En 2019, Slumberland Records fêtera ses trente ans. À cette occasion, le label éditera un Singles Club en 45 tours. Ce réjouissant bond dans le passé prend des allures de baroud d’honneur pour un format dont la santé est vacillante, malgré le succès récent, non démenti jusqu’ici, du vinyle. Joignons-nous au label dans la célébration de ce lumineux support, celui des plus timbrés dans la secte des collectionneurs de disques.
Qui sont les Posies à l’heure où sort leur troisième album ? Une sorte d’anomalie dans un courant et une époque qui surfe sur la révolution Nevermindpour ne surtout pas trier le bon grain de l’ivraie. Il y a trop d’argent et de drogues en jeu. On vous passera la liste des containers entiers de la déchetterie que furent aussi ces années-là, mais s’il est bien un disque à réécouter sans a priori en gardant le souvenir d’une fanitude commencée là et largement confirmée depuis (Blood/Candy en 2010, chaudement conseillé), c’est bien Frosting On The Beater, véritable tour de force power pop d’une rentrée 1993 qui en comptait pourtant d’autres, ramenant le sceptre et le spectre de Big Star aux nouvelles générations, le récemment réévalué Thirteen du Teenage Fanclub en tête. Continuer la lecture de « The Posies, Frosting On The Beater (Omnivore Recordings) »
Inconscience ou provocation ? Culot pur et simple ou plutôt absence presque totale de sens du timing et des modes ? Difficile, un quart de siècle après les événements, de rendre compte de la curieuse combinaison d’ingrédients susceptible d’expliquer la naissance d’un groupe au patronyme de chochottes – les bouquets de fleurs, sérieusement ! – et aux accents résolument pop à Seattle, alors même que les premiers frémissements du grunge commencent tout juste à s’y faire sentir. Continuer la lecture de « The Posies, Failure (Omnivore Recordings) »
Lena Simon (basse), Shana Cleveland (guitare et chant), Marian Li Pino (batterie) et Alice Sandahl (clavier). Photo : Andrew Imanaka
Un récent départ pour Los Angeles, machine à rêves, et des heures passées sur les routes le nez à la fenêtre ; c’est certainement dans un sommeil paradoxal que Shana Cleveland, voix de La Luz, a composé Floating Features. Cigales géantes, aliens et autres créatures surréalistes planent sur ce troisième album, paru au printemps chez Hardly Art. Fidèles à leur marque de fabrique – batterie tonitruante, mélodies ensorcelantes et harmonies spectrales – les filles de Seattle nous rassurent : le soleil californien n’a pas encore ôté à leur surf rock son charme sombre. A des lieues de l’enregistrement DIY d’It’s Alive (2013) et de l’urgence insufflée par la production de Ty Segall sur Weirdo Shrine (2015), Floating Features se distingue par la variété et le détail de ses arrangements. Un album plus recherché, peut-être plus mature, qu’elles défendaient le 21 septembre dernier au Levitation France à Angers. Quelques minutes avant leur montée sur la scène du Quai, elles ont abordé en toute honnêteté leur vie sur la route, de la monotonie des stations essences à la nécessité, pour s’accomplir, d’avancer sans trop se retourner. Continuer la lecture de « La Luz : « On n’a pas besoin d’un homme pour partir en tournée. » »
Acte 1. Considéré comme une légende urbaine, le bug de l’An 2000 a bel et bien existé. On lui doit ainsi le détraquage en règle de l’ordinateur asthmatique avec lequel Red enregistre alors son premier album à demeure. Paru un an plus tard sur le micro label Rectangle – dirigé par Quentin Rollet et Noël Akchoté, esprits et musiciens libres s’il en est –, Felk se fiche pas mal des genres et de la bienséance. Âmes sensibles s’abstenir, il ne s’agit ici en aucun cas de faire beau, de cajoler l’auditeur. Continuer la lecture de « Red, Felk Moon (Bisou Records) »