Comment le guitariste d’un des plus grands groupes du monde s’est t-il retrouvé à enregistrer un album avec le guitariste d’un des groupes le plus injustement méconnu du monde ? Grâce à Lou Reed. Peter Buck a en effet acheté une des peintures de la série des 72 Lou Reed réalisée par Luke Haines. Les deux hommes ont sympathisé et décidé d’enregistrer ensemble. Les exemples sont nombreux, les collaborations entre des artistes que l’on respecte sont souvent loin du résultat escompté. Beat Poetry For The Revivalist est une exception. À la fois enlevé et étrange, le disque se révèle plus proche de l’univers de Haines, on pense parfois à Baader Meinhof, qu’à celui de l’ex R.E.M.. Haines, connu pour ses textes brillants et souvent étonnants ne déroge pas à la règle avec des textes tournant autour de Pol Pot, une radio qui ne passe que du Donovan ou bien Bigfoot. On se demande comme souvent quelle est la part d’excentricité, de génie ou de mauvaise foi chez Luke Haines. Ce selectorama vous le prouvera, il est un peu tout cela à la fois.
01. Robin Williamson, Me And The Mad Girl
J’adore le Incredible String Band. J’aurai pu sélectionner chacune de leur chansons, Ducks On A Pond, Witches Hat… Ils sont perçus comme des hippies devant être mis au rebut avec les autres groupes gnangnans de leur génération. Un véritable non sens. Leurs quatre premiers albums sont de véritables perles cosmiques. Il existe un superbe documentaire sur le Incredible String Band réalisé par la BBC. Robin se présente comme “Robin Williamson – Génie de sa paroisse”. Je suis allé le voir en concert il y a quelques années avec un ami qui joue dans le soap Doc Martin. Malgré ma réticence, on m’a présenté à Robin et sa femme à la fin du show. Ils n’ont fait que poser des questions sir Doc Martin dont ils sont fans. C’était génial.
02. Dennis Waterman, I Could Be So Good For You
C’est le générique de Minder, une série anglaise des 80’s. J’adore aussi The Sweeney. J’ai composé la bande son du film Christie Malry’s Own Double Entry à la fin des années 90. La sortie du film a été retardée car j’étais accro à Minder. Je n’arrivais pas à me mettre au travail avant d’avoir regardé un épisode pour la énième fois.
03. The Fall, Spectre Vs Rector
Aucun disque de rock anglais ne sonne comme Dragnet par The Fall. C’est un album tourmenté. Il faut n’avoir peur de rien pour sortir un disque avec un son pareil. Ce titre est monstrueux. Un unique accord, aucun rythme et un “non riff” absolument horrible. Pendant la période allant de 1977 à 1980, chaque disque de The Fall sonne comme la pièce à conviction d’un meurtre jugé dans un tribunal occulte.
04. The Cure, The Lovecats
Je dis sans arrêt au gens que c’est un disque bien meilleur que Good Vibrations des Beach Boys, mais personne ne me croit. C’était la période pop bénie de The Cure, venant juste après le brillant mauvais trip sous acide qu’était Pornography. Il faut en avoir une sacrée paire pour mener sa vie comme Robert Smith l’a fait. Je l’aime bien.
05. Big Youth, Wolf In Sheeps Clothing
Je n’avais aucune idée de ce qu’était le reggae avant de déménager à Brixton au début des 80’s. C’était à la fin du mouvement maintenant appelé le post punk. Cela sonne cliché mais tout le monde avait des dreadlocks à Brixton en 1984. Le reggae était joué à plein volume où que tu sois. J’ai acheté l’album Natty Cultural Dread sur un stand tenu par un immense rasta au marché de Camden. J’avais les cheveux longs et roux, des chelsea boots et une veste en velours violette. Il s’est foutu de moi. J’adore Big Youth, c’est un mec psychédélique.
06. T. Rex, Raw Ramp
Il s’agit de la face b de Get It On, un des meilleurs single jamais enregistré. Pourtant Raw Ramp est encore meilleur. Marc Bolan mérite d’être reconnu au même niveau que Bowie. Je n’ai rien contre Bowie, mais il prétendait venir de l’espace alors que Bolan était un martien.
07. Luke Haines, Lou Reed Lou Reed
Celle-ci est de moi. Ai-je le droit d’avoir un de mes disques dans cette sélection ? Oui ! Ce n’est pas le meilleur enregistrement au monde, mais je suppose que j’ai réussi à atteindre le coeur du rock’n roll en chantant Lou Reed 72 fois à la suite. Sans ce titre, je n’aurai jamais enregistré un album avec Peter Buck. Mon plan a finalement fonctionné.
08. N’importe quel titre de Nico extrait de The Marble Index, Desertshore ou The End.
C’est une bonne chose que ces trois albums soient considérés comme les œuvres définitives de Nico. John Cale les décrit comme une nouvelle forme de musique classique européenne. The End est un disque vraiment terrifiant. Il fait peur aux enfants.
09. The Beatles, Bad Boy
La première fois que j’ai entendu ce titre, je devais avoir dix ou onze ans. J’aime le rock’n roll des débuts (Gene Vincent et Eddie Cochran) et j’aime les premiers Beatles. Alors quoi de mieux que les deux combinés ? C’est la meilleure reprise enregistrée par les Fab Four. Je n’ai plus écouté les Beatles pendant la période où Oasis dominait les charts. Noël Gallagher était à côté de la plaque en pillant leur période Let It Be avec ce piano d’une lourdeur incroyable.
10. The Jam, Wasteland
Paul Weller était un poète pour les jeunes pendant ses années The Jam. C’est incroyable. Je chantais ce titre avec mon amie Liz Earle quand j’avais quinze ans. Cela n’a rien à voir avec un souvenir romantique ou de la nostalgie, mais je me rappelle de nous deux, adolescents pour qui le monde offrait tant de possibilités, en train de chanter cette chanson.