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The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971)

Avant que la house n’enflamme les pistes de danse de Chicago, la ville de l’Illinois avait développé dans les années 60-70 une tradition soul, dans un paysage marqué par la Motown ou la Stax. Au delà de Jackie Wilson ou Curtis Mayfield (avec/sans The Impressions), Chicago pouvait en effet compter sur une scène particulièrement riche : Tyrone Davis, Gene Chandler, Jerry Butler, Fontella Bass, Billy Stewart, Baby Huey, The Staple Singers, The Dells, Rotary Connection ou encore les Chi-Lites qui nous intéressent aujourd’hui. Ces artistes adoptaient évidemment les codes de leur époque, mais y injectaient une vraie sensibilité, propre à la Windy City. Définir le son de la Chicago soul n’est pas si aisée, pourtant dès que vous mettez un disque produit dans cette métropole, quelque chose de spécial se passe. C’est groovy, avec un balancement presque nonchalant, plus soyeux que la southern soul, moins pop et amphétaminé que la northern soul. Continuer la lecture de « The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971) »

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Sextile : « Depeche Mode a sauvé ma vie »

Sextile
Sextile / Photo : DR

Sur papier, Sextile semblait promis à un bel avenir. Fondé en 2015 à la suite d’une rencontre en rehab, le quatuor avait enfin trouvé la bonne formule avec leur single Current Affair et leur EP 3 sortis en 2018. Résumer leur son de l’époque à de l’EBM serait un peu réducteur tant leurs influences semblent dépasser les étiquettes. Si le projet était avant tout celui de Melissa Scutado et de Brady Kheen, le décès en 2019 d’Eddie Wuebben, membre fondateur, guitariste et joueur de synthé, a entraîné le split du groupe. Mais aussi sa reformation en 2022, comme le racontent de façon très touchante Melissa et Brady dans cette interview. De retour avec Push, énorme album en forme de déclaration d’amour à la musique qui les a construits (électro, punk, rave etc), le groupe réussit l’exploit de retranscrire en studio l’énergie qui fait d’eux l’un des meilleurs groupes de scène actuels.

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Patti Smith, La Poésie du Punk

Patti Smith
Patti Smith / Photo : DR

C’est comme ça. Il y en a qui n’aiment pas Casillas, il y en a qui n’aiment pas Coppola, il y en a qui n’aiment pas Joy Division (et encore moins New Order), il y en a qui n’aiment pas Godard, il y en a qui n’aiment pas Camus, il y en a qui n’aiment pas Leiter, il y en a qui n’aiment pas Madame Bovary, il y en a qui n’aiment pas Huguenin… Moi, je n’aime pas Patti Smith. Ou plutôt, je n’aime pas ses disques, ses chansons. Ou plutôt, je n’aime pas la grande majorité de ses chansons – parce que comme souvent, il y a une exception, et cette exception est ici son plus grand hit – “le seul”, peut-on entendre au début du documentaire et je dirais que ce n’est pas tout à fait exact, en France en tout cas, tant je me souviens des passages en boucle de People Have The Power vers 1988 et exemple quand même assez parfait que le fond, aussi intéressant et pertinent soit-il, a (presque) toujours besoin de la forme. Son plus grand hit, donc ? Une histoire d’amour sur fond de piano entêtant, à la musique composée par Bruce Springsteen, qui en a aussi coécrit le refrain. Because The Night est une belle chanson, une chanson qui fédère, une chanson qui colle des frissons. Et pour moi, ça s’arrête un peu là. Continuer la lecture de « Patti Smith, La Poésie du Punk »

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Marbled Eye de retour après cinq ans d’attente

Marbled Eye / Photo : Jeremy Chiu
Marbled Eye / Photo : Jeremy Chiu

Cinq ans après Leisure, leur unique album, la bande d’Oakland (composée de Chris Nativitad, Alex Shen, Michael Lucero & Ronnie Portugal, qui succède à Andrew Oswald parti du groupe récemment) a su être patiente. Après moult événements de vie (séparations, naissance d’enfants ou autres déménagements), Marbled Eye nous fait le plaisir d’un nouvel album, Read The Air, enregistré dans divers lieux de répètes ou piaules de la ville, à paraître chez Digital Regress (label de qualité qui célèbre la scène locale et d’ailleurs telles les Shifters, The Kiwi Animal, Exek ou Bobby Would pour ne citer qu’eux) et Summer Shade (Tony Molina en sortie unique). Continuer la lecture de « Marbled Eye de retour après cinq ans d’attente »

