LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE MAI 2022

Satanée chaleur. On a beau vivre le présent comme on peut, elle vient tout écraser sans prévenir. A-t-on le choix de se libérer d’elle ? Pas vraiment, à moins d’actionner des aides qui ne feront qu’accentuer sa présence à l’avenir. Le serpent qui s’avale tout seul au fil du temps… Nous choisissons de nous aérer la tête avec des nouveautés pop moderne. Voici notre salve pour les beaux jours, cent pour cent fraîche, ma bonne dame. En espérant qu’on ne nous rejoue pas en boucle L’Été Meurtrier.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Chronophage, Summer To Fall (Bruit Direct Disques/Post Present Medium)

Harmonieux et mélodique comme pourraient l’être les Stroppies, Chronophage a récemment déménagé d’Austin à New York et revient avec un album qui devrait tenir ses promesses. C’est l’excellent Bruit Direct Disques qui régalera nos oreilles en Europe. VDPJ

2. Built to Spill, Understood (Sub Pop Records)

Le temps passe, Built to Spill voit ses membres changer mais peu importe, leur son reste le même. Le leader Doug Martsch, par ailleurs producteur de l’album qui paraîtra plus tard cette année, nous fait ici une nouvelle démonstration de l’efficacité de son songwriting. CG

3. Chalk, Root By Root (Post Present Medium)

Échappée solitaire de Barry du groupe Institute, voilà un morceau plein de puissance, de mélancolie et de rondeur qui avait fait l’objet d’une borne d’écoute. Album à venir cet été sur Post Present Medium. VDPJ

4. Laura Veirs, Seaside Haïku (Bella Union)

Les cadres et les bibelots sont restés dans les cartons : ça soulage, et l’air a les pieds dans l’eau, arrangements troublants de beauté. L’impatience grandit au sujet du prochain album de Laura Veirs. CC

5. Girlpool, Dragging My Life Into A Dream (Anti/Epitaph)

Un single ultra efficace pour le duo californien Girlpool qui se détache un peu plus à chaque album de l’esthétique très indie pop de ses débuts (Before The World Was Big, 2015) pour conquérir le terrain de la pop tout court. CG

6. My Idea, Crutch (Hardly Art)

La géniale Lily Konigsberg – dont je recommande fortement les albums – s’est alliée à Nate Amos, membre de Water From Your Eyes, pour un nouveau projet commun, My Idea. Une idée, c’en est une bonne : c’est frais, indie-pop à souhait. CG

7. Emilie Vabre, Là, maintenant (Le Pli)

Emilie Vabre chante des chansons écrites et composées par Flóp et cela donne un album de 11 titres, intitulé En mode avion, disponible via le service d’abonnement mis en place par Flóp lui-même : Le Pli. Là, maintenant est une petite merveille qui fleure bon l’autoproduction sur magnéto 4 pistes dans les années 90 : voix blanche rohmérienne, boîte à rythmes minimaliste, staccati de violons, et prosaïsme sucré-salé des paroles. TG

8. Julien Gasc, Amour Velours (Corps Double)

Suavité extrême, élégance folle des arrangements, un petit pas de côté avec ses amours bossa, Julien Gasc revient avec un single doudou en prémisse à un nouvel album. TS

9. Aoife Nessa Frances, Emptiness Follows (Partisan Records)

Les fans regretteront peut-être la beauté minimaliste des débuts, c’est pourtant avec un plaisir non dissimulé que nous découvrons Emptiness Follows, single doucement psychédélique qui prend même le risque d’intégrer des nappes de trompettes jazzy. DJ

10. Faye Webster, Car Therapy (Secretly Canadian)

Dans ce nouvel EP, Faye Webster, accompagnée d’un orchestre de 24 personnes, revisite certains titres de ses deux derniers albums à l’exception d’une exclusivité, le titre Car Therapy ; des arrangements au rendu à la fois vintage et dramatique, très cinématographiques. CG

11. Boris Maurussane, Social Kaleidoscope (Hot Puma Records)

Ce printemps donne décidément lieu à des réjouissances que l’on se désespérait d’attendre, après une bien longue période de vache covidée maigre. Planète pop baroque à lui tout seul, mais bien entouré de toute une palanquée de musiciens aux bonnes références leftbankables (on retrouve là Julien Gasc, Stéphane « Ricky Hollywood » Bellity, Jean Thévenin, Emma Broughton, Stéphane « Domotic » Laporte, Laurent Talon de Dorian Pimpernel…), Boris Maurussane délivre sur ce grand œuvre tout un monde de notes et de suites d’accords encore jamais reliées entre elles, serties dans un écrin en chêne massif et mousseline de soie. TG

