Veronica Falls est apparu un jour de 2010 avec un grand 45 tours, Found Love in A Graveyard. Publiée conjointement par Captured Tracks et Trouble Records, la chanson prend aux tripes. Derrière ce coup d’éclat, quatre musiciens déjà expérimentés. Si Veronica Falls apparaît à Londres, la formation cultive ses racines et son histoire si particulière du côté de Glasgow. Roxanne Clifford (chant, guitare) et Patrick Doyle (batterie) jouent ensemble dans The Royal We. Le groupe sort, en 2007, un unique album pour Geographic, un label de Domino géré par Stephen Pastel. Les deux musiciens continuent ensuite sous le nom de Sexy Kids. Ils rencontrent le guitariste et chanteur James Hoare (Your Twenties) à un concert de Comet Gain. Enfin, la Française Marion Herbain apprend la basse et complète alors Veronica Falls. Ces quatre là vont créer un son unique et très cohérent.
En 2011, la formation sort enfin son premier album après trois singles remarqués. Veronica Falls, publié conjointement par Slumberland et Bella Union, est un grand disque d’indie-pop. Les années, loin d’abîmer son charme, en révèlent au contraire toujours un peu plus la beauté. S’inscrivant dans une scène contemporaine (The Pains of Being Pure at Heart, Crystal Stilts, Vivian Girls, Girls Names…), les quatre Britanniques s’en démarquent tout autant. Girl group, Velvet Underground, C86 (The Pastels, Wedding Present), Black Tambourine ou folk-rock : les influences sont connues mais Veronica Falls les transcende complètement. En réécoutant l’album avec une oreille nouvelle, impossible de ne pas être séduit par la qualité des harmonies vocales. Elles apportent une dimension supplémentaire à des chansons déjà très ciselées et balancées en bloc avec passion.
Veronica Falls semble ainsi naviguer entre le chaud et le froid. L’ambiance est parfois presque crépusculaire, gothique quasiment. Ces mélodies pop hantées se teintent d’un romantisme échevelé. La cohésion du groupe nous emporte dans un tourbillon. Tout le monde est à sa place et participe à faire de la musique du groupe quelque chose d’exceptionnel et à part. La batterie est minimaliste mais convoque une énergie presque primitive tandis que la basse sobre laisse de l’espace pour des guitares tour à tour rageuses et délicates. De la première à la dernière seconde, Veronica Falls s’élance dans une course effrénée. Les grandes chansons se succèdent, à commencer par les trois singles. Found Love in a Graveyard (réenregistrée pour l’album) ouvre un bal dont l’intensité ne semble jamais fléchir. Bad Feeling est toujours aussi superbe tandis que la production de Beachy Head tranche un peu avec les autres morceaux. De l’élégance de Misery en passant par la mélancolie de The Fountain ou l’ardeur de la sublime All Eyes on You, chaque chanson a gagné sa place à la dure sur cet album. Voilà pourquoi, treize ans après, cet album est aussi vibrant et beau qu’à sa sortie. Veronica Falls a mis toute son énergie et son âme dedans, sans s’économiser. Veronica Falls est un instantané, d’une époque, d’une scène mais surtout d’un groupe exceptionnel avec lequel le sort n’a pas été juste.