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I Love You But I’ve Chosen Darkness, Fear Is On Our Side (Secretly Canadian, 2006)

On n’y croyait plus. Trop longtemps, ce groupe est resté le secret le mieux gardé de la scène musicale américaine : concerts distillés au compte-goutte, disques livrés avec parcimonie. Depuis ses premiers balbutiements en 2001, il n’en avait sorti que deux – Un CD constitué de cinq morceaux, débarqué sans crier gare au crépuscule de l’année 2003 (et remerciements éternels à Etienne Greib pour avoir attiré notre attention sur We’re Still The Weaker), puis un maxi vinyle, fort de deux nouveaux titres, distribué en catimini quelques mois plus tard. C’était à la fois peu et en même temps, tellement suffisant. Suffisant pour créer une incroyable dépendance, susciter une curiosité quasi-maladive. Qrcrui pouvaient donc bien être ces types ayant trouvé l’un des noms les plus géniaux de l’histoire du rock, de ceux qui donnent juste ce qu’il faut d’indices sur leurs aspirations et ambitions artistiques, sans non plus les étaler au grand jour ? Qui étaient les auteurs de ces chansons à la grâce diffuse, au charme suranné, aux mélodies entêtantes, un pied ancré dans le passé, le regard désespérément tourné vers le futur ? Leur origine, Austin, Texas, ne dévoilait rien du mystère. Leurs accointances, un peu plus. Continuer la lecture de « I Love You But I’ve Chosen Darkness, Fear Is On Our Side (Secretly Canadian, 2006) »

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Chromatics, Night Drive (2007)

Où il sera forcément question de réinvention. Un art qu’ils ne sont pas si nombreux à dominer dans le milieu de la musique moderne. Sans prendre trop le temps de la réflexion, on pense immédiatement à The Beloved, quatuor anglais post-new-wave métamorphosé en duo hédoniste sur un album, le bien nommé Happiness (1990), qui pour avoir tutoyé d’un peu trop près le soleil, n’aura jamais la descendance qu’il aurait été en droit d’espérer. Ou Simian, autre groupe “classique”, adepte d’une pop déstructurée baignée de psychédélisme ouaté auquel peu de gens rendront Justice avant que deux de ses membres, Messieurs James Ford et Shaw, ne se décident à investir dans une Mobile Disco. Aujourd’hui, ces deux-là comptent parmi les producteurs les plus réputés de la planète et leurs noms suffisent à emplir les dancefloors. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, dans leurs derniers coups de cœur, ces deux-là citent souvent ChromaticsContinuer la lecture de « Chromatics, Night Drive (2007) »

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The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy)

2024 commence à peine et c’est déjà l’heure du bilan des bilans. A peine achevé l’exercice rituel des palmarès de fin d’année, les doutes et les regrets affluent inéluctablement. On en revient à tous ces albums que l’on n’a mal écoutés ou pas assez, ceux qui ont mis un peu plus de temps que les autres à parvenir jusqu’au cœur parce qu’ils ont débarqué tardivement – fin octobre pour celui-ci – et qu’ils réclament davantage d’attention pour que leur importance cruciale finisse par s’imposer clairement. Un brasier à combustion lente, donc. Mais, après tout, The American Analog Set n’a jamais brillé par son aisance dans les sprints. Même au cours de sa première vie, celle qui s’était achevée en 2005 et dont les souvenirs avaient fini ensevelis sous l’indifférence. Continuer la lecture de « The American Analog Set, For Forever (Hometown Fantasy) »

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Chère Madame Del Rey,

Chère Madame Del Rey,

Comment allez-vous ?
Nous espérons que la douceur californienne vous a permis de savourer des fêtes de fin d’année plastiques, les auréoles californiennes de rigueur, plages et montagnes, océans et continents, autoroutes et voisinages à perte de vue, à perte de soi. Nous espérons aussi que l’accordeur a pu passer pour le piano, que la gazinière fonctionne de nouveau et que, malgré les événements, effusions et autres tempêtes qui ne manquent jamais d’animer la fin de décembre, vous avez pu vous asseoir un peu, chaque jour, pour coller de nouveaux mots à d’autres, de nouvelles mélodies à d’autres, cet art qui vous est unique, et que vous continuez de vouloir le partager avec le monde, les autres mondes que le vôtre, à la faveur d’éventuels albums. Continuer la lecture de « Chère Madame Del Rey, »