De petits boulots en coups de cœur souvent illusoires, Sophie (Sara Forestier), la presque trentaine, erre dans un Paris en noir et blanc filmé par Nine Antico, qu’on connaissait avant tout par son coup de crayon générationnel bien senti (Girls Don’t Cry, Le Goût du paradis, Coney Island Baby, entre autres). Comme dans ses BD à l’humour bittersweet, elle émaille ça et là son film de références musicales comme de petites pierres blanches qui nous ont immédiatement parlé. Jugez plutôt : Daniel Johnston, Electrelane, Yo La Tengo et trois morceaux de Lispector, dont on vous a souvent parlé ça et là sont dans la BO, Bertrand Belin, Lescop et Berroyer dans le casting. Frais et piquant, Playlist s’éloigne vite d’une colorimétrie de posture pour un cadre graphique parfaitement saisi, et de la promesse de romcom vendue sur l’affiche vers un portrait de fille dans la tourmente d’une vie pas toujours facile, mais terriblement touchant et drôle. On a évidemment eu très envie de lui demander de nous détailler un peu ses choix musicaux entre trois coups de fil et deux e-mails en cette période effrénée de sortie de son film en salles.
01. Lispector, Winona For Ever (Tatoo Song)
02. Gainsbourg, Vartan et Birkin, Les Filles N’Ont Aucun Dégoût
03. Catisfaction, What’s Up Girls
04. Roberto de Simone, Secondo Corro Delle Lavandaie
05. Lucio Battisti, Gente Per Bene E Gente Per Male
06. The Dirty Cousins’ GroiXplosion, Brand New Life (Young Marble Giants cover)
07. Charlene Darling, La Peau Bleutée
08. Sparklehorse, Homecoming Queen
C’est vraiment un groupe que je suis allée voir complètement par hasard. J’avais acheté Libé le matin, et j’ai lu une super chronique qui parlait d’un concert le soir même au Café de la Danse, en 2003. J’y suis allée et je me suis prise une bonne claque, et c’est la première fois où je me suis mise à dessiner en plein concert. A la fin du concert, très émue, je vais voir Mark Linkous pour lui montrer mes croquis pour lui montrer ce que j’avais ressenti. On est allés boire un verre, c’était pas du tout de la drague et on s’est retrouvés un peu comme deux empotés sans se parler… Je ne l’ai plus jamais refait depuis, mais j’ai beaucoup écouté cet album.
09. Suuns, Music Won’t Save You
C’est à la fois littéral à cause des paroles de ce morceau, comme une prophétie et son contraire. J’ai rarement pris des drogues hallucinogènes, mais j’ai écouté ce morceau après avoir pris des champis, et j’ai réalisé à ce moment-là à quel point ça allait tellement bien ensemble. On l’a remis plusieurs fois d’affilée, j’en garde encore la sensation.
10. Arthur Russell, Soon To Be Innocent Fun
L’histoire autour de ce titre va bien avec Playlist : j’avais une relation avec quelqu’un avec qui on s’envoyait beaucoup de musique, il était à distance aux États-Unis, et c’était notre manière d’alimenter notre relation. Un jour, je reçois ce morceau et je lui ai renvoyé un message en lui demandant ce qu’il voulait dire par là. On essaye parfois de pousser l’interprétation, mais j’étais jeune et fougueuse et les mots avaient surement plus de poids qu’ils auraient du en avoir. Il m’a finalement répondu : mais non, c’est juste un beau morceau !
Playlist de Nine Antico (KMBO Films) est actuellement en salles de cinéma.