En France, nous connaissons Freeez surtout pour son immense classique electro-funk / freestyle IOU, sorti en 1982 et produit par Arthur Baker (Afrika Bambaataa, New Order). Beaucoup ignorent toutefois les débuts de cette attachante formation. Figure de proue de la riche scène brit-funk, Freeez pratique une musique organique dansante, dopée au jazz. Le groupe naît au nord de la capitale anglaise quelque part en 1978. Dans l’esprit punk/DIY de l’époque, Freeez monte même son propre label (Pink Rythm). Le premier album sort chez eux, deux ans plus tard, en 1980.

Le groupe se compose alors de John Rocca (percussion, production), Peter Maas (bassiste), Andy Stennett (claviers) et Paul Morgan (batterie). Le disque connaît un certain succès underground et n’échappe pas à Beggars Banquet, alors très au fait des tendances à travers son activité de disquaire. La structure britannique réédite le disque et absorbe également le label du groupe. Quarante-cinq ans plus tard, Southern Freeez reste un disque frais et attachant. Un classique du (jazz) funk anglais indéniablement, même si l’album n’évite pas certains écueils propre au genre. Freeez peut déjà compter sur deux très bons singles : Flying High et surtout, le morceau titre Southern Freeez, où la chanteuse Ingrid Mansfield Allman (croisée aussi chez Chaz Jankel) vient poser sa voix.
Cette chanson est indéniablement un des sommets de ce très bon LP. Le groupe britannique y développe un groove très particulier, avec conviction. Freeez a une approche punk du jazz-funk. Loin des gardiens du temple, Freeez est impétueux et semble par moment rusher plutôt que prendre son temps. Cette énergie irrigue ce disque et contribue à sa singularité. Dès Mariposa, Freeez pose le décors avec de très jolies influences latines. Caribbean Winter s’éprend d’une rythmique disco irrésistible qui propulse le morceau à une allure frénétique. Sur Easy On The Onion, le groupe se perd un peu. En forçant sur le coté virtuose, Freeez s’éloigne de ses qualités naturelles. Heureusement, la formation retrouve l’inspiration avec la merveilleuse Sunset, bientôt suivi du diptyque de tubes évoqué plus haut. Après le dantesque single, la face B ne retrouve malheureusement pas les hauteurs de la première moitié. Southern Freeez est ainsi une drôle d’affaire : tout sauf parfait, mais tout de même, très exaltant. Dans ses meilleurs moments, les Britanniques proposent une dance music exubérante. Son enthousiasme et ses influences jazz nourrissent le corps et l’esprit, et Freeez excelle dans ce domaine. La formation met une énergie candide dans un registre souvent pratiqué par des briscards. Par la suite, Freeez publie trois autres albums jusqu’au milieu des années 80. Pourtant, Southern Freeez (1980) a une saveur particulière, il définit un moment unique, quelques instants après le punk et à la disco, à cheval entre deux décennies, quand tout était encore possible. Freeez le pensait certainement et ce disque témoigne de cette incroyable vitalité.