En ce début d’année cauchemardesque, nous avons choisi comme beaucoup d’autres de rebattre un peu les cartes du jeu géopolitique nauséabond des réseaux sociaux. Pour éclaircir un peu notre position, on ne quittera pas tout de suite ceux où nous avons patiemment construit une communauté fidèle, à savoir, vous. Trop précipité, car il faut du temps pour la rebâtir ailleurs, sous des auspices plus cléments. On continuera donc de vous informer sur Facebook et X le temps qu’il faudra, et nous sommes désormais accessibles également sur Bluesky et Mastodon, pour ceux qui ont à raison pris leurs cliques et leurs claques en claquant la porte. Bonne nouvelle : à l’avenir, tous nos œufs ne seront plus dans le même panier (les réseaux, vous suivez?), puisque dès que possible, on vous informera de nos actualités via une newsletter, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà vous abonner dans la colonne de droite sur le site. Dernier point : puisque certaines plateformes ont choisi de financer la cérémonie d’investiture du plus pathétique pantin de toute l’histoire de la politique américaine, on vous propose le retour de nos playlists du mois mixées, à écouter sur la page Soundcloud de acertainradio.fr. Voilà, en espérant que cette année ne soit pas encore pire que les autres, restons groupés et forts. (TS)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify (malgré l’engagement déplorable de ce dernier). Et aussi, le retour de la playlist mixée sur Soundcloud juste là ci-dessous.
NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.
1. Horsegirl, Switch Over (Matador Records)
Après 2468 et Julie, le groupe de Chicago sort un troisième extrait de leur troisième album, Phonetics On and On, à (s’)offrir en cadeau à la prochaine Saint-Valentin. Hypnotique et entraînant, il confirme le talent du groupe qui sera sur scène le 18 juin prochain à Petit Bain. PR
2. Beach Fossils, Inside Out (cover) (The Numero Group)
Est-ce que l’un des meilleurs titres de l’un des meilleurs albums de tous les temps avait besoin d’une réinterprétation ? Oui, si c’est par Beach Fossils. CG
3. Miki Berenyi Trio, 8th Deadly Sin (Bella Union)
Un premier album pour le trio qui réunit rien de moins que des membres de Lush et Moose – et ce single addictif mis en en images par l’incontournable Sébastien Faits-Divers. CM
4. Object Image, Every Time That You Were Shy (Too Good To Be True)
Bonne nouvelle, l’infatigable activiste Too Good To Be True relance sa série mensuelle d’EPs avec une très chouette première sortie pour 2025, la dream pop d’Object Image. CM
5. Swervedriver, Volume Control (Outer Battery Records)
Depuis sa reformation en 2015, le quartet d’Oxford n’a pour ainsi dire pas sorti un mauvais disque. Volume Control ne déroge pas à la règle, annonçant un nouvel EP, The World’s Fair, à paraitre début mars et enregistré en compagnie de Mark Gardener (Ride, il est du même bled askip). EG
6. Bdrmm, Infinity Peaking (Rock Action Records)
Deux ans après leur dernier LP, le quatuor Britton revient avec un single dreampop shoegaze aussi mignon qu’un personnage de Gregg Araki dans ce premier extrait de leur troisième album intitulé Microtonic, à venir le 28 février 2025 sur le label de Mogwai, Rock Action Records. TS
7. Do It Later, Bed Stuck (Parapente Music)
Un nouveau projet avec des membres de Totorro et Mermonte ne peut laisser indifférent, et l’écoute de ce single aussi énervé que désespéré – l’histoire d’un jeune père qui aimerait bien enfin dormir – en est la preuve indubitable. CM
8. Gus Englehorn, Metal Detector (Secret City Records)
Gus « imagine quelqu’un jouant du métal dans son garage, avant qu’un voisin en furie ne débranche les amplis » et ça donne irrésistiblement envie de partir en délire dadaïste avec lui et Estée Preda. CM
9. Squid, Building 650 (Warp Records)
Nouvel album pour Squid à paraître le 9 février et un single qui tape fort et s’inspire de leur premier voyage au Japon. « La solitude est amplifiée à Tokyo : en surface, tout est frénétique et grouillant de monde, mais quand on tend l’oreille, c’est étrangement silencieux. » CM
10. Viagra Boys, Man Made of Meat (Shrimptech Enterprises)
Les suédois postpainke mettent le poing sur la table avec ce single testosteroné issu de viagr aboys, nouvel album prévu pour avril prochain sur leur tout nouveau label, Shrimptech Enterprises. TS
11. Ex-Vöid, In Love Again (Tapete Records)
Ex-Voïd, ce sont deux anciennes voix de Joanna Gruesome, groupe pop-noise engagé de Cardiff qui tirait sa révérence en 2017. Sur ce deuxième album, la paire se livre à une pop ultra nineties, enjouée et juvénile – pour le meilleur. Sur des riffs bien lourds à la Dinosaur Jr., la voix entêtante de Lan McArdle, liée à celle d’Owen Williams, nous ramène à des heures plus insouciantes et cela fait du bien. CG
12. Mekons, Mudcrawlers (Fire Records)
Presque 50 ans qu’ils écument les scènes rock de la perfide Albion et au-delà, mais les Mekons n’ont pas perdu la foi avec ce single powerpop réjouissant, adoubé par le bienveillant label Fire Records, leur nouvelle maison.
