Selectorama : Lovers Suicide

Lovers Suicide
Lovers Suicide / Photo : Christopher Vincent 

C’est l’histoire d’un jeune homme qui choisit de quitter son Marseille natal, après avoir fait ses gammes avec Quetzal Snakes, un groupe garage psych, pour aller tenter sa chance outre-Atlantique à Montréal. A son arrivée, Alex réactive Deaf, une formation de noise rock avec laquelle il a pu ouvrir pour des groupes tels que Metz ou Cosmonauts. Une tournée française a même eue lieu en 2017, un projet d’album également, mais le groupe implose. Il se retrousse les manches et fonde avec un ami Video Futur, projet garage rock éphémère qui durera à peine un an, le temps de sortir une cassette avec une belle cover du morceau Golden Apples des Country Teasers, et de jouer sur la Côte Est des USA. L’envie de se structurer et d’étoffer le son avec deux guitares supplémentaires est fort, et Orchids voit le jour avec un 7 pouces très aérien, Dead Keys – Another Day qu’on retrouve chez EXAG Records, un label Bruxellois, ce printemps dernier. De fil en aiguille, la vie Montréalaise aidant, les rencontres s’enchaînent et aboutissent sur de nouveau projets musicaux. Alex s’essaie au chant dans Broken Column, à l’esthétique froide et post punk, et le groupe à l’occasion d’ouvrir pour Lydia Lunch ou Jessica 93, et aussi de jouer dans les salles les plus cools de Montréal (L’escogriffe, L’Astral). Ils s’arrêtent pour des raisons personnelles, et l’ancien guitariste propose à Alex de rejoindre Talleen au poste de guitariste. Bis repetita, ouvertures de concerts pour Viagra Boys, Idles, Temples… Si l’album du groupe n’a pas rencontré son public, Talleen veut aller de l’avant et le prochain EP est déjà prêt, et cherche un label.

Mars 2020, la musique s’arrête net pour cause de pandémie, et sa relation avec la personne pour qui il était venu ici aussi. L’hyperactif Alex ne tourne jamais en rond bien longtemps. Il change de logement et arrive dans une colocation qui compte en ses rangs l’ancien bassiste des Dead Ghosts. Timidement, il s’enferme dans sa chambre et commence à composer seul les prémices de ce qui deviendra Lovers Suicide, de la pop de chambre triste et mélancolique. Il se permet même une très réussie reprise de Fade Into You de Mazzy Star. Avec cette capacité à toucher à tout, ne pas avoir peur d’expérimenter, il veut monter un groupe pour jouer de nouveaux morceaux avec Lovers Suicide, afin de garder ceux qu’il compose et enregistre seul de façon cathartique, comme une sorte de chapelle secrète.

Voici 10 titres qu’il a choisi des années 60 à nos jours, à propos de karaoké, d’envie de jouer, de dimanche matins brumeux et de séries télé.

01. Mazzy Star, Fade Into You

Mon premier choix est évident, c’est un morceau que j’ai repris plusieurs fois et qui est dans le premier EP de Lovers Suicide. Je suis un très grand fan de Mazzy Star, et ce morceau c’est un peu « le tube » du groupe, et il m’arrive souvent de l’avoir dans la tête ou même dans mes rêves. C’est une chanson d’amour triste, le genre de truc qui te fait pleurer, en particulier après une rupture.

02. Julee Cruise, Floating

On la connait surtout pour Falling, morceau du générique de la série Twin Peaks, mais toute sa discographie est hallucinante. J’ai un crush spécial pour les albums Floating Into The Night (1989) et The Voice Of Love (1993). Floating représente bien ces deux albums, une musique venue du rêve, le chant de Julee Cruise est une berceuse pour adultes. Ces derniers temps, je faisais de l’insomnie, j’avais besoin de me calmer et j’écoutais Julee pour m’apaiser.

