En 2014, le tandem et couple à la ville Gilles et Bolanille Maté décident de monter ERR REC. Le tout jeune label s’est rapidement fait remarquer par son purisme électro, fidèle aux grandes entreprises pionnières du genre : Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra et Cybotron/Metroplex, mais aussi BBC Radiophonic Worshop, Morton Subotnick/Suzanne Ciani ou encore Aphex Twin période Selected Ambient Works. Sans oublier évidemment certaines entreprises retro-futuristes plus contemporaines, comme Broadcast ou l’écurie Ghost Box. Une cohérence esthétique remarquable, toute entière dédiée au culte des instruments électroniques : synthèse analogique et synthèse modulaire (Eurorack, Buchla, Serge, Moog), mais aussi machines numériques et FM, boites à rythmes (TR 606/808/909, etc.) ou autres instruments plus ésotériques (mention spéciale au luthier Soma et ses Lyra 8 et Pulsar 23). Continuer la lecture de « Les 10 ans de ERR REC »
Étiquette : Lieu : France
Catégories chronique nouveauté
Les Mercuriales, Les choses m’échappent (Hellzapoppin)
Ce n’est pas un hasard si le disque des Mercuriales commence par un tonitruant « LA MORT ! » éructé d’outre-tombe par la voix de Jacques Lacan : morts, nous le sommes déjà vivants. Pas seulement parce que ce qui nous a faits a disparu : décors de l’enfance, arrière-grands-parents qui nous tenaient sur leurs genoux au bord d’une table en formica dans une odeur de Clan ou d’Amsterdamer, mais aussi parce que la mort était déjà depuis longtemps au travail dans la sensibilité même du temps, celle de « l’homme sans immédiateté » qui est à jamais la nôtre, post-adolescents maladifs et fétichistes, fébriles et désorientés, et qu’on retrouve encore dans la voix tremblante de Maurice Ronet qui succède à celle de Lacan en ouverture de ce disque des Mercuriales donc, Les choses m’échappent. Continuer la lecture de « Les Mercuriales, Les choses m’échappent (Hellzapoppin) »
Catégories selectorama
Selectorama : Johan Asherton
Il n’y en a pas beaucoup. Peut-être n’y a-t-il que lui. Des artistes français capables de chanter : Rock’n’Roll sur un refrain – celui d’Enfant Terrible, le premier morceau de son nouvel album – sans susciter ni cette gêne incrédule ni ce malaise décalé qui accompagnent les tentatives pataudes pour s’approprier les reliques d’une forme lointaine et disparue. Dans les accents élégants de cette voix – de plus en plus grave, de plus en plus belle – on ne discerne aucune prétention vaine à ressusciter ce qui n’est plus. Simplement à faire vibrer, une fois encore, cette nostalgie sereine qui imprègne depuis longtemps l’œuvre essentielle de Johan Asherton. Continuer la lecture de « Selectorama : Johan Asherton »
Catégories chronique nouveauté
LORD$, Speed It Up (Tricatel)
En France, les étoiles ne sont guères alignées pour les disquaires, la presse musicale, les groupes ou les labels indépendants. Le monde musical que nous connaissions n’en finit plus de s’effondrer inexorablement mais quelques bribes d’espoir surgissent ici et là. Dans l’hexagone, Born Bad (Forever Pavot, Bryan’s Magic Tears, Pleasure Principle) ou Tricatel (Guy Cabay, Chassol) continuent de sortir des disques ambitieux et à les proposer des à prix accessibles. Ces structures font presque un travail d’utilité publique en défendant la scène indépendante française tout en pratiquant des prix démocratiques (à rebours de nombreux autres labels internationaux). Le label de Bertrand Burgalat confirme l’adage avec, Speed It Up l’excellent album des (presque) nouveaux venus LORD$. Continuer la lecture de « LORD$, Speed It Up (Tricatel) »
Catégories sunday archive
Jennifer Charles, la fidèle
