Qui ?
Thomas Guendafa
Où ?
Paris, France Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Ashes Divine »
quotidien pop moderne since 1991
» Quand le printemps revient, on a raté sa vie. »
Derrière une pochette qu’on dirait volée à une relance de Métal Hurlant (par exemple à un numéro spécial cyber romantisme, ce genre), il y a un nouveau disque de Manset (si tu n’as pas perdu ton prénom après 60 ans…) : au fond, il vient de là, de cette période année 1970 où s’est figé le fonds de son style, unique, une vision de la variété rock posée sur des guitares électriques ou acoustiques, des pianos, une voix toujours au bord de la rupture, poussée, ne cherchant jamais à faire joli, ni à plaire et des textes charriant des histoires de rapport aux autres, de géographies réelles ou mentales, avec une poésie parfois absconse, parfois lumineuse. Comme la face sombre et torturée post 1968, un cauchemar du Big Bazar en somme, même si, sans exagérer, on pourrait mélanger la chronologie de la sortie des albums de Manset, personne n’y verrait que du feu. Que je vous dise que ce disque est sorti en 1993 ou en 1987, peu d’indices vous diraient le contraire, OK, le son et la qualité des enregistrements, peut-être, me diront les spécialistes ORL. Continuer la lecture de « Manset, L’algue bleue (Parlophone) »
Records Ruin the Landscape est le titre d’un ouvrage de David Grubbs. Il y évoque la défiance que toute une scène expérimentale a très souvent manifesté envers l’enregistrement sur disque – la captation d’un moment forcément en-deçà de la puissance cathartique de l’improvisation. Aussi, un préjugé tenace qui n’est pas sans saisir l’auditeur.rice devant ce disque de Léandro Barzabal et Céleste Gatier. Deux figures bien connues de la scène expérimentale, improvisée et bruitiste parisienne – Non-Jazz/Sonic Protest/Broken Impro, – remarqué.es notamment par la dimension performée de leurs démarches respectives. Continuer la lecture de « Leandro Barzabal et Céleste Gatier, Meditate & Destroy (Les Disques Omnisons) »
Ce fût d’abord une silhouette, une présence discrète et régulière. Le constat d’une assiduité commune aux concerts – surtout ceux en appartement, organisés pour la plupart par Life Is A Minestrone – comme un gage de quelques passions partagées. Et puis, au fil des rencontres, on a fini par découvrir une petite partie de son travail. De son regard. Et on y a retrouvé les mêmes qualités, le même engagement à la fois respectueux et impliqué dans cette belle façon de restituer visuellement ce qui nous plait tant dans la musique de ces sujets. Et qu’il y a forcément, dans les photos de Philippe Dufour, des échos particulièrement résonnants de cette forme d’amateurisme qui n’exclut en rien l’exigence. Et dans laquelle on se retrouve souvent.
Continuer la lecture de « Pictures On My Wall : Philippe Dufour »
Ah ben oui. Lui, tiens.
« L’homme aux cent blessures. » Qui peut s’entendre : « L’amour, sans blessure. »
C’est ça.
Disclaimer : c’est là où nous sommes, où nous en sommes, les premiers mots de la première chanson du dernier disque de Matt – je l’appelle par son prénom, lui, parce que je ne le connais pas de cet amour issu d’abord de sillons et de concerts, mais de vive vodka depuis flûte, plus de vingt ans et nos premières guitares, nos premières basses. C’est un frère, c’est la famille – même s’il est passé au mezcal entretemps, parfois, dit-il. Ça se comprend, ici le bourbon noie les dernières nuits de nos âges – sucrer ou fumer au lieu de brûler – la jeunesse passe et on cultive le jardin chaque lendemain du monde, chacun à nos façons et en nos compagnies, lui avec Jean-Louis Murat – qui l’a fait chanteur – et Elysian Fields – dont il est désormais le crucial bassiste. Un crucial artiste. Continuer la lecture de « Matt Low, Une vie cool (Bleu Nuit) »
Dans un univers fait de mille éclats et oscillant entre urbanisme bitumé et terres fertiles, Françoiz Breut déplie depuis vingt-sept ans son leporello poétique teinté de surréalisme et de ligne claire, que du très normal pour cette Bruxelloise d’adoption sans doute branchée depuis toujours sur le circuit alternatif de l’entre deux.
Son huitième album Vif !, sorti le 19 avril, convoque à la fois Desnos, Queneau ou Pérec pour les paroles et des univers sonores pop aux demi-teintes psychédéliques. Après avoir arpenté le bitume dans l’album précédent, Flux-Flou de la Foule, sorti en 2021 (PIAS), Françoiz change de décor et prend sa loupe d’entomologiste pour explorer librement une autre forme de vie. Continuer la lecture de « Françoiz Breut, Vif ! (62 Records / PIAS) »
Plus d’un an que nous l’attendions, le premier album de Dog Park. Suite aux singles Sunny Decadence et Rewind, le quatuor parisien avait très vite enchaîné les belles dates en 2023 : la Boule Noire ou l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton à Paris, ainsi que plusieurs festivals estivaux en régions. Festina Lente est arrivé ce vendredi, porté par le label Géographie (Good Morning TV, Marble Arch…), comme un parfait préambule à un printemps qui, comme « festina lente » l’indique en latin, se hâte lentement. Dix chansons pop lumineuses aux mélodies entêtantes, au fil desquelles les quatre amis s’échangent les instruments et les micros, imprégnant chaque titre de leurs influences propres. Celles-ci se reflètent dans la sélection à suivre, puisqu’on y perçoit l’appétence d’Erica – par ailleurs moitié du duo Special Friend et aux voix chez eGGs– pour le rock alternatif américain des années 1990, celle d’Isabella pour les timbres veloutés aux accents jazz, la passion de Jean pour la pop à guitares ou la nostalgie poignante de Sarah ; autant de particularités coexistant dans un album néanmoins si fluide et harmonieux.
« Comme un voyage en avion,
un séjour en apesanteur«
Cléa Vincent, la femme aux mille visages, revient et reprend le fil de sa belle discographie officielle. Exit les aventures tropicalistes (Tropi-Cléa 1, 2 et 3), les addenda inattendus sous la forme de petits 45t pirate (Kim et Cléa, Quelque chose qui me chiffone), les projets de côté qui prennent la lumière (Les Clopes où Laurence Inutile, son alias, chante et compose des hymnes mélancolo-rigolo comme Eternellement Schlag), les disques pour enfants (Chansons douces et 36 touches avec à chérir pour toujours les petits bijoux Ecole militaire et Askip), exit tout ça. On oublie sans doute d’autres chemins de traverses tant la musicienne, productrice (on attend la suite des Sessions du carreau notamment) sait se démultiplier dans une histoire dense et déjà sertie de petites légendes : ce n’est pas donné à tout le monde de commencer sa carrière par un album « perdu » qui s’échange encore sous le manteau, ou d’animer un show vidéo qui revisitait avec bonheur les cases variétés TV, le fameux et malheureusement abandonné Soooo Pop, en accueillant Katerine, Christophe, Lio, et les nouvelles pousses de la chansons françaises. Continuer la lecture de « Cléa Vincent, Ad vitam ærtenamour (Midnight Special Records) »