03. Elvis Presley, Love Me

Le King ! Encore et toujours, pour moi. Son buste règne sur mon royaume depuis quelques temps. Mes morceaux préférés restent ses chansons d’amour et celle que j’adore chanter au Karaoké, c’est Love Me. Dans mes futurs projets, j’ai noté : faire un EP de reprises d’Elvis. J’ai écouté celui de Danzig d’ailleurs, qui est pas mal du tout. Affaire à suivre…

04. Link Wray, Apache

La première rock star amérindienne ! J’ai choisi ce morceau car je suis guitariste avant tout et j’adore jouer de la surf musique depuis quelques temps. Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’ai lu que c’est lui qui aurait introduit les power chords dans la musique rock. En tout cas, ce mec a la classe, tout comme ses morceaux. Depuis que je vis à Montréal, je m’intéresse à la culture autochtone, d’ailleurs je conseille au passage le documentaire Rumble : The Indians Who Rocked the World.

05. The Stooges, No Fun

Le meilleur groupe de punk à mes yeux ! Je me suis toujours considéré comme étant punk, même quand je fais des morceaux calmes ou psychédéliques. Tout comme Iggy, je suis pas du genre à écrire des longs textes à la Bob Dylan. No Fun en est le parfait exemple : avec trois phrases, on peut faire un sacré morceau. Au-delà de ça, la rythmique est géniale avec les claps de mains. Je sais pas pourquoi, ça me met en joie à chaque fois que je l’écoute. J’adore aussi la reprise par Moon Duo !

06. Brian Jonestown Massacre, (David Bowie I Love You) Since I was Six

Eh oui, le BRIAN, of course ! J’aurai pu choisir n’importe quel morceau vraiment, tant sa discographie est parfaite. J’ai pris celui-là parce que c’est le morceau préféré de ma blonde. Impossible de ne pas aimer BJM ! Surement le groupe qui m’a le plus influencé, autant musicalement que pour la démarche artistique. Anton Newcombe est un génie, sa tête est un univers merveilleux, il fait souvent tout lui même aussi, j’adore ça. Découvert comme beaucoup avec le documentaire Dig !, mais depuis il ne quitte plus ma vie. Anton, je t’aime depuis que j’ai 16 ans.

07. Psychic Ills, I Don’t Mind

Triste nouvelle que d’apprendre la mort de Tres Warren. Un groupe que je mets souvent le dimanche matin sur ma platine. I Don’t Mind est un bijou absolu et en plus, Hope Sandoval de Mazzy Star chante dessus. En vieillissant, j’écoute et je joue de plus en plus de musique calme, ça fait du bien à mes oreilles après mes années passées avec Quetzal Snakes. J’aurai aimé les voir en live… En tout cas, ils resteront éternellement dans mes enceintes.

08. Suicide, Dream Baby Dream

Des rêves encore et toujours. Ce groupe a un son unique, il suffit d’entendre n’importe quel morceau de Suicide pour savoir que c’est eux. Le genre de rock’n’roll chanté par des fantômes. Il y a vraiment une ambiance dans cette musique, c’est ce que j’essaye de recréer au-delà de juste jouer des morceaux, eux l’ont bien compris. Ou alors c’est un résultat du hasard, mais en tout cas ça fonctionne à merveille. J’aimerai ce morceau pour mon enterrement si possible, merci.

09. Trouble, Snake Eyes

Si vous ne connaissez pas le groupe, c’est normal, c’est un groupe semi-fictif créé pour la série Twin Peaks avec Alex Zhang Hungtai de Dirty Beaches et aussi le fils de David Lynch, Riley. Ce morceau, je l’ai écouté je ne sais pas combien de fois tellement je le trouve parfait. C’est juste instrumental, j’adore le saxophone dans la reverb. Mon rêve serait d’apprendre à jouer de cet instrument, mais j’ai peur de faire chier mes voisins… Le single est sorti chez Sacred Bones mais je n’ai pas vu d’autres morceaux, j’espère qu’il y en aura prochainement.

10. King Dude, Full Virgo Moon

Je finis avec King Dude, l’ambassadeur de la Grande Eglise de Lucifer, pour mon côté satanique. C’est pas du black metal, ne vous inquiétez pas, mais de la neo folk, ou dark folk ou whatever, en tout cas c’est très bon. J’écoute un peu de folk ces derniers temps, mais difficile de trouver des choses que j’aime vraiment. En tout cas, King Dude a tout ce que j’aime dans le genre. Idéal avec la saison, j’écoute ça en me baladant au milieu des feuilles mortes ou en promenade au cimetière du Mont Royal, en passant par la tombe de Leonard Cohen dans le cimetière juif, juste à coté.

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