12. Norma, A Place Where I Belong (Shortcuts Records)

A Place Where I Belong est la chanson la plus simple, la dernière et peut-être la plus belle de Hell.O.V.E., le second album de Norma qui, bien que tout à fait française, réussit toujours par son côté folk et sa poésie très brautigane à évoquer l’Amérique. CG

13. Triptides, Fate (Curation Records)

Triptides revient bientôt avec un nouvel album et tournera en Europe à la rentrée. Certes, Fate ne surprendra pas les fans du groupe mais reste une petite merveille de pop aux influences 60/70s à écouter en boucle. L’écriture classique du groupe est toujours un ravissement pour les oreilles. Parfait pour chiller au soleil. AGF

14. Kevin Morby, Bittersweet, TN (Dead Oceans)

Le 13 mai, Kevin Morby dévoilait This is a Photograph, un album particulièrement intime, inspiré de ses albums de famille et des paysages de la brousse américaine. Bittersweet, TN en est l’un des plus beaux moments. Accompagné de son banjo et de la chanteuse Erin Rae au micro, il assume plus que jamais son côté country. CG

15. Gillian Welch & David Rawlings, I Just Came Home To Count The Memories (Easy Eyes Sound)

Gillian Welch ? Sur un album hommage à John Anderson ? Il y a dix mille mondes où cela ne signifie rien, les pauvres, et tous les autres où les cœurs fondent. Heureusement, tout change, toujours. CC

16. Arlt, Le Renard (Objet Disque)

Si Arlt était anglais, cette chanson remplacerait Sleaford Mods dans le cœur des lecteur·ices de blogs à tote bag, et tout le monde se mettrait à lire de la poésie québécoise en terrasse, et s’installerait à Clermont-Ferrand plutôt qu’à Marseille pour vivre la vie d’artiste. Enfin, je crois. CC

17. Rose Mercie, Chais pas (Celluloid Lunch)

On entend plein de choses dans les éclairs de génie du quatuor : Eli Medeiros, Lili Drop, Rita Mitsouko ou toutes les maboules d’Olympia période BratmobileBikini Kill, mais au final il reste des chiffonades bien crues comme ce Chai pas, qui tue, qui fait hurler, qui fait danser. Magie noire. RS

18. Mitraille, Iron Lung (Ronny Rex/Belly Button Records)

Chez nos amis belges de Ronny Rex, voilà le second single-torpille de Mitraille, qui devrait vous catapulter directement dans la fosse aux lions, toutes guitares en avant. (TS)

19. Atol Atol Atol, Gąsienice (autoproduction)

Nouveau projet polonais avec des membres du regretté Ukryte Zalety Systemu, c’est anguleux, tranchant et annonciateur d’un album qui aura du mordant ! VDPJ

20. Otoboke Beaver, I Don’t Want To Die Alone (Damnably)

Ça brûle toujours chez le quatuor punk japonais Otoboke Beaver. Avec 18 morceaux en 21 minutes, leur deuxième album Super Champon enchaîne les uppercuts noisy et colorés, comme si cinq tonnes de jelly beans vous tombaient sur la gueule d’un coup. EV

21. Helen Ganya, Haze/Revolution (Bella Union)

Helen Ganya, que l’on connaissait sous le nom de Dog in The Snow, vient de sortir un EP, Heart to Heart Mirage – quatre chansons abruptes et prenantes. La scène de Brighton se porte bien. CM

22. The Waeve, Something Pretty (autoproduction/PIAS)

Derrière Something Pretty se cachent Rose Elinor Dougall des Pipettes et Graham Coxon, jamais en panne d’inspiration. Après deux concerts début mai, durant lesquels ils ont présenté neuf morceaux, et en attendant un disque probablement à venir chez Transgressive, on a très envie d’accompagner ces deux-là pour une virée en ville qui sonne moins « pretty » que « speedy ». PR

