à Dijon à la fin des années 1970. Une poignée résiduelle de croyants, encore fervents, occupés à traverser leur jeunesse un peu à côté de leur époque. Quelques vigies du rock frappées de strabisme divergent : un œil tourné vers un passé malheureusement révolu trop tôt pour eux, l’autre occupé à scruter un avenir localement très incertain. Pas de quoi constituer une scène, tout juste un groupe ou deux. Les Snipers donc. Et puis les Ambulances et, ensuite, de nouveau les Snipers. Une valse-hésitation des patronymes qui n’est que le symptôme des turbulences inévitables et des engagements de jeunesse qui fluctuent : il y a ceux qui partent et ceux qui reviennent, ceux qui renoncent un peu plus vite, avant que tout le monde finisse par rentrer, non sans réticences ou atermoiements, dans la vraie vie.

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The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres)

Apart

C’est l’album qu’il est devenu presque impossible de réécouter en faisant abstraction de la suite – les drames intimes, les dix-huit années de silence qui ont suivi sa publication et même les retrouvailles plus récentes. Impossible de ne pas y entendre les signes avant-coureurs de l’effacement à venir dans ces chansons de ruptures, d’abandon, d’ambulances et de départ. Continuer la lecture de « The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres) »

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Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis)

Évidemment, c’est une histoire qui n’est plus vraiment la mienne. D’autres – plus jeunes, plus proches du cœur de l’action ou plus directement concernés par les rencontres qui ont permis l’émergence du groupe – se sont déjà chargé de l’évoquer. Depuis les premiers tâtonnements, il y a déjà plus de trois ans jusqu’à la sortie très attendue de ce premier album en passant par la publication de quelques titres et deux Ep’s très alléchants. On y croise des noms, des lieux et même quelques visages familiers des heureux témoins de la vitalité réjouissante de la scène indie-pop – à Paris, mais pas seulement. Eggs, En Attendant Ana, Special Friend ou le Supersonic et l’International à Paris : les destins ont fini par s’entremêler au fil des concerts communs, des départs et des amitiés reconfigurées entre Romain Meaulard, Nicolas Pommé, Morgane Poulain et Quentin Marquès. Continuer la lecture de « Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis) »

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Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album »

Teenage Fanclub
Teenage Fanclub

Le concert parisien a été annulé, alors on est un peu triste. Eux aussi, même s’ils ont affronté la déception de manières bien différentes. Raymond McGinley est rentré à l’hôtel à l’heure des poules et s’est endormi tôt devant la télévision. Norman Blake a profité des instants de liberté nocturnes, accidentellement dérobés au planning exigeant d’une tournée européenne, pour écluser les pintes dans les bars de la capitale en compagnie du batteur Francis McDonald. Les deux arborent pourtant, de bon matin, un teint aussi frais que possible et des sourires de jeune homme. Pour ce qui nous concerne, reste donc en lot – plus que copieux – de consolation, le plaisir d’une conversation du lundi matin avec ces musiciens à la passion intacte, autour d’un album dont le titre apparaît plus que jamais comme une antiphrase. Nothing Lasts Forever, donc. Sauf Teenage Fanclub. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album » »

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John Douglas, s/t (Reveal)

Il y a les albums dont on guette la sortie avec une vigilance impatiente et ceux qui débarquent par surprise. Plus rares sont ceux que l’on découvre en éprouvant cette sensation étrange qu’ils viennent combler un manque diffus, un vide béant mais jusque-là dissimulé. Qu’ils répondent très précisément à une attente bien réelle que l’on n’avait pourtant jamais pris la peine de formuler explicitement. Le premier album solo de John Douglas est de ceux-là. On mentirait, en effet, en prétendant avoir vécu les premiers mois de 2023 dans l’espoir empressé de recevoir les nouvelles plus ou moins fraîches du guitariste de The Trash Can Sinatras. En dépit de toute l’admiration portée aux vétérans écossais et à leurs œuvres, on avait fini par se résigner au deuil ou plutôt à la seule contemplation épisodique et rétrospective d’une discographie qui s’était effilochée au long de trois décennies. Un dernier album en 2016, tout aussi réussi que ses prédécesseurs, mais qui avait achevé de nous convaincre qu’il n’y aurait plus que de l’émerveillement pour le passé et des regrets éternels. Continuer la lecture de « John Douglas, s/t (Reveal) »