Avant, il y avait Richmond Fontaine. Ce groupe que j’avais essayé d’aimer, brièvement et vainement, à la fin des années 2000. Comme avec quelques autres – The Hold Steady, Drive-By Truckers – les louanges de la presse anglaise, Mojo et Uncut en tête, avaient suffi pour me donner l’envie de tenter l’expérience et pour acquérir ces albums sur la foi de critiques dithyrambiques. Des disques que je ne retrouve plus sur les étagères encombrées – jamais un très bon signe – et qui ont dû finir dans une cave ou sur les rayons d’occasion de Gibert. Une première rencontre avec l’Amérique de Willy Vlautin globalement manquée, donc. Les souvenirs en sont vagues mais les raisons demeurent : une forme musicale qui charriait encore quelques poncifs country un peu trop virils pour mon goût de l’époque ; du rock littéraire, peut-être bavard. Continuer la lecture de « The Delines – On dirait le Sud »
Étiquette : Lieu : Etats Unis
Catégories selectorama
Selectorama : Sylvie (Ben Schwab)
La vie dans les replis du temps. Ou plutôt dans les sillons d’un disque de Carole King. C’est à ce pas de retrait, loin de l’époque, que nous invite pour l’instant Ben Schwab, en vacances de Drugdealer. Sur le premier album de son nouveau projet, Sylvie, il est beaucoup question de prolonger les lignées musicales, de maintenir une certaine forme de fidélité aux héritages. C’est, en effet, après avoir découvert, dans les combles de la maison familiale, une caisse de bandes magnétiques enregistrées par son père et ses camarades en 1975 et demeurées inédites à ce jour que Schwab a décidé d’honorer à sa manière ces vestiges de l’archéologie intime. Déja-Vu, comme chantaient les quatre autres, ou déjà entendu ? Sans doute, mais ce n’est pas vraiment la question. Il y a, dans la ferveur personnelle qui imprègne ces sept morceaux, quelque chose de plus puissant et qui échappe aux nostalgies convenues de la reconstitution historique. Un sens de la continuité enthousiaste que l’on retrouve dans les propositions d’écoute défendues par Schwab et qui, tout comme lui, bousculent les contraintes trop strictes de la cohérence chronologique. Continuer la lecture de « Selectorama : Sylvie (Ben Schwab) »
Catégories mardi oldie
Cotton Mather, Kontiki (Copper Records, 1997)
On avait trouvé à l’époque l’accroche en forme de punchline de notre chronique imaginaire. Mi- paresseux, mi- soucieux de faire le malin, on s’était directement servi chez Truffaut en ponctionnant quelques phrases sorties du gosier de l’impayable Petite Feuille, l’instit’ des 400 coups. « Il leva un point crispé par la rage et cria d’une voix de tonnerre le fameux mot d’Archimède : Euréka, j’ai trouvé ! Et bien moi aussi j’ai trouvé Doinel. Vous êtes un abominable plagiaire ! ». Il faut dire que, rapidement parcouru, le dossier Cotton Mather s’annonçait particulièrement copieux pour les praticiens du ricanement et autres blasés par nature. Un quasi sosie de McCartney, un dénommé Harrison et des inflexions vocales lennoniennes à faire passer The Aerovons pour le groupe le moins beatlesien des late 60’s, Cotton Mather avait certes de quoi intriguer mais le timing nous suggérait d’envoyer illico cette affaire au rayon fake. Continuer la lecture de « Cotton Mather, Kontiki (Copper Records, 1997) »
Catégories classics
Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis
Écouter Nick Cave and the Bad Seeds sous le soleil d’Ibiza, c’est péché ?
Et Vincent Delerm faisant des reprises de Sebadoh, c’est souhaitable ou pas ?
Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis »
Catégories chronique nouveauté
Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)
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Catégories chronique nouveauté
Small Sur, Attic Room (Worried Songs)
Il suffit de jeter un bref coup d’œil rétrospectif à sa discographie pour s’en convaincre : Bob Keal entretient un rapport à la musique et au temps dont toute trace d’urgence a été chassée depuis bien longtemps. Quelques débris confidentiels enfouis dans les limbes, quatre albums de Small Sur publiés trop discrètement entre 2005 et 2012 et puis le silence complet. Dix années se sont écoulées ensuite, que le natif du Dakota désormais installé du côté de Baltimore a consacré à son « vrai » métier d’enseignant, à sa famille – et notamment à sa fille née en 2014 – bref, à la vie. Ce n’est que grâce à l’insistance et au soutien de quelques amis proches – et notamment des frères O’Connell, Matthew (Chorusing) et Joseph (Elephant Micah) – qu’il s’est décidé à briser un peu de ce silence à la fois choisi et résigné pour retravailler et assembler, fragment par fragment, quelques-unes des esquisses dérobées aux heures besogneuses de la décennie passée. Continuer la lecture de « Small Sur, Attic Room (Worried Songs) »
Catégories borne d'écoute
Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)
« On laisse derrière nous des traces de sang et des morts.
On vous embrasse tendrement «
La météore Weyes Blood revient illuminer notre automne d’une chanson et d’un clip pourtant bien sombre et douloureux. Dans les ténèbres, les cœurs s’embrasent nous dit le titre de son prochain album, And In The Darkness, Hearts Aglow à paraître en novembre chez Sub Pop, second volet d’une trilogie commencée avec Titanic Rising en 2019. It’s Not Just Me, It’s Everybody est une ballade chamber-pop construite sur un simple riff de batterie-piano tournant ad libitum, la voix de Weyes Blood/Natalie Mering fait progresser les harmoniques sur des nappes de cordes et de synthés , des flutiaux raveliens, des chœurs évoquant le We Have All The Time In The World de My Bloody Valentine, et l’envoûtement est d’une force irrésistible. On se repasse le morceau encore et encore, y découvrant des détails à chaque fois, et notre rythme interne ne bat plus qu’à ce tempo si doux, si tranquille. En espérant que l’album entier soit tenu par cette note d’une absolue mélancolie. Continuer la lecture de « Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop) »
Catégories chronique nouveauté
Triptides, So Many Days (Curation Records, 2022)
Après un détour chez Alive Records (Left Lane Cruiser, Beechwood) pour le disque précédent (Alter Echoes, 2021), les Californiens de Triptides rejoignent une autre écurie nord-américaine : Curation Records. Ils y côtoient désormais GospelbeacH ou Beachwood Sparks. Comme ces derniers, la formation menée par Glenn Brigman, explore les voix célestes de la Cosmic American Music chère à Gram Parsons (The Byrds, Flying Burrito Brothers). Si au fil des années, le line-up a évolué, la musique de Triptides réconforte par sa régularité et sa précision. Triptides s’est trouvé, mais ne manque jamais de verve. Leur écriture délicate et intemporelle fait mouche à chaque fois. Continuer la lecture de « Triptides, So Many Days (Curation Records, 2022) »