Essaie de comprendre 3/8

Échantillons d’une histoire du label Lithium, prélevés dans l’édition spéciale du fanzine Langue Pendue #11, Les Années Lithium

Lucievacarme, dont on attend avec grand espoir d’éventuelles rééditions sur le label américain Captured Tracks (et ses archives « shoegazing ») était l’un des membres de la trinité originelle de Lithium, avec Candle et Dominique A . Alors que ce dernier va voir paraître en avril une exégèse de sa Fossette fondatrice (Dominique A, La Fossette par Thierry Jourdain et Pierre Lemarchand, Editions Densité), l’oeuvre du groupe noisy pop toulousain est toujours un champ d’exploration relativement vierge. En attendant que leur album Milky Way fête ses 30 ans l’année prochaine, avec tous les honneurs qu’il mérite, David Amsellem, chanteur guitariste, et Valéry Lorenzo, batteur et photographe, se sont confiés sur leur aventure des Années Lithium.

Publicité Lithium, circa 1992 (source perdue)

Comment vous retrouvez-vous signés sur le label de Vincent Chauvier, à peu près en même temps que Dominique A ?

David Amsellem : Après un assez long processus. Nous étions en contact avec Alan Gac (futur fondateur du label Rosebud), il était intéressé par les Sales Gosses (pour une histoire des Sales Gosses, voir Langue Pendue n°6) ; on s’était rencontrés à Toulouse lors d’un concert à la Salle FMR. Je l’avais revu à Paris pour discuter de l’éventualité d’être signés par lui. Finalement, ça a trainé, il n’arrivait pas à se décider. Un jour, j’envoie notre démo au fanzine Upside Down, assortie d’une lettre un peu dépitée sur l’état de la scène pop-rock toulousaine (sourire) – nous étions en 1990 – et la difficulté de trouver des dates en dehors du Bikini. A ce titre, je tire mon chapeau à Hervé Sansonetto qui a toujours été super avec nous. Il nous a permis de faire notre premier concert dans une salle et les premières parties d’illustres groupes : Kat Onoma, Dinosaur Jr, Teenage Fanclub… Peu de temps après, le fanzine Upside Down publie une bonne chronique dans laquelle il nous compare à Taxi Girl ; ils parlent de romantisme urbain, quelque chose comme ça. Le fanzine atterrit entre les mains de Vincent Chauvier. Il nous contacte pour recevoir la démo et nous rappelle peu après, il a flashé dessus dès les premières mesures de 1990, un titre fortement inspiré par le 1969 des Stooges. Il nous annonce qu’il monte un label, descend nous voir répéter et nous propose assez spontanément d’enregistrer un premier maxi. Le rêve d’ado – faire un disque – se concrétise.

Avant cela, il y a les Sales Gosses dont je me rappelle le passage de la démo chez Bernard Lenoir, c’est vos véritables débuts ?

Ce sont effectivement nos débuts à la fois sur une radio, qui plus est nationale, écoutée par bon nombre d’amateurs de musique indé. Bernard Lenoir était un peu le John Peel français à l’époque. Le titre qu’ils choisissent de passer est Sous acides influence et les réactions des auditeurs sont enthousiastes. Ce qui est marrant, c’est que ce titre, qui n’a jamais été gravé sur disque, est devenu culte dans la scène indé toulousaine, on m’en a parlé pendant plusieurs années. Ma voix à l’époque n’était pas mixée en retrait comme sur le maxi, du coup on comprenait les élucubrations post acides que je racontais, moi qui n’avais jamais pris d’acide de ma vie ! Nous avions joint une bio à la démo et Lenoir avait cité cette phrase, qui nous avait fait de la pub : « De toute façon, en matière d’instrument, nous considérons que l’émotion est plus importante que la technique ». C’était assez cash, mais c’était notre état d’esprit. (la suite à lire dans Les Années Lithium !)


HIT HIT HIT 3/8 : 5 chansons en anglais

01. Candle, No Eyes

02. Perio, Car Chase Scene

03. Oslo Telescopic, Lone

04. Da Capo, I Stumbled Everyday

05. Françoiz Breut, My Wedding Man


JE ME SOUVIENS DE LITHIUM

L’anecdote de Philippe Dumez

Je me souviens d’un article dithyrambique paru dans Libération au sujet du premier album de Delaney : “Cousine en épure nerveuse d’un Will Oldham ou d’une Kristin Hersh, elle dit ses maux (dépression, blocage, incommunicabilité) avec élégance : comme une rescapée, qui sait ne pas avoir besoin d’en rajouter. Son directeur artistique, Vincent Chauvier, trouve tout indiqué que l’album sorte chez Lithium : il est flottant et médicamenteux. Mais d’une âpreté agréable, d’un goût sucré de sirop que l’on avale en cachette.”


Les Années Lithium, Langue Pendue n°11. Sortie : mai 2021

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