23. Night Moves, Feel Another Day (Domino Records)

Night Moves s’offre un trip dans les 80’s avec ce single qui vous plongera en quelques secondes au volant d’une Mustang dans le grand ouest américain. DJ

24. Motorama, Tomorrow (autoproduction)

En pause des réseaux et des scènes depuis quelques mois pour les tristes raisons que l’on sait, le team de Rostov-sur-le-Don (à la frontière du Donbass, c’est dire) revient avec une chanson nommée Tomorrow. Ce lendemain qui tarde mais doit exister. (TS)

25. Working Men’s Club, Circumference (Heavenly Recordings)

En attendant leur prochain album Fear Fear, Working Men’s Club nous balance un single très 80’s new wave. “I’m feeling alright now the time is passing by/the further we fall makes me feel fine”. CM

26. Her Absence Fill The World, Neon Arabesque (Detriti Records)

Le couple basé à Berlin vient de sortir un deuxième EP – musique en noir et blanc, entre euphorie brute et nostalgie, qui donne furieusement envie de danser. CM

27. Deliluh, Amulet (Tin Angel Records)

En septembre 2019, Deliluh déménageait de Toronto pour débarquer en Europe. Fin mai, ils sortiront un album fiévreux et addictif. CM

28. Astéréotypie, Fantôme de Broglie, Fantôme de Strasbourg (Air Rytmo)

Une carte mentale furibarde qui parlera à tous les strasbourgeois qui sommeillent en vous. RS

29. Martin Carr, Strange Journey (Sonic Cathedral)

Avec Strange Journey, Martin Carr semble nous présenter son CV. De la basse dub des Boo Radleys aux collages de Brave Captain, le tout enrobé du songwriting plus classique des années solo, ce nouveau single est une preuve que ce Géo Trouvetout de la pop est encore capable de nous surprendre. DJ

30. Kendrick Lamar, The Heart Part 5 (Top Dawg Entertainment/Aftermath/Sony)

The Heart Part 5. Un chef d’œuvre d’émotion, de désillusion, de culture et de talent. On pense à Gil Scott-Heron, aux Last Poets, mais sur le sample I Want You de Marvin Gaye. Kendrick Lamar a publié ce morceau quelques jours avant la sortie de Mr. Morale & the Big Stepper, cinquième album attendu depuis cinq ans. A écouter cinq fois d’affilée. Ou plus. PR

31. Shygirl, Firefly (Because)

Assagissement inattendu pour Shygirl avec Firefly, le premier single tiré de Nymph, son premier album prévu pour septembre prochain. Après ses deux EP fiévreux et moites d’électro déconstruite, la londonienne prend de la hauteur, avec un titre RnB rêveur et luxuriant. EV

32. Ravyn Lenae, Venom (Atlantic)

Après quatre ans d’attente suite à son délicieux EP Crush, Ravyn Lenae est enfin de retour avec un premier LP remarquable, le bien nommé Hypnos. Avec sa voix haut perchée et ses mélodies précieuses, Lenae éclaire chaque titre de sa présence évanescente, dans un savant mélange de soul psychédélique et d’électro feutrée. EV

33. Toro Y Moi, Millenium (feat. the Mattson 2) (Dead Oceans)

Mahal est parti pour être l’un des disques de votre été. Groovy et détendu, Millenium donne le ton. La chanson puise dans les seventies mais sans jamais les pasticher. AGF

34. Gabriels, One And Only (WMG)

Après deux EP passés presque inaperçus de ce côté de l’Atlantique, le trio de Los Angeles revient avec un nouveau single, toujours dans la même veine soul 60’s, qui ravirait les amateurs du genre et suscitera l’habituel mépris de ceux qui pensent que c’était mieux avant. A vous de juger. PR

35. Bertrand Belin, Marguerite (Cinq 7)

Belin creuse avec brio le minimalisme de son écriture, troque les guitares pour un son atmosphérique synthétique années 80, il nous surprend avec des textes à la fois évocateurs et abstraits, en mode écriture automatique, pour un résultat plus émouvant que loufoque. Il s’engage avec audace et finesse sur des terrains incertains, dans lesquels la chanson française ne s’aventure plus guère, ouvrant de nouvelles pistes et créant un son unique, à l’instar d’une Cate Le Bon ou d’un Haruomi Hosono, deux figures auxquelles on ne s’attendait pas du tout à songer ici. C’est pas que dalle ! TG

 

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