Frontperson, Frontrunner (Oscar St. Records)

Frontperson, FrontrunnerIls racontent que leur histoire commune est née d’une rencontre fortuite dans le hall d’un studio canadien. Difficile pourtant de retenir la thèse du simple aléa tant, pour l’occasion, c’est bien le destin qui semble avoir pris les traits du hasard. Elle, on la connaissait surtout pour sa participation au super-groupe de son oncle, Carl Newman, au sein duquel elle était d’abord apparue en remplaçante de luxe de Neko Case, avant d’affirmer de plus en plus nettement son statut de titulaire indispensable. Quant à lui, les six albums publiés de manière trop souvent confidentielle par la formation protéiforme dont il assure depuis 2006 la direction exclusive n’ont cessé de révéler ses talents hors du commun de songwriter et d’arrangeur.

Entre Kathryn Calder, chanteuse de The New Pornographers, et Mark Andrew Hamilton, leader de Woodpigeon, l’accord majeur s’impose ici comme une évidence. Réunis sous le pseudonyme de Frontperson, ils cosignent en effet un premier album remarquable où chacun contribue à hauteur de ses mérites, sans qu’il soit finalement possible de démêler totalement les apports respectifs des deux auteurs à cet ensemble de neuf chansons d’une homogénéité rare. On pourra, certes, reconnaître les accents familiers des vocalises pop et des contre-chants acidulés souvent pratiqués par Calder au sein de son super-groupe d’origine. Les arrangements, comme chez Woodpigeon, alternent, souvent au sein  du même morceau, entre les moments d’apaisement et les élans inspirés les plus enivrants. Il n’en demeure pas moins que, sur chacune de ces compositions aux résonances mélancoliques,  l’harmonie surgit spontanément, de façon aussi implacable que variée : du crescendo instrumental qui emporte l’inaugural U.O.I. vers les hauteurs jusqu’aux arpèges rehaussés de touches gracieuses de vibraphone de Postcards From A Posh Man en passant la profusion discrète des chœurs et des cordes sur He Follows Me, sans doute l’un des sommets de l’album. Quoi qu’il advienne ensuite de ce duo peut-être éphémère, il laisse là une trace durable et probante qui vient contredire l’adage populaire : à l’écoute d’une fusion si heureuse, plus jamais on n’évoquera la solitude du coureur de front.

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