Appelons ça la vertu de l’expérience, plus de dix ans après son Big Crunch Theory paru chez Versatile, Lisa Li Lund revient chez Pan European et nous sert un Glass Of Blood qui invoque une ivresse immédiate. Enregistré en compagnie du fidèle Guillaume Léglise, l’album met d’emblée la barre beaucoup plus haut qu’auparavant. Et l’unité de cet élixir fascine durablement alors que le casting (ad hoc) aurait pu diluer le propos, or il n’en est rien mais jugez plutôt : Ben Mc Connell (Buvette, Beach House, Oiseaux Tempête), Chloe, Etienne Jaumet et Cosmic Neman (Zombie Zombie), Kim, Gaspar Claus et Romain Turzi. Belle équipe et grands sortilèges, le centre de gravité et de mélancolie reste pourtant d’aplomb. Il y a là du Kate Bush et du Windsor For The Derby, il y a là, enfin, une artiste qui a admirablement réussi à assumer totalement et frontalement son propos. Le mystère se dévoile un brin pour ce Selectorama assez finaud qui prouve que toute action, même minime, peut avoir d’heureuses conséquences, bien des années passées.
01. The Shangri-Las, Past, Present and Future (1971)
The Shangri-Las, c’est le groupe de mon adolescence. Je les écoutais en boucle, je reprenais leurs chansons. J’avais une cassette VHS sur l’histoire des Girls Group, dont elles font bien entendu partie, je la regardais tous les soirs jusqu’à ce que la bande soit usée. J’aspirais à être comme elles, et elles me donnaient du cœur à l’écriture.
02. Shannon Wright, Ribbons of You (2000)
Shannon Wright, c’est la classe intégrale. Elle construit des maisons, écrit de albums d’une puissance et d’une sensibilité à en pleurer, elle m’impressionne énormément.
03. Brigitte Fontaine, Prohibition (2009)
« Je suis vieille et je vous encule avec mon look de libellule. » Je pense que cette perfection se passe de commentaire.
04. Sepultura, Reject (2001)
Ce morceau est une merveille, il est de ceux qui peuvent me mettre de bonne humeur en 2 mesures. J’ai eu la chance d’enregistrer dans le studio de Sepultura au Brésil, avec leurs instruments et leur ingénieur du son. Cela reste un de mes meilleurs souvenirs de session.
05. Califone, Mother Of Violence (2016)
Califone est un de mes groupes favoris, et ce morceau se pose comme une nénuphar sur n’importe quelle playlist. Le jour où ils sont venus à l’un de mes concerts à Chicago, j’ai failli m’évanouir sur mon piano.
06. Baxter Dury, Isabel (2011)
Le morceau parfait pour préparer des sandwichs de PB and J.
07. Selena Gomez, Rare (2020)
Ce morceau : je l’ai écouté au moins 6 milliards de fois depuis sa sortie. L’album du même nom est un vrai bonheur. La production de ce disque, sur cette chanson en particulier est d’ailleurs une de mes inspirations pour l’album que je viens de commencer à écrire.
08. Fleetwood Mac, Albatross (1968)
C’est le morceau que j’ai envie d’entendre quand je me réveille à l’autre bout de la Terre à 4h32 après avoir dormi 13 minutes, pour me sentir en sécurité.
09. Flower Traveling’ Band, Kamikaze (1972)
J’étais dans la voiture de Romain Turzi, nous rentrions d’avoir joué ensemble avec Etienne Jaumet au Festival Elektricity à Reims, lorsque j’ai entendu ce groupe pour la première fois. Je suis rentrée chez moi, n’ai même pas enlevé ma veste ni posé la guitare électrique que je portais en sac à dos quand j’ai commandé deux exemplaires de l’album Made in Japan. C’était une si belle découverte qu’il fallait que j’en aie un pour moi, et un pour le faire découvrir à mon tour.
10. Jonathan Richman and The Modern Lovers, Affection (1979)
Lorsque j’ai entendu ce morceau et son auteur pour la première fois, je conduisais le vélo de ma grand-mère en Suède, en direction du lac gelé, je venais de faire un stop aux boîtes aux lettres du village pour y récupérer un précieux courrier d’Etienne Greib qui m’envoyait des mix-tapes sur mini-disques dont la plupart des titres restent aujourd’hui une grande partie de ma culture musicale. J’ai entendu Affection, et j’ai compris qu’il existait un musicien dont le cœur était de la même couleur que le mien, et qui chantait comme je rêvais qu’on me parle. J’ai partagé cette découverte avec mon frère David et cela a changé nos vies à jamais.
+1 : Soft Black, Midas Tongue (2020)
Soft Black est un de mes groupes New Yorkais préférés. Et bien que j’aie au départ assisté à leurs concerts car je flirtais avec leur batteur qui était tellement le sosie de Mick Jagger jeune que j’ai failli en perdre la raison, c’est bien le talent de leur leader, Vincent Cacchione, qui m’a fait acheter tous leurs albums depuis et devenir également fan de Caged Animals, le groupe qu’il a monté avec sa talentueuse partenaire Magali.