La magie ne se décrète pas. La preuve avec les premiers extraits du disque de Liam Gallagher (Oasis) et de John Squire (The Stone Roses)… Prenez le meilleur chanteur anglais des années 90, mettez le en studio avec l’un des meilleurs guitaristes anglais et vous obtiendrez des chansons convenues et d’un ennui considérable. Une autre preuve de cette vérité avec le nouveau disque des Real Estate. Ce groupe, originaire de Ridgewood (New Jersey) et signé au départ chez Woodsist, faisait depuis des années une musique d’agence immobilière. Martin Courtney et Alex Bleeker, le duo à la tête du groupe, ne prenait aucun risque et avait pour hobbie de réciter poliment les leçons données par des ainés adulés.
Rien ne laisser donc présager l’excellente surprise que constitue ce sixième et nouveau. On quitte donc l’open space de l’agence immobilière pour se rendre dans un squat qui a gardé en mémoire le passage de Jeff Tweedy. Enregistré dans les RCA Studio A de Nashville avec Daniel Tashian, Daniel (en référence à… Daniel Tashian) change indéniablement la stature des Real Estate. On se met à rêver d’une suite rapide, d’un disque solo de Martin Courtney, d’une tournée française cossue… Le rôle joué par Daniel Tashian est considérable pour ce disque. Les neufs jours d’enregistrement ont permis d’éviter de rallonger les quelques minutes inutiles qui auraient fait capoter l’affaire.
Quasiment aussi court qu’un disque de Weezer et aussi honnête qu’un disque des Ramones, Daniel regorge de gimmicks astucieux qui devraient plaire aux fans d’un certain Michael Head. Et il ne faut pas beaucoup de temps pour s’en rendre compte : Somebody new, le morceau d’ouverture, est splendide et annonce la suite, qui ne déçoit pas. On pense au coup de chance… Perdu. Martin Courtney déroule des mélodies dans leur plus simple appareil et trouve des gimmicks imparables (le refrain de Water Underground, les guitares de Market Street) qui font de ce disque une boîte à musique remarquable.
Je comprends tout à fait ton argumentation. Real Estate (comme Teenage Fanclub par exemple) est un groupe « classique » qui fonctionne avec de bonnes chansons. L’équilibre est toujours très subtil entre l’ennui et l’alchimie. S’ils n’ont pas la petite « touche de magie », les disques sont chiants et plats mais quand ils ont le mojo c’est sublime.
Je te trouve du coup un peu injuste sur le reste de la discographie du groupe. « Atlas » est vraiment un disque magnifique par exemple. Redonne lui une chance. Dessus il y a des merveilles comme « had to hear » « talking backwards » ou « horizon » (une de mes chansons préférées de Real Estate).
Personnellement j’aime beaucoup les trois premiers disques, en sachant que le premier est vraiment un produit de son époque et assez à part du reste de leur discographie.