Ils racontent que leur histoire commune est née d’une rencontre fortuite dans le hall d’un studio canadien. Difficile pourtant de retenir la thèse du simple aléa tant, pour l’occasion, c’est bien le destin qui semble avoir pris les traits du hasard. Elle, on la connaissait surtout pour sa participation au super-groupe de son oncle, Carl Newman, au sein duquel elle était d’abord apparue en remplaçante de luxe de Neko Case, avant d’affirmer de plus en plus nettement son statut de titulaire indispensable. Quant à lui, les six albums publiés de manière trop souvent confidentielle par la formation protéiforme dont il assure depuis 2006 la direction exclusive n’ont cessé de révéler ses talents hors du commun de songwriter et d’arrangeur. Continuer la lecture de « Frontperson, Frontrunner (Oscar St. Records) »
Auteur : Matthieu Grunfeld
Catégories interview
Tunng – Secondes noces
À l’échelle de notre petit monde, la nouvelle a presque fait figure d’événement : onze ans après avoir mis un premier terme à leur fructueuse collaboration, Sam Genders et Mike Lindsay sont enfin parvenus à se rabibocher et à publier conjointement le premier album de Tunng arborant leur double signature depuis l’inusable Good Arrows (2007). Et même si les deux compères avaient su, tout au long de leurs années divergentes, développer chacun de leur côté deux carrières également passionnantes, la sortie en fin d’été de Songs You Make At Night (2018) est venu nous rappeler à quel point leur apport demeure essentiel dans un registre qu’ils ont plus que largement contribué à défricher, et où les structures folk traditionnelles se mêlent harmonieusement aux explorations électroniques contemporaines. À la veille d’un concert parisien scellant cette réconciliation longtemps espérée, on leur a demandé de revisiter les souvenirs, parfois aigres-doux, des cinq jalons discographiques de leur union musicale. Continuer la lecture de « Tunng – Secondes noces »
Catégories chronique nouveauté
The Last Detail, The Last Detail (Elefant Records)
Le terme de perfection pop figure depuis trop longtemps au registre des poncifs de la critique musicale pour que l’on songe à l’utiliser sans quelques précautions réticentes. D’autant plus que, la plupart du temps, il en est venu à qualifier des œuvres où la recherche pointilleuse de la reconstitution historique et le respect compassé des formats canoniques de la chanson finissent par étouffer les velléités d’expression personnelle et spontanée. Nulle trace de ce type de dévotion stérile à un âge d’or supposé sur ce premier album de The Last Detail, porté par le souffle combiné de deux inspirations complémentaires et profondément vivaces. Continuer la lecture de « The Last Detail, The Last Detail (Elefant Records) »
Catégories chronique réédition
The Posies, Failure (Omnivore Recordings)
Inconscience ou provocation ? Culot pur et simple ou plutôt absence presque totale de sens du timing et des modes ? Difficile, un quart de siècle après les événements, de rendre compte de la curieuse combinaison d’ingrédients susceptible d’expliquer la naissance d’un groupe au patronyme de chochottes – les bouquets de fleurs, sérieusement ! – et aux accents résolument pop à Seattle, alors même que les premiers frémissements du grunge commencent tout juste à s’y faire sentir. Continuer la lecture de « The Posies, Failure (Omnivore Recordings) »
Catégories interview
The Coral : « On voulait composer un allume-barbecue psychédélique. »
Après avoir savouré un repos bien mérité pendant la première partie des années 2010, The Coral a repris le cours de ses activités musicales en 2015 avec un succès mitigé. Mais, si Distance Inbetween (2016) ne nous avait laissé qu’une impression ambivalente, la publication en cette fin d’été de Move Through The Dawn vient rappeler à quel point le groupe de Liverpool demeure l’une des valeurs les plus sures et les plus stables de la pop britannique de ce siècle. Plus flamboyantes et chatoyantes que jamais, les mélodies composées par James Skelly et ses camarades renouent avec les moments les plus marquants de leur longue discographie. Deux des membres historiques du groupe apportent leurs lumières sur les raisons de ce retour de flamme. Continuer la lecture de « The Coral : « On voulait composer un allume-barbecue psychédélique. » »
Catégories interview
Luluc
Pour qui aurait eu la très excusable négligence de manquer les deux épisodes précédents – Dear Hamlyn, 2008 et Passerby, 2014 – il faudra peut-être surmonter un premier mouvement de répulsion agacée avant de s’abandonner aux délices charmants de ce troisième plan Luluc. Comme en témoigne le portrait photographique qui orne la pochette de Sculptor, Zoé Randell et Steve Hassett bon nombre des attributs physiques et esthétiques qui tendent à opérer comme autant de chiffons rouges agités devant les yeux exorbités des pourfendeurs de hipsters brooklynites : la barbiche soigneusement ébouriffée de Monsieur, la blondeur évanescente pour Madame, la production signée par leur voisin de palier Aaron Dessner (The National). Continuer la lecture de « Luluc »
Catégories chronique réédition
Dave Evans, The Words In Between (Earth Recordings)
Sur les rares archives qui subsistent de ses épisodiques apparitions télévisuelles au début des années 1970, Dave Evans semble s’effacer tout entier derrière son instrument, cette guitare à caisse verte qu’il a lui-même bricolée pour mieux l’adapter aux exigences si particulières d’un style à la fois limpide et percussif. Les yeux et la bouche entièrement clos, esquissant tout juste un demi-sourire, il s’abandonne intégralement aux délices de la virtuosité, concentré sur l’objectif prodigieux : faire surgir de ses dix doigts le déluge de notes que d’autres, Davy Graham ou Bert Jansch inclus, peineraient à susciter même si la nature les avaient généreusement dotés de quatre mains. Continuer la lecture de « Dave Evans, The Words In Between (Earth Recordings) »
Catégories interview
Graham Nash
Parfois éclipsé par les talents conjugués de ses fameux collaborateurs, longtemps relégué au second – et même au quatrième – plan par les ombres portées des egos surdimensionnés de David Crosby, Stephen Stills ou Neil Young, Graham Nash semblait se contenter de ce statut de médiateur artistique, se consacrant presque exclusivement tout au long des années 2000 à entretenir le patrimoine de CSN. Pourtant, les publications consécutives d’une version française de sa passionnante autobiographie – Wild Tales, 2015 (traduite chez Le Mot et le Reste) – d’un nouvel album solo – This Path Tonight, 2016 – puis, cette année d’une copieuse compilation rétrospective enrichie d’inédits – Over The Years… (chronique à lire ici) – sont venues nuancer ce tableau trop tranquille et trop lisse. C’est bien ce qui transparaissait de ces propos que nous avions recueillis il y a deux ans de cela, lors de l’étape parisienne d’une tournée solo mémorable. Septuagénaire fringant et compositeur toujours inspiré, l’ex-Hollies revisite dans cette interview, avec une liberté de ton toute neuve, une partie de son passé tout en tentant d’échafauder les perspectives d’un avenir moins collectif. Il en profitait également pour régler au passage le solde de quelques vieux comptes : un bilan sans concession qui apparaît au fil de ces quelques mots-clefs. Continuer la lecture de « Graham Nash »