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Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit)

« Il n’est pas de jouissance plus attrayante, selon moi, que de suivre ses idées à la piste, comme le chasseur poursuit le gibier, sans affecter de tenir aucune route. Aussi, lorsque je voyage dans ma chambre, je parcours rarement une ligne droite : je vais de ma table vers un tableau qui est placé dans un coin ; de là je pars obliquement pour aller à la porte ; mais, quoique en partant mon intention soit bien de m’y rendre, si je rencontre mon fauteuil en chemin, je ne fais pas de façon, et je m’y arrange tout de suite (…) Et quel plaisir encore d’oublier ses livres et ses plumes pour tisonner son feu, en se livrant à quelque douce méditation, ou en arrangeant quelques rimes pour égayer ses amis ! Les heures glissent alors sur vous, et tombent en silence dans l’éternité,
sans vous faire sentir leur triste passage. »

Xavier De Maistre, Voyage autour de ma chambre (1794)

« There’s a world where I can go / And tell my secrets to / In my room. »
Brian Wilson (1963)

On s’en était douté dès la première rencontre, en 2021 : Alex Pester dispose d’un talent et d’une inspiration radicalement incompatibles avec les dispositifs de mises en pause ou de court-circuit qu’imposent les rythmes communs et rationnels de l’industrie musicale – ou de ce qu’il en reste. Né sans le moindre interrupteur intégré, le jeune songwriter britannique a publié l’équivalent de sept albums en cinq ans, dont trois au cours des douze derniers mois. Continuer la lecture de « Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit) »

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Sous Surveillance : Alex Pester

Alex Pester
Alex Pester

Qui ?

Une bouille d’angelot à peine sorti de l’adolescence ; un talent d’un autre âge : à vingt ans, Alex Pester compose, arrange et interprète seul des chansons comme on ne croyait plus pouvoir en entendre. Un vieux Mac de 2011 équipé de GarageBand, quelques instruments : il ne lui en a pas fallu davantage pour commencer à dessiner les contours d’un univers intime aux frontières du folk et de la pop baroque. Il semble y jouir d’une liberté presque sans limite, comme en témoignent les quatorze minutes de Love On Our Shoulders, cette suite invraisemblable publiée il y a quelques semaines où les violoncelles classiques s’entremêlent aux fragments instrumentaux émancipés tout droit sortis d’un vieux disque de Soft Machine. Selon ses propres dires, son épiphanie personnelle a eu lieu lorsque, à treize ans, il a déniché une copie de Bryter Layter de Nick Drake (1970), égarée dans les rayons d’un grand magasin Sainsbury’s. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Alex Pester »