J’ai vu deux fois Nick en concert ces derniers temps. Ils ont eu lieu dans les mêmes parages, ceux de Rouen en Normandie. Le premier dans le salon d’une maison dans un petit quartier excentré. C’était un lundi soir, je ne m’attendais à rien. Nous étions partis assez motivés avec Viktor et Julien, en dégoupillant canette sur canette à bord du Van dans les virages de la descente de Darnetal. Le concert de Nick et son groupe a été incroyablement chaleureux, et en me retournant pour observer le visage des gens – très important, observer le visage des gens dans les concerts -, il m’a semblé qu’en un accord de guitare, il était parvenu à effacer la morosité saisonnière, dans cette pièce de vie familiale où tapis et canapés avaient été poussés de côté. Plus tard, les membres du groupe causaient musique et plaisantaient avec les spectateurs en fumant des cigarettes dans la cour.
Le second s’est passé dans le garage de mon pote Viktor, à Roncherolles-sur-le-Vivier, à un quart d’heure de Rouen. Lui, sa compagne Maëlle et son ami Julien organisent depuis peu des concerts entre garage et jardin, derrière leur épicerie / tabac de village dans la campagne normande. J’étais en train de tenter de contenir le gamin de Viktor et Maëlle, Anatole et son énergie légendaire, qui m’assistait à la caisse du soir à prix libre. Nous avons pourtant pu trouver un instant de calme pour écouter Nick et sa guitare, qui jouait ses morceaux seul cette fois, face à un public composé de villageois d’ici et de gens venus de la ville d’à côté. Toujours à mi-chemin entre folk et pop teintée de psyché, avec cette voix qui part parfois dans des cris déchirants mais parvient toujours à toucher en plein cœur. Quelque part, ce sont deux instantanés de la vie d’artiste indé, ces concerts. Avec son accent de Sheffield qu’il ne perdra sans doute jamais, il racontait le lendemain entre un café et un croissant qu’il adorait jouer de cette façon-là. Sortir aussi souvent que possible des sentiers balisés des salles officielles, et aller à la rencontre des gens. Sa musique reflète un peu tout ça. C’est sans doute aussi pour cette raison que Nick est extrêmement productif, il a toujours des choses à raconter et à mettre en musique. Nick m’a envoyé avant-hier un petit message pour signaler la sortie de son quatrième album Make Art, sur lequel il a travaillé avec Julien Ledru, Thomas Carpentier au violon, et enregistré par Paul Trigoulet sur un TASCAM ATR 60-16 tracks à Lille. Avec un seul titre pour l’instant, ce Comedy doux-amer, où la vie présente ses injustices, ses personnages vils et vénaux, tellement pathétiques qu’il vaut mieux parfois en rire. Tout le contraire de Nick Wheeldon.
Make Art par Nick Wheeldon & Friends sortira le 2 Novembre 2024 sur Le Pop Club Records