Buck Dharma, Flat Out (Portrait, 1982)

Buck Dharma, Flat Out Alors ça va nous faire un petit lien fugace avec les heures les plus sombres de la RPM mais c’est suite à un post dont on n’ira pas vérifier l’ironie affective de Romain Guerret (Dondolo, Ex Aline, Ex Young Michelin) que je me suis penché sur cet improbable rogaton, soit disant et vérifié, seul album solo de l’armateur moustachu du Blue Öyster Cult, Buck « Dharma » Roeser. J’avais du voir la pochette, immanquable, à sa sortie dans une chronique probablement peu élogieuse d’Enfer Mag mais, bien qu’étant assez fasciné depuis par l’œuvre de ce Cult-là, (j’en ai d’autres à mon actif et à mon passif) au point d’aller les voir en excursion vers 2008 à la salle des fêtes de Leffrinckoucke (59) avec un songwriter brillant qui ne tient pas à être cité, je n’avais pas été bredin au point d’aller débusquer d’éventuelles saillies en solo.
Pour une ou deux, voire trois en étant bien magnanime, pépites oubliables de suite, cela vaut-il bien d’ailleurs de se donner l’insigne désagrément de se le fader, le seul album solo du Buck ? Vous n’êtes pas bien ?
Je vous garde le chef d’œuvre pour la fin, il y a trois morceaux avant, soyez surtout bien patients.

Je commence par un aveu piteux, je n’avais rien capté au dernier album de The War On Drugs. J’ai cherché des références fantaisistes (Indochine, Simple Minds, que sais-je encore…) mais je suis passé à côté de ce Cold Wind (dont je vous fais pitié de la traduction à éllipses pipicacazizi).

Parangon d’AOR – pour adult oriented rock, on ne faisait pas trop de fantaisies dans le marketing naguère – Cold Wind est une fantastique plongée dans l’ether (ou l’enfer, c’est selon) d’un songwriting classique, ce lien fantoche qui rapprocherait parfois pour le meilleur le BÖC des Byrds, et pour le pire les emprunts russes de l’époque (Bob Ezrin, Lou Reed, Kiss, Alice Cooper, Pink Floyd, The Wall, je vous laisse consulter vos vieux oncles ou wikipedia, c’est un dossier en soi) soit une basse slappée dont on aurait bien pu faire, à la manœuvre et à l’époque, l’économie.
Autre sommet de tendresse bravache, Your Loving Heart, et son clip d’époque. Une vague ressemblance moustachue avec Jason Molina n’exclut pas totalement la présence occulte du grandiose, mais faut le dire vite.

Au-delà du concept du mec qui a tourné sans relâche* depuis plus de dix ans, concept qui se retrouve bien précisé sur la pochette avec une roue crevée dans un disque qui s’intitule de même (Flat Out), et qui profite d’une pause pour faire un album solo débile au lieu de dormir 22 heures par jour comme tout un chacun en pareilles circonstances ; au-delà de son petit délire, ce break ambient un peu have qui invente Movietone entre la quatrième et la cinquième minute, nom d’un poti bonhomme, Bucky vient chercher des poux à David Gilmour avec sa nouvelle guitare un peu technique. Soit une Stratocaster assez moche quoiqu’équipée des derniers trucs à la mode, alors que le mec ne joue que sur Gibson SG dans son escadre d’origine. Il y a bien anguille sous roche au royaume nauséabond de l’endorsement. Il semblerait que cette quête ait d’ailleurs touché à son but puisque le désormais glabre (honte à vous, Monsieur) à l’instar d’un autre new-yorkais d’importance (feu mon Loulou) se la colle bien gentiment avec une guitare bâton sur cette version récente quoique (avec une absence de cowbell flagrante, on s’y fera une raison) de ce chédeuvrabsolu.

La fin fait un peu Smiths, non ? Ah ben si, c’est un petit pan de There’s a Light That Never Goes Out jouée par une armée de Diplodocus en rut non vers les 05 minutes 14 ? À méditer …
Alors, rien à sauver avant l’acmé ? All Tied Up ? Une merde de Stephen Stills à son pire striée d’imperturbables démonstrations de quintes en sextolet. Five Thirty Five ? Un truc que Jeff Tweedy a bien du écouter douze mille cinq cent quatorze fois par jour de grand vents dépressifs. Le bien nommé Born To Rock ? Du riff de charretier, prétexte encore une fois à des petites démonstrations et qui préfigure nonobstant le virage tech-house de ZZ Top sur Eliminator d’une saison. Non, assez plaisanté. Lâchons là. Allons-y maintenant à la pépite. A la mine d’or. Ce moment où l’homme épuisé rassemble ses dernières forces et livre tout en moins de trois minutes. Une simple reprise de The Fleetwoods, petit** groupe de doo wop de l’état de Washington. Come Softly To Me.

Tout, c’est probablement l’innocence, les premiers émois, de cette école bébête de la Californie (The Beach Boys) à celle des petites racailles doo wop de sa ville (Dion & The Belmonts), cette absolue candeur sublime de la musique américaine puis mondiale, le Brill Building, Gerry Goffin et Carole King, les girls groups, Phil Spector, l’amour, tout ça il (Bouqueudarma) s’en souvient précisément en exactement deux minutes et trente secondes et je vous défie de ne pas fondre en larmes tellement c’est beau et sans apprêts. Surtout si vous avez eu l’insigne courage de vous fader le reste du disque. A part Candy Says de qui vous savez, je ne vois, