Faire de la pop à guitares a toujours été un sacerdoce en France. Née sous une mauvaise étoile, la musique électrique hexagonale a toujours du lutter pour exister et se faire une petite place sur les ondes des transistors. À chaque époque ses déboires, mais aussi ses vaincus magnifiques emportés par leur enthousiasme, prêts à en découdre pour déjouer l’oracle. Parmi eux, Les Freluquets tiennent une place de choix. Originaire de Perpignan, le groupe indie-pop publie De Nos Jours, un premier 45 tours en 1987, suite à tremplin organisé par une radio locale (RMS) et le disquaire Lolita. Les Freluquets s’inspirent des formations britanniques C86 de l’époque (Razorcuts, Chesterfields, etc) mais s’expriment en français, un choix délibéré, pour exprimer au plus juste [leur] humour et [leurs] préoccupations*.
L’EP a un succès d’estime, obtenant des chroniques dans Les Inrocks et certains fanzines comme In The Rain. Un deuxième single est enregistré mais finalement annulé. Avec le départ du batteur Rodolphe Vassails, Philippe Lavergne (guitare/chant) quitte la Catalogne et rejoint son ami à Paris. Là-bas, les Freluquets renaissent avec l’arrivée de Denis Colson (guitare), Patrice Rul (basse) et Stoyan C. (chant). Le groupe est l’un des premiers à signer avec Rosebud où seront bientôt hébergés Katerine ou Welcome to Julian. Les Freluquets bénéficient alors d’un petit budget pour enregistrer un album. Les sessions d’enregistrements de La Débauche (1990) sont pour le moins expéditives : quatre sessions de huit heures dans un studio exigu. Le groupe a aussi largement retravaillé son répertoire depuis la phase catalane ; il ne bénéficie pas d’un large choix de morceaux. Le résultat final est d’autant plus saisissant. En moins de 30 minutes, pour la version CD, moins pour le vinyle, la formation écrit une page de l’histoire de la pop française. La Débauche (1990) est l’un des premiers albums d’indie-pop hexagonaux, au coté de Voilà Les Anges (1988) de Gamine. Il faut se laisser porter par les guitares carillonnantes de la merveilleuse chanson titre (La Débauche) ou du hit manqué Les Portes.
Entre The Jam (A Town Called Malice), The Smiths (This Charming Man) et The Byrds (les guitares jangly en goguette), la chanson nous galvanise. Il est donc possible d’envisager faire de l’indie-pop ici et de surcroit, dans notre langue. Les Freluquets font une seule exception avec une Love Story charmante, réponse au Frans Hals de McCarthy. Les autres chansons (Memorie, l’excellente Si) ne déméritent pas non plus. Entrecoupé de morceaux instrumentaux plus planants (L’esprit du Temps, Warda), le format de La Débauche s’avère souvent plus proche des mini albums de New Rose des années 80 (Les Calamités, Les Rythmeurs) que d’un véritable long jeu. Logique, compte tenu des circonstances de sa création, et il n’en est d’ailleurs que plus percutant. La Débauche n’est pas sans défaut, mais reste néanmoins un petit miracle en France, tant la conjecture n’y était pas favorable. Se battre contre les moulins à vent a du bon et parfois, il arrive que l’on gagne quelques batailles.
Le groupe sera en concert au Paris Popfest le vendredi 27 septembre, au Hasard Ludique, avec Chimes School, The Orchids et Would-be-goods. La Débauche devrait être réédité en fin d’année sur l’excellent label brestois Too Good To Be True avec des inédits, dont le fameux deuxième single.
*La citation en italique provient d'une interview de Philippe Lavergne, réalisée en 2012, sur le site Requiem Pour Un Twister , par le même auteur que le présent texte.
Bonjour ,Et bien je n’ai jamais entendu parler des Freluquets ,et pourtant je peux dire sans forfanteries aucune ,que cette scène Française des années 80′ je connaissais un peu .Le nombre de formations que j’ai vue en concert ces années là …
Souvenirs Souvenirs comme l’a chantait notre « JOJO » National .En groupe POP, les NIGHTS et Mister MOONLIGHT étaient assez extraordinaires .