Il est facile de douter de la sincérité de certains artistes. Prenons le cas de Tess Parks par exemple. De l’extérieur, on ne la sent pas vraiment à sa place, un peu paumée et détachée. Devenue la muse d’Anton Newcombe le temps de deux sympathiques albums sortis en duo et de nombreux featurings, on doutait de voir arriver la suite de son premier LP solo sorti en 2013. Nos impressions n’étaient pas totalement fausses puisque Tess a elle-même choisi d’arrêter la musique pendant plus d’un an pour se consacrer à la peinture. Jusqu’au déclic qui nous amène à la sortie de l’épatant And Those Who Were Seen Dancing, nouvel album au psychédélisme microdosé et aux mélodies subtiles. Le travail sur le son est particulièrement réussi, vous enveloppant sans permettre de lâcher prise, jusqu’à ce que la voix de Tess vous pénètre pour vous asséner le coup final. En ce sens, c’est un disque de communion avec l’auditeur, celui qui permettra certainement de comprendre qui est Tess Parks. Le Selectorama qu’elle nous propose est le compagnon parfait de l’album. Entre perles pop, psychédélisme moderne et morceaux dépouillés jusqu’à l’os, il offre une bonne vision de sa palette artistique. Promis juré Tess, on ne doutera plus jamais de ta sincérité.
01. Chad Allen, Looking Through Crystal Glass
Mon père a composé cette chanson quand il avait seize ans ! C’est magnifique, vous ne trouvez pas ? Chad Allen était le membre fondateur et le chanteur original de The Guess Who. A l’époque, ils avaient demandé à mon père de rejoindre le groupe. Étant quelqu’un d’intelligent, il a préféré continuer ses études…
02. Michaelangelo, Son (We’ve Kept The Room Just The Way You Left It)
Alors que je flânais dans le quartier de Soho à Londres en 2010, j’ai repéré une boutique géniale qui vendait des produits dérivés de films et de groupes. Elle a fermé depuis, mais j’y ai entendu ce titre pour la première fois. Je me suis arrêtée net et j’ai fait “Waow”. Shazam n’existait pas à l’époque, alors j’ai demandé au personnel du magasin. C’est l’un de mes morceaux préférés depuis cette époque. A chaque fois que le joue en DJ Set, les gens ont la même réaction que moi quand je l’ai découvert.
03. Shirley Ann Lee, I’ve Got To Make It
Il s’agit d’une découverte plus récente. En toute honnêteté, j’ai arrêté d’écouter de la musique pendant un moment beaucoup trop long. Quand j’ai décidé de m’y remettre, c’est la chanson qui m’y a redonné goût. Elle a une voix si saisissante que l’on peut entendre et sentir son âme. Je veux créer une musique qui sonne de la même façon, je veux que les gens ressentent les mêmes choses que moi. Je crois que pendant les deux décennies qu’a duré la carrière de Shirley Ann Lee, elle n’a enregistré que des reprises alors qu’elle composait régulièrement. Ce morceau est le dernier issu d’une compilation sortie en 2012 qui regroupe toutes ses compositions originales.
04. The Kinks, There’s A New World Opening For Me
Cette chanson est le générique de ma vie depuis deux ans. C’est la première que j’ai écoutée en 2021. Ça me paraissait approprié, car elle est tellement pleine d’espoir.
05. The Dandy Warhols, The Wreck Of The Edmund Fitzgerald
C’est une reprise vraiment cool de Gordon Lightfoot. La chanson parle d’un bateau qui coule dans le Lac Supérieur en 1975. Les 29 membres de l’équipage sont tous morts. Un passage m’arrache des larmes à chaque écoute : « Les mecs, c’était chouette de vous connaître”. J’ai découvert la version des Dandy’s lorsqu’ils ont joué à Toronto pour l’anniversaire des treize ans de la sortie de Thirteen Tales From Urban Bohemia.
06. Entrance, Darling
J’ai entendu cette chanson pour la première fois quand Guy Blakeslee l’a jouée en concert à un festival qui se tenait à Lake Perris en Californie. Sa prestation était prévue la veille. Elle a été annulée à cause d’une grosse tempête. Le lendemain après-midi, ils ont bricolé une scène dans un endroit incongru, installé des tapis et distribué des couvertures pour que les gens soient assis devant lui. J’étais assise à côté de Kala, une de mes meilleures amies. Nous avons pleuré toutes les deux. Tout le monde se retrouve dans cette chanson.
07. Tim Maia, Nobody Can Live Forever
Encore une chanson découverte lors d’une sortie, cette fois dans un restaurant à Austin dans le Texas. Une fois de plus, j’ai dû demander au staff ce que c’était. C’est maintenant ma chanson préférée au monde même si je pense que l’on peut vivre à jamais ! Les paroles sont tellement inspirées : “Il n’y a pas de dieu, il n’y a pas de paradis. Il n’y a pas de diable, il n’y a pas d’enfer”.
08. Tess Roby, Ideas of Space
Je suis amie avec Tess depuis à peu près quinze ans. Non seulement nous partageons le même prénom, sommes de Toronto, mais nous avons la même date d’anniversaire ! Comme elle, je suis musicienne, photographe et artiste multimédia. Nos albums respectifs vont sortir à quelques semaines d’intervalle. J’ai énormément de respect pour cette fille. Elle sort son disque elle-même sur un label qu’elle a fondé. Ce que j’en ai entendu pour le moment est magnifique. Elle sait créer une atmosphère. Les vidéos qui accompagnent ses morceaux ont des visuels stupéfiants.
09. Black Market Karma, Phoney Ailments
C’est le groupe de mon ami Stanley, un songwriter prolifique. Il a probablement écrit quelques milliers de chansons. Si vous ne connaissez pas son travail vous avez des heures et des heures de musique dans laquelle vous allez pouvoir plonger. Les premières tournées que j’ai faites en Europe étaient avec son groupe, Black Market Karma. Je leur serai toujours reconnaissante de m’avoir donné cette chance.
10. Tim Buckley, I Don’t Need It To Rain
Il existe beaucoup de versions de cette chanson, c’est une de mes préférées. Tant de beauté est difficile à décrire. Il faut juste se laisser aller pendant douze minutes. C’est haut la main une des plus belles chansons sur la pluie. Mon ami et membre du groupe Mike traverse des phases pendant lesquelles il est obsédé par un musicien. Il se fixe pour objectif d’acheter absolument tous les disques qu’il trouve de l’artiste en question. J’ai découvert ce titre grâce à lui, alors qu’il ne jurait que par Tim Buckley.