13. Edwyn Collins, Knowledge (AED Records)
« He’s still got it ! » s’exclamait Craig Charles de la BBC6 à l’écoute de cette chanson mélancolique et joyeuse, aussi indispensable pour passer ce mois de janvier compliqué qu’un verre de jus d’orange frais. En attendant le retour du printemps et l’arrivée du premier album depuis six ans, dont la sortie est prévue le 13 mars. PR
P.S. : Le morceau emprunte largement au Fortunate Son de Creedence Clearwater Revival (Fils de personne en VF par Johnny) et c’est encore plus bath ! EG
14. Pete Doherty, Felt Better Alive (Strap Originals)
Après quelque vingt ans de désamour presque parfait, j’ai remisé doutes et critiques au placard pour mieux reconnaître le talent désinvolte de Pete Doherty. Après le chef-d’œuvre enregistré en 2022 de concert avec Frédéric Lo (on y reviendra), l’Anglais confirme que l’air et le beurre normand lui font du bien : sur fond d’une ritournelle aux charmes bonhommes, Doherty chante Felt Better Alive avec l’insouciance de ceux revenus de presque tout. C’est à la fois léger et grave. C’est donc presque parfait. CB
15. Butler, Blake & Grant, Bring an End (355 Recordings)
On pensait en avoir fini avec le concept des supergroupes mais haut les cœurs ! Allons-nous faire nos mijaurées devant cette armada ? On vous laisse retrouver le CV de chaque participant, ça vous fera réviser vos plus belles leçons d’histoire. EG
16. Gillian Welch & David Rawlings, What We Had (Acony Records)
Une fois n’est pas coutume, illustrons cette chanson par son interprétation live car tout est là : deux partenaires de voix et de guitare depuis le Berklee College of Music de Boston, devenus des légendes de Nashville et de la country bluegrass et qui, la soixantaine venue, les mêmes santiags aux pieds, délivrent un album d’une élégance intacte. Ce qu’ils avaient est toujours là et c’est sublime. CG
17. Sylvie, Lady Full of Dreams (cover) (The Numero Group)
La version originale de Lady Full of Dreams est parue en fin d’année sur une nouvelle compilation de Numero Group, Cosmic American Music: Motel California. Elle est issue de l’un des deux albums jusqu’alors totalement confidentiels que Cathy Hamer, son auteure et interprète (par ailleurs mère de la chanteuse folk Kate Bollinger), avait enregistrés à la fin des années 1970, alors âgée d’à peine 20 ans. Ben Schwab de Sylvie s’en empare et, avec une nouvelle voix et quelques accents country, l’enveloppe de plus de chaleur. CG
18. Julien Baker & TORRES, Sugar in the Tank (Matador Records)
Sur cette collaboration qui sera accompagnée d’une tournée américaine (à défaut d’un album), Julien Baker et TORRES signent un titre country simple et touchant, qui lorgne vers certains titres de Juliana Hatfield, pour notre plus grande joie. PR
19. Florist, Have Heaven (Double Double Whammy)
Florist continue à tisser, au fil des saisons, des petits cocons de douceur. Après This Was a Gift cet automne, on se blottira dans Have Heaven, notre cadeau (bien mérité) de l’hiver, jusqu’à l’album ce printemps. CG
20. Clara Mann, Driving Home the Long Way (The state51 Conspiracy Ltd)
Rift, le premier album de cette chanteuse « presque folk » (selon ses mots) venue de Londres, paraîtra début mars. En attendant, quatre singles à écouter, tous aussi poignants les uns que les autres. Clara Mann a cette chaleur dans la voix, ce vibrato rare (évoquant tantôt Laura Marling, tantôt Angel Olsen) qui n’a besoin de rien d’autre que quelques discrets accords de guitare. CG
21. Ethel Cain, Punish (autoproduction)
Sans doute le titre accessible de ce terrifiant nouvel album d’Ethel Cain. Et c’est dire. Perverts est sans doute le plus sombre et expérimental de la carrière de l’américaine, où dark ambient et drone sont le mode d’expression de ses traumas familiaux. TS
22. Tunng, Deep Underneath (Full Time Hobby)
Le sextet londonien dévoilait hier Love You All Over Again, un huitième album marquant les vingt ans de leur premier, Mothers Daughter and Other Songs. Alors je ne vais pas prétendre les connaître depuis tout ce temps, je les ai découverts au fil des singles parus ces dernières semaines, et j’ai hâte de voir cette fine folk se dessiner devant mes yeux au Hasard Ludique le 12 mars. CG
23. Frédéric Lo, Ne plus penser à vous (Modulor Records)
Quelques jours avant son récent compagnon d’aventure britannique, le frenchy mais toujours chic Frédéric Lo a dévoilé le premier extrait d’un quatrième album solo hautement fréquentable à paraitre au printemps prochain. C’est avec L’Outrebleu à l’âme que chante le natif de Rodez une mélodie d’une limpidité absolue. Alors, à l’image d’un disque qu’on n’a pas fini d’écouter les nuits d’insomnies (et les autres aussi), Ne plus penser à vous trouve un équilibre parfait entre “tristesse douce et joie mélancolique”. Histoire de mieux célébrer ce “bonheur d’être triste”. CB
24. Diana Vaughan, La première pestilence (Womb Music)
Découverts il y a tout juste dix jours sur la scène du Sample à Bagnolet lors d’une soirée de leur (jeune) label Womb Music, le duo a charmé son public avec ses subtiles mélopées composées de flûte traversière, de basse sombre et de paroles désabusées. A suivre de très près. TS
25. Hidrogenesse, Volver (Austrohúngaro)
La diffusion de l’excellente série La Mesías sur Arte, dont Hidrogenesse a signé la partie folle de la bande originale, est l’occasion de prendre des nouvelles du duo. Le titre Volver raconte le retour à la maison après un séjour au Mexique, et évoque avec une sensibilité très Pet Shop Boys l’entre-deux, ces derniers instants à l’étranger que l’on passe sa valise à la main. PR
26. Côme Ranjard & Gaétan Nonchalant, Pop-Corn (Vietnam)
Côme Ranjard dévoilait ce mois-ci Pop-Corn, son premier album de chansons, dans la lignée des quatre titres d’Intraterrestre parus au printemps dernier. Sur le titre d’ouverture, il invite son camarade Gaétan Nonchalant et ensemble ils réussissent ce pour quoi on les aime tant individuellement : être poétiques tout en nous faisant sourire, être mélancoliques tout en nous faisant, inexorablement, dodeliner de la tête (et pas que). Rendez-vous le 12 février au Hasard Ludique pour célébrer la sortie de cet album ; ce qu’il se fait de mieux en matière de chanson pop francophone. CG
27. Salami Rose Joe Louis, Arm Fell Asleep (Brainfeeder)
On croirait presque à une chanson japonaise ; la voix presque chuchotée, le synthé aux sonorités très « cozy ». Mais non, la Californienne Lindsay Olsen – de son vrai nom – est une ancienne spécialiste en planétologie ayant remisé ses éprouvettes au profit de synthétiseurs, dont un en particulier : le Roland MV-8800 avec lequel elle a entièrement composé, produit, arrangé et mixé ce titre. CG
28. Bertrand Burgalat, Yuksek et Chilam Balam, Nuit Bleue (Tricatel)
On se laisse embarquer avec Bertrand Burgalat, Yuksek et Chilam Balam dans les méandres d’une nuit bleue. CM
29. Panda Bear, Ferry Lady (Domino Records)
Après sa brillante escapade en compagnie de Sonic Boom, retour en solo pour l’ex Animal Collective avec un morceau plutôt primesautier. C’est pas de refus en ces temps lourdauds. TS
30. Zombie Zombie, Jungle the Jungle (Born Bad Records)
Cosmic Neman et Etienne Jaumet sont de retour avec un premier extrait très prometteur d’un album qui paraîtra en mars chez nos amis de Born Bad Records. CM
31. Rallye, Eau froide (C’est ainsi)
Spontanéité, délire, fun, couleurs, Rallye attire des adjectifs inhabituels de ce côté du pop. Il ne faut jamais que jeunesse se passe. RS
32. Kap Bambino, Parasite (Cleopatra Records)
Du boom boom électronique qui déborde de partout, comme un pacemaker détraqué à je ne sais quelle substance. Visiblement le couple est connu comme le loup blanc à l’international, et en plus c’est leur retour, attendu par des milliers de fans. Bien largué, dis donc, le « rock critic ». RS
33. Heimat, Waldi (Teenage Menopause)
Troisième album attendu le 14 mars et cet extrait hypnotique et ensorcelant qui confirme, s’il en était besoin, que le duo tape toujours aussi fort. CM
34. Chocolat Billy, Comment faire ? (Kythibong/Les Potagers Natures)
De la côte Ouest (Bordeaux), Chocolat Billy balance sa comptine post punk minimale existentialiste en toute décontraction. « Chococoeur » comme dirait Martial ! RS
35. Marius Atherton, Paris (autoproduction)
Un titre qui foudroie d’émotion quand on le découvre pour la première fois au fin fond de la cave du Zorba — puis qui devient une évidence, un classique, un beau texte, la restitution sans fard de l’expérience de ce que c’est d’être humain jusqu’aux claviers qui transcendent, apaisent et, on l’espère, libèrent. On a hâte de découvrir les comptines contemporaines, synthétiques et parfois facétieuses de Marius Atherton à paraître en album le 21 février prochain sous le nom de Music For a While (t’as la réf ?). PN