The Prisoners, Hurricane (Busy Bee Production)

Les occasions de voir les Prisoners en live se font rares. Si certains chanceux ont pu les apprécier en concert en août dernier, il faudra attendre février 2026 pour les voir à nouveau fouler les planches d’une scène. Il est heureusement toujours possible d’écouter et découvrir leurs différents albums. Et à ce jeu-là, la compilation Hurricane offre une superbe entrée en matière à cet excellent groupe britannique. D’abord publiée en 2004, en CD, par Big Beat/Ace, le label suédois Busy Bee Production s’est chargée d’en faire un compendium vinyle l’année dernière. Hurricane perd dix morceaux mais certainement pas la joie que procure ce groupe, à travers cette sélection au cordeau. Piochée dans les différents singles et albums du groupe, Hurricane propose une expérience d’écoute enthousiasmante, et les excellents Prisoners n’y sont évidemment pas étrangers.

Groupe mythique de la scène Medway, il partage l’affiche et des affinités avec Billy Childish (The Milkshakes, Mighty Caesars, The Pop Rivets etc.) ou The Dentists. La formation moderniste a pourtant l’étrange aplomb de sortir son premier album en 1982, au moment ou les Jam et la majorité des groupes mod revival rendent les armes. Adeptes de Patrick McGoohan (l’ont ils aidé à s’échapper ?) ou plus vraisemblablement des Vapors, les Prisoners se composent de Graham Day (guitare, chant), James Taylor (orgue), Allan Crockford (basse) et Johnny Symons (batterie). À rebours de la synth-pop ou de la C86, le groupe de Chatham (Kent) prolonge ardemment l’héritage des années 60. La gouaille et les compositions de Day répondent à l’orgue tonitruant de Taylor, tandis que la section rythmique tourne comme une horloge. Les Prisoners ont pour eux des compositions certainement plus raffinées et abouties, que nombre de leurs contemporains, revivalistes sixties. Les entendre, c’est se saisir de ce qui nous parle tant chez les Small Faces, The Action ou The Artwoods, soit cette aristocratie populaire, une exigence toujours humble. Appréciés de leurs pairs (Paul Weller, The Charlatans), les Prisoners n’ont pas réussi à se faire une place au firmament. Pourtant leur discographie ne démérite certainement pas ; Hurricane en offre un témoignage révélateur.

Séquencé comme un album, les treize morceaux donne un aperçu gracieux du talent du groupe. Dès Whenever I’m Gone, les Prisoners ont quelque chose en plus que la majorité de leurs coreligionnaires : la mélancolie. Leur délicatesse se dissimule derrière l’énergie. Ils sont singuliers. La suite le confirme, notamment la sublime Till The Morning Light, on donnerait beaucoup pour entendre plus de ce genre de morceau ! Il y aussi l’évidence de Melanie ou I’m The Fisherman, se suivant idéalement. Parfois le groupe se fait plus psychédélique comme sur The Last Thing on Your Mind (très Small Faces), Pretend ou Revenge of the Cybermen et sa référence si anglaise à la série Dr. Who. Il est facile d’oublier à quel point les Prisoners sont un bon groupe. Ils se séparent cependant en 1986, avec quelques réunions sporadiques à la clef. James Taylor forme son propre groupe (le James Taylor Quartet). Il bifurque alors vers le jazz-funk/jazz-soul et est aux premières loges de la scène acid jazz des années 90. Son comparse Graham Day forment différents ensembles (Prime Movers, Solarflares etc.), souvent avec Allan Crockford, il joue désormais sous son propre nom, accompagné des Gaolers. Si l’aventure continue, Hurricane permet de raviver la flamme en nous. Il est toujours temps de découvrir le groupe qui en est à l’origine.


Hurricane par The Prisoners est sorti l’an dernier sur le label Busy Bee Production

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