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Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk »

Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Deeper, ça a d’abord été pour moi une révélation sur scène, en novembre dernier à la Boule Noire. « C’est trop bien, non ? », « Il chante un peu comme Robert Smith, tu trouves pas ? » ; je cherchais confirmation autour de moi. J’avais assez apprécié ce que j’avais écouté pour avoir la curiosité d’aller au concert, mais je n’avais pas imaginé être aussi impressionnée. Parce que Deeper, c’est un peu générique comme nom, des nouveaux groupes de post-punk il y en a plein, et puis on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent, ces gars-là. C’est qu’ils jouent de cette musique pressée, à guitares aiguisées et motifs répétés à laquelle il est si tentant de mettre une étiquette. C’est peut-être cette voix qui fait la différence en trahissant – pour le meilleur – la sensibilité mélodique du groupe ; il y a en tout cas, aux premières résonances de chaque titre, cette efficacité immédiate et cette pensée : « Ah non, c’est elle ma préférée ».  Au micro, c’est Nic Gohl, chanteur et guitariste, leader par défaut d’un quatuor dans lequel aucun ne prend plus de place que l’autre ou ne cherche à paraître différent de ce qu’il est. Continuer la lecture de « Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk » »

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Mark Lanegan, Bubblegum XX (2004, rééd. Beggars Arkive)

Cinquième album de Mark Lanegan, Bubblegum (2004) est une rupture dans la discographie de l’ex-Screaming Trees. La carrière solo de Mark Lanegan commença au final comme un accident. Enregistrant des reprises avec Kurt Cobain et Kris Novoselic, Lanegan sortit en catimini en 1990 The Winding Sheet grâce à une avance de Sub Pop. Ce disque est sec comme un coup de trique et décharné à l’extrême. Mais sans s’en rendre compte, Mark Lanegan venait de débuter une nouvelle carrière avec évidemment de nouveaux ennuis. L’enregistrement du disque suivant, Whiskey for the Holy Ghost (1994), dura des années et fut un cauchemar pour le label ainsi que pour les ingénieurs du son qui osaient s’approcher de la console. Sur ce disque, comme sur les trois suivants, Lanegan traçait sa voie bordée par les ombres de Jeffrey Lee Pierce et de Johnny Cash. Ce dernier, séduit par l’âme noire de ce grand échalas, lui proposa d’ouvrir pour lui lors d’une de ses tournées américaines. Johnny Cash, le Gun Club… Toutes ces références vont être mises en arrière plan avec Bubblegum. Lanegan casse son jouet (une habitude) pour se créer une nouvelle identité. Continuer la lecture de « Mark Lanegan, Bubblegum XX (2004, rééd. Beggars Arkive) »

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Selectorama : Cassie Ramone

Cassie Ramone / Photo : fb
Cassie Ramone / Photo : fb

C’était il y a bientôt 15 ans déjà. Nous étions sur la fin de la première décennie des années 2000, inaugurée par le retour en force des groupes de rock comme The Strokes, The White Stripes, Yeah Yeah Yeahs, Black Rebel Motorcycle Club et autres Art Brut. En 2008, alors que Jay Reatard débutait en force sa carrière solo et que Crystal Stilts, Dum Dum Girls et Brilliant Colors n’allaient pas tarder à entrer à leur tour dans l’arène, sortait le premier album décapant des Vivian Girls, trio pop/punk/garage basé à Brooklyn. Le savant mélange de grosses guitares à de savoureuses mélodies harmonisées façon Shangri-Las bourgeonnant comme des roses au milieu des orties, évoquait beaucoup Black Tambourine, l’incontournable groupe de Mike Schulman. Malgré le passage du temps, des titres comme Damaged, Going Insane ou comme l’excellente Where Do You Run demeurent toujours aussi percutants et réjouissants. On n’a pas non plus oublié des perles comme I Can’t Get Over You – dont la partie vocale finale me serre à chaque fois le cœur – ou The Desert, qu’on trouve sur Everything Goes Wrong, le deuxième des quatre disques qu’auront sorti les new-yorkaises entre 2008 et 2019. Continuer la lecture de « Selectorama : Cassie Ramone »

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Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS)

Brigitte Calls Me Baby ont-ils la capacité de séduire le fan lambda de rock alternatif américain ? La réponse est évidemment oui. Le déhanché de Wes Leavins et les refrains devraient rapidement faire leur petit effet. Concernant les fans européens, les scribes de la RPM canal historique et les fanatiques de Morrissey, la réponse est quant à elle beaucoup moins sûre. Une rapide écoute pourrait ranger le disque entre le premier Menswear et une compilation de Gene. Il faut pourtant laisser sa chance au produit. Et se la jouer à l’américaine en ne connaissant aucun groupe de la deuxième division d’honneur anglaise des années 90 tout en faisant l’impasse sur les débuts de la carrière du Moz. Continuer la lecture de « Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS) »

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Selectorama : R. E. Seraphin

R. E. Seraphin / Photo : DR
R. E. Seraphin / Photo : DR

Pour son second album Fool’s Mate, Ray Seraphin confirme et prolonge les belles promesses déjà saluées en ces colonnes il y a quatre ans. Membre désormais éminent de la scène indie californienne, il témoigne d’une érudition impressionnante sans pour autant sombrer dans le pastiche révérencieux. Du bruit, des mélodies et du style : on retrouve ces mêmes ingrédients dans la sélection proposée. Continuer la lecture de « Selectorama : R. E. Seraphin »

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Johnny Cash, Songwriter (Universal)

Et bien celui-là, on ne l’avait pas vu venir… Retrouvées de manière inopinée par son fils John Carter Cash, une dizaine de démos de Johnny Cash refont aujourd’hui surface et composent le disque posthume Songwriter. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons de The Mystery of Life, son « dernier disque » avant l’ère Rick Rubin ? La réponse est affirmative. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons d’American Recordings publiées le 26 avril 1994 ? La réponse est négative. Continuer la lecture de « Johnny Cash, Songwriter (Universal) »

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Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop)

Il faut savoir raison garder : les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs disques ni les meilleures rééditions. Sub Pop annonce la réédition de Copacetic, le premier album des Velocity Girl qui, comme leur nom l’indique, étaient plus fans de Primal Scream que de groupes américains.
Publié en 1993, le premier album de ce groupe originaire de Washington DC est passé sous les radars de la presse européenne. Et… c’est tout à fait normal. Sorti la même année que Rid Of Me d’une certaine Pj Harvey ou que Debut de Bjork, Copacetic n’avait aucune chance de prendre l’ascendant sur la concurrence. Continuer la lecture de « Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop) »

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Margo Guryan, Words And Music (Numero Group)

 « Take a picture/So we can remember. »

Il a toujours été question, dans cette histoire si particulière, de résister à l’oubli. Le seul album de Margo Guryan a été publié en 1968 et son titre même – Take A Picture, donc – semblait davantage résonner comme une invitation à figer l’écoulement inévitable du temps plutôt qu’à refléter quelques images marquantes d’une époque à côté de laquelle il flottait déjà résolument. Peu de promotion, pas de tournée ni de concerts : un an plus tard les quelques exemplaires mis en circulation s’échangeait péniblement dans les bacs à solde pour le prix dérisoire de trente-neuf cents. Quelques décennies plus tard, alors même que son autrice avait renoncé à toute activité discographique depuis bien longtemps pour se consacrer à l’enseignement de la musique, les hasards des rencontres impromptues et des redécouvertes enthousiastes lui ont offert une seconde vie, plus digne de son rang. Continuer la lecture de « Margo Guryan, Words And Music (Numero Group) »