C’était il y a vingt ans – presque très exactement. La RPM canal historique était devenue (ou en passe de devenir) le média qui plus que tout autre allait prendre fait et cause pour les disques de Jean-Louis Murat, certes déjà adoubé par Les Inrockuptibles (LA fameuse une bleue délavée du numéro 31) mais qui avait trouvé en la plume du journaliste Franck Vergeade un thuriféraire d’une rare fidélité. L’Auvergnat n’était pas encore devenu le stakhanoviste des sorties d’albums – il en était aux prémices – et ses interventions médiatiques ne défrayaient pas encore les chroniques. Certes, il s’était mis à nu (au propre, pour le coup) dans un numéro de la RPM (le numéro 45 pour celles et ceux qui sont intrigués), et cela nous avait valu une mention dans un ou deux confrères moins portés sur la chose musicale. Quoi qu’il en soit (car je sais que d’aucuns chipoteront), il avait déjà cette sainte horreur de se répéter et aimait surtout concrétiser ses idées, mêmes les plus farfelues – ce qui n’était pas le cas ici. Coincé entre Lilith et 1829, A Bird On A Poire n’était pas je crois à proprement parler un album de Jean-Louis Murat – et tant pis si je suis excommunié pour écrire cela. Ce disque aussi gai que les traits légers et pastel de sa pochette, aux accent sixties et aux tons résolument badins (coquins, oseraient certaines et certains) est un album imaginé à deux et enregistré à trois (un peu plus en fait) – composé et écrit par le bassiste suisse Fred Jimenez et celui qu’on commence à surnommer Le Moujik, rejoints en studio par l’Américaine Jennifer Charles, dont la voix caressante – oui, exactement, de celles qui tiennent dans un mouchoir – avait déjà épousé celle de Murat cinq ans plus tôt, sur ce qui reste peut-être comme la pierre angulaire d’une discographie plurielle, l’œuvre outre-atlantique Mustango. Continuer la lecture de « Jennifer Charles, la fidèle »
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : Ashes Divine
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Manset, L’algue bleue (Parlophone)
» Quand le printemps revient, on a raté sa vie. »
Derrière une pochette qu’on dirait volée à une relance de Métal Hurlant (par exemple à un numéro spécial cyber romantisme, ce genre), il y a un nouveau disque de Manset (si tu n’as pas perdu ton prénom après 60 ans…) : au fond, il vient de là, de cette période année 1970 où s’est figé le fonds de son style, unique, une vision de la variété rock posée sur des guitares électriques ou acoustiques, des pianos, une voix toujours au bord de la rupture, poussée, ne cherchant jamais à faire joli, ni à plaire et des textes charriant des histoires de rapport aux autres, de géographies réelles ou mentales, avec une poésie parfois absconse, parfois lumineuse. Comme la face sombre et torturée post 1968, un cauchemar du Big Bazar en somme, même si, sans exagérer, on pourrait mélanger la chronologie de la sortie des albums de Manset, personne n’y verrait que du feu. Que je vous dise que ce disque est sorti en 1993 ou en 1987, peu d’indices vous diraient le contraire, OK, le son et la qualité des enregistrements, peut-être, me diront les spécialistes ORL. Continuer la lecture de « Manset, L’algue bleue (Parlophone) »
Catégories chronique nouveauté
Leandro Barzabal et Céleste Gatier, Meditate & Destroy (Les Disques Omnisons)
Records Ruin the Landscape est le titre d’un ouvrage de David Grubbs. Il y évoque la défiance que toute une scène expérimentale a très souvent manifesté envers l’enregistrement sur disque – la captation d’un moment forcément en-deçà de la puissance cathartique de l’improvisation. Aussi, un préjugé tenace qui n’est pas sans saisir l’auditeur.rice devant ce disque de Léandro Barzabal et Céleste Gatier. Deux figures bien connues de la scène expérimentale, improvisée et bruitiste parisienne – Non-Jazz/Sonic Protest/Broken Impro, – remarqué.es notamment par la dimension performée de leurs démarches respectives. Continuer la lecture de « Leandro Barzabal et Céleste Gatier, Meditate & Destroy (Les Disques Omnisons) »