The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981)

The dB’s tracent les hésitations de la période charnière entre new wave et indie-pop. Sur le sol nord-américain, comme ailleurs, une génération de groupes s’imprègne de l’héritage sixties, sans foncer dans la parodie et le pastiche. Dunedin Sound en Nouvelle Zélande, Paisley Underground en Californie (Rain Parade, Bangles, Dream Syndicate etc.), les dB’s sont, eux, aux avant-postes de la transition à New York, au coté de formations comme The Bongos ou The Individuals. Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, les membres des dB’s se connaissent depuis l’enfance et jouent souvent ensemble depuis les années soixante dans leur ville d’origine.

The dB's
The dB’s / Photo : Stephanie Chernikowski

Chris Stamey et Peter Holsapple (les deux guitaristes) s’aventurent dans le hard rock avec Rittenhouse Square ; le premier participe également aux mythiques Sneakers au coté du batteur Will Rigby. Le bassiste Gene Holder complète le line-up classique du groupe. Si les musiciens sont tous originaires de la même région, le groupe se forme à New York. Les cendres de la scène punk sont encore chaudes quand sortent les premiers singles de Chris Stamey et Peter Holsapple sur des labels comme Car ou Ork. Ces 45 tours dessinent quelques unes des influences des dB’s à travers les personnes (Terry Ork, Richard Lloyd, Alex Chilton etc.) qui les relient : Television et Big StarStands for Decibels sort en 1981 sur le label anglais Albion. Généralement classé en powerpop, l’album s’y sent un peu à l’étroit. Certes, l’influence des Beatles et Big Star est indéniable, mais les dB’s proposent tellement plus ! Retardataires post-punk ou pionniers jangle-pop, les dB’s sont tout cela et bien mieux. Dans ces moment les plus psychédéliques, le groupe évoque même un croisement entre les Britanniques des Soft Boys et Pink Floyd (Espionnage, She’s not Worried).

Si Stands for Decibels est quelque peu décousu, les chansons sont vitales. Dès lors, ce défaut en devient une qualité. L’album semble s’échapper des sillons tant il est secoué d’une vigueur monstrueuse. Chris Stamey signe les scies maléfiques (TearJerkin’, Cycles Per Second) tandis que son compère Pete Holsapple s’éprend du meilleur des mélodies sixties (la merveilleuse Bad Reputation ou Big Brown Eyes). Les dB’s excellent particulièrement dans une pop esthète et anguleuse. Leur single Black & White sonne le tocsin de la liberté, refusant de choisir entre les Byrds et le CBGB. Les guitares explosent les enceintes, elles débordent d’une énergie rarement entendue, sauvage et indocile. The Fight nous nargue et prend à parti les spectateurs. En 11 titres, les dB’s démontre qu’il est possible de sonner moderne sans renier ses influences. Dans le conflit entre traditionalistes et progressistes, les dBs ont décidé d’envoyer chier tout le monde et de faire ce qu’ils voulaient. Stand for Decibels en est le manifeste. Un peu malgré eux, les dB’s ouvrent ainsi la voie à la scène indépendante américaine portée par R.E.M..


Stands For Decibels par The dB’s est sorti en 1981 sur le label Albion.

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