Récemment, nous évoquions la bonne santé de la scène francilienne à travers l’excellent EP quatre titres de EggS. Rennes serait-elle à son tour et à nouveau en passe de nous surprendre ? En plus de quelques confirmations récentes (Initials Bouvier Bernois ou Tally Ho!), Carambolage et quelques autres (Born Idiot en tête) pourraient bien créer quelques vocations du coté du Bar Hic, Melody Maker et du Penny Lane, les hot spots de la cité bretonne.
Le groupe n’est pas tout à fait composé de jeunes premiers : mené par Rémi Peltier et ses comparses de Kaviar Special, il réunit ainsi sous une forme nouvelle ces piliers de la scène rennaise. N’allez pourtant pas croire que Carambolage est une relecture légèrement grimée du groupe dont il est issu. Les deux projets partagent certes un goût pour les guitares et les mélodies pop, mais la comparaison s’arrête aussi là. Au garage-rock moderne anglophone millimétré de Kaviar Special, Rémi Peltier et Carambolage adoptent le français et un punk bubblegum gaulois et parfois grivois. Impossible, de ne pas penser à la compilation de Born Bad, Bingo, French Punk Exploitation 1978-1981 : les bretons embrassent en effet, de ces éphémères formations, le goût pour les jeux de mots absurdes, les citations hors-sujet et surtout des chansons entêtantes dont les airs collent aux dents et laissent un parfum de Soda Fraise. La formation fleure bon une certaine France giscardienne qui n’a pas de pétrole, mais des films avec Patrick Dewaere, Gérard Depardieu et Miou Miou. Plus que la France friquée / branchée des années Tapie, c’est l’Hexagone des mobylettes (à la manière de Roxette) qui est dépoussiéré dans une recette loin d’être sépia, car apprêtée de synthés et d’une boîte à rythmes sortie en 1987. Les quatre titres de ce premier EP publié par les rennais Azbin (Sapin, Regal, Strange Hands) et les dyonisiens d’Howlin’ Banana (Brace Brace, Missing Season, Gloria) offre ainsi une plongée dans un univers fantasmé et syncrétique à mi-chemin entre Claude Zidi, Plastic Betrand, GPS et les Olivensteins. Il est question d’évasion et de moto (avec la rigolarde mais touchante Cinq à Sept), de croûtenards dans les vespasiennes et de Coluche (la bien nommée Soupeurs au texte hilarant pastichant notre cher humoriste), de bastons entre loubards (Gauche Droite) et de développement personnel (Motivation). L’ensemble se déguste d’une traite (tel le pain imbibé, bon appétit…) et donne clairement envie d’entendre la suite tant ces quatre chansons sonnent chacune comme des petits tubes.