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Stephen Pastel : « J’ai toujours conservé une certaine naïveté dans mon approche de la musique. »

Gavin Thomson & Stephen Pastel / Photo : Steven Gribbin
Gavin Thomson & Stephen Pastel / Photo : Steven Gribbin

C’est l’histoire de la rencontre entre deux groupes. Un faux, un vrai. Dans son premier roman, This Is Memorial Device (2017), David Keenan recompose la biographie fictive d’un groupe culte écossais – Memorial Device, donc – en juxtaposant sous formes d’interviews inventées vingt-six points de vue complémentaires sur la trajectoire éphémère et négligée des apprentis héros du post-punk local. Sept ans plus tard, c’est un héros bien réel de la scène indie de Glasgow qui transpose en une série de fragments instrumentaux le récit épique d’une aventure inaboutie. Stephen Pastel – épaulé pour l’occasion par Gavin Thomson – ingénieur du son et membre épisodique des Pastels – s’est ainsi replongé dans ses propres souvenirs et dans ses archives les plus enfouies pour confectionner une bande-son où les fragments des démos archaïques côtoient les passages composés expressément pour l’occasion. Le collage constitue un album intéressant et un support approprié à l’évocation de quelques vieux souvenirs. Continuer la lecture de « Stephen Pastel : « J’ai toujours conservé une certaine naïveté dans mon approche de la musique. » »

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Richard Thompson : « J’ai composé environ 450 chansons dans ma vie »

Richard Thompson / Photo : David Kaptein
Richard Thompson / Photo : David Kaptein

Je n’ai pas osé tout lui dire. Ce n’est, de toute façon, pas possible. Comment lui avouer, en effet, ce qui relève indéniablement des travers un peu ridicules qu’engendre la passion musicale. Ce disque dur, que je conserve encore dans un état de marche pour le moins incertain et qui contient une soixantaine de bootlegs non officiels que je n’ai jamais écoutés, pour la plupart, mais dont la seule présence demeure curieusement réconfortante. La conviction totalement infondée que, sur l’enregistrement pirate de son concert au Café de la Danse du 6 février 2011, c’est moi que l’on entend crier un peu plus fort que les autres sur le refrain de Tear Stained Letter. Continuer la lecture de « Richard Thompson : « J’ai composé environ 450 chansons dans ma vie » »

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Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe »

Lias Saoudi - Fat White Family / Photo : Alain Bibal
Lias Saoudi – Fat White Family / Photo : Alain Bibal

Pourquoi continuer de monter sur le ring lorsque l’on sait que chaque combat sera long, violent, laissera des séquelles et permettra à peine de payer le loyer ? C’est la question que doit se poser Lias Saoudi depuis les tout débuts de The Fat White Family, groupe dont il est le frontman. L’enregistrement de Forgiveness Is Yours, le quatrième album du groupe, a été marqué par le départ de Saul Adamczewski, membre fondateur, compositeur, visionnaire et dictateur après l’enregistrement d’un titre et demi. Nathan Saoudi, frère de Lias, compositeur au caractère obsessionnel et lui aussi despote, a disparu dans la nature à la fin des sessions. On ne sait toujours pas s’il fait encore partie du groupe. Dire que l’enregistrement de ce disque a été tendu est un euphémisme. Pourtant Forgiveness Is Yours est une réussite totale. Continuer la lecture de « Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe » »

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Jessica Pratt : « Je vis rarement dans le moment présent. »

Jessica Pratt / Photo : Samuel Hess
Jessica Pratt / Photo : Samuel Hess

Certaines personnes semblent atterries d’un autre espace-temps. Jessica Pratt, avec sa silhouette sombre et son visage baigné de lumière, comme échappée d’un tableau en clair-obscur, est de celles-ci. Ce n’est pas que dans son apparence, mais aussi dans la sérénité qu’elle dégage, dans la lenteur de ses mouvements. Alors quand elle évoque son coup de cœur pour Anatomie d’une chute, on est un peu décontenancés : on vit bien sur la même planète, on va au cinéma voir les mêmes films et on n’en peut plus de cette pluie qui ne s’arrête pas. C’est quand elle nous parle de sa tendance à la discrétion, à percevoir des fantômes et à vivre soit dans le passé, soit dans le futur, que l’on replonge dans l’image que l’on se fait d’elle depuis douze ans maintenant : une artiste mystérieuse si ce n’est mystique, abreuvée de folk et de rock sixties, révélée au sein de la scène freak-folk de San Francisco grâce notamment à Tim Presley et son label Birth Records, le premier à l’avoir accueillie. Jessica Pratt dévoilait hier un sublime quatrième album, Here in the Pitch, sur lequel rôdent les spectres de Burt Bacharach et Scott Walker ; rien de baroque toutefois, juste l’essentiel : des mélodies et de la mélancolie.

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Michel Cloup : « Coller avec le texte, sa palette de noirceur avec ses dégradés, du gris vers le noir » 

Détail d'une image du film "Ne Croyez Surtout Pas Que Je Hurle" de Frank Beauvais (2019)
Détail d’une image du film « Ne Croyez Surtout Pas Que Je Hurle » de Frank Beauvais (2019)

C’est peu dire qu’on suit depuis longtemps la non-carrière de Michel Cloup, j’écris non-carrière car on se doute qu’il s’agit plus d’une urgence personnelle à s’exprimer que d’un plan emploi. Si une seconde chose est claire, c’est qu’à travers une fidélité discographique au style qu’il s’est créé, le Toulousain sait aussi se placer là où on ne l’attend pas toujours. C’est le cas du travail effectué autour de l’œuvre littéraire de Joseph Ponthus il y a peu avec le compagnonnage de l’ami Pascal Bouaziz, c’est aussi le cas de ce ciné-concert qui cache une rencontre étonnante entre Ne croyez surtout pas que je hurle, le film essai de Frank Beauvais qui a défrayé la chronique cinématographique il y a quelques temps avec un inattendu succès critique pour un film fragile et minutieux, génialement fait à la maison. Étonnante rencontre où le musicien s’est mis au défi de s’introduire dans ce film constitué d’un montage absolument kaléidoscopique et vertigineux de micro-extraits d’autres films (de tous les cinémas) au service d’un journal très intime. A priori tout l’inverse d’un matériau susceptible d’intéresser le compositeur avide d’espace et de longues échappées. Mais Michel Cloup ne cherche jamais la facilité, ça c’est sûr. Entretien.

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Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique »

Sean O'Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell
Sean O’Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell

Une semaine s’est à peine écoulée depuis la publication de Hey Panda et dans le Landernau – petit, convenons-en – des passionnés d’indie-pop, le débat commence déjà à faire rage. Sacrilège ! On entend de l’auto-tune sur le nouvel album des High Llamas, ces gardiens consacrés d’un temple dont les piliers semblaient sculptés, depuis plus de trente ans et donc pour l’éternité, dans le marbre inaltérable de Pet Sounds (1966). A chaque époque ses dogmes et ses trahisons, ses Dylan électriques et ses « Judas ! ». Toujours est-il qu’on ne peut pas feindre de s’épancher sur la Rétromanie galopante, déplorer que tout est déjà joué, rejoué et archi-joué et ne pas, au moins, consentir à jeter une oreille intriguée et admirative sur cette tentative pour rebattre aussi vigoureusement les cartes alors même que – coïncidence sans doute – un revival Microdisney bât son plein au Royaume-Uni après la diffusion toute récente d’un documentaire dont Sean O’Hagan pourrait se contenter d’assurer le service après-vente. Continuer la lecture de « Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique » »

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Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi »

Julia Holter / Photo : Camille Blake
Julia Holter / Photo : Camille Blake

C’est toujours un plaisir de s’entretenir avec Julia Holter, même quand le jetlag amplifie sa tendance à hésiter et chercher ses idées en triturant ses longs cheveux, parsemant ses réponses de silences. La Californienne, qui fêtera ses quarante ans en décembre prochain, était de passage à Paris il y a quelques semaines pour présenter son nouvel album Something in the Room She Moves (clin d’œil plus ou moins fortuit aux Beatles). Plus de cinq ans après le profus et labyrinthique Aviary, magistralement porté sur scène avec une formation élargie, ces dix compositions marquent le retour à une forme plus compacte, mais pas exempte d’expérimentations (Meyou, Ocean…) parfaitement maîtrisées. Continuer la lecture de « Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi » »

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Les Noces d’or des Nits

Pour leur 50 ans de carrière, les néerlandais reviennent sur 5 albums juste avant leur concert parisien au Trianon.

Nits / Photo : Wim van de Hulst
Nits / Photo : Wim van de Hulst (détail)

Cinq jalons – un par décennie – pour évoquer cinquante ans de carrière. C’est évidemment bien trop peu pour rendre compte de l’extraordinaire foisonnement de la discographie des Nits. Il a donc fallu choisir, avec toute la part d’arbitraire que comporte une sélection subjective, retrancher, restreindre, regretter. Mais surtout réécouter tous ces albums très différents, souvent, les uns des autres mais jamais inintéressants ni dépourvus de qualités ou d’exigences. Ceux que l’on a toujours conservé au plus près du cœur, depuis l’acquisition impulsive d’un triple album live – le ratio quantité/prix était encore un facteur non négligeable des arbitrages d’achat, à l’époque –  à la FNAC de Metz, juste après le Bac en 1989. Continuer la lecture de « Les Noces d’or des Nits »