« Chercher à mettre un rond dans un carré / Célébrer l’animal et le manger / Hidalgo dans les limbes à Paris / Y’a du sang dans les fresques d’Annie »
Il n’est jamais trop tard : je découvre en ce moment l’objet idéal de ma vocation tardive de rock-critique (et de Monsieur Du Snob, un peu) : le tout petit tirage. Si possible amical et confidentiel, il détient ce quelque chose d’humanité et de proximité qui renverse la table de l’habitude. Pressé, dupliqué, gravé, scotché, crayonné, passé de la main à la main, ou mieux, envoyé par la Poste, il exhale à une micro échelle ce petit goût de l’attente, ce parfum de découverte, cette jouissance de l’instant, tout en trouvant la quantité adéquate à son rayonnement intime.
Après Renz (une poignée de CDR pour Les sapins de la nuit), ou les Porta’s (10 45t pour L’Argenté du Népal), c’est au tour de Kim (Giani) et Cléa (Vincent) de nous proposer un 45t deux titres, à une vingtaine d’exemplaires (n’attendez pas qu’il soit trop tard). Un petit objet pas si anecdotique puisqu’il recèle l’essence du savoir-faire des deux compagnons musicaux déjà à l’œuvre dans Les Sessions du Carreau l’année dernière : à elle, ce tropisme tropical qui tourne comme une toupie de Rhodes sur laquelle sa petite voix de caractère pose quelques mots en suspens (en lien direct avec les aventures chic (lettrées) et choc (politiques) de Tropi-Cléa), à lui cette distance humoristique mais toujours respectueuse dans l’abord d’un style, ici une chanson bondissante electro – hip hop – lofi. Le duo se rend service joyeusement dans un ping-pong fusionnel : tandis qu’il attaque un solo débridé sur la fin de sa face samba-bossa fluette, elle duette sur sa pile bricolo. Les deux chansons ont l’avantage de pouvoir tourner en boucle ad vitam, entêtantes. Echange de bons procédés et don généreux pour l’auditeur et le fan puisque l’internet en est privé (pas de clip, pas de bandcamp, nada). Deux chansons me direz-vous ? C’est tout ? Parfois, c’est juste(ment) ce qu’il (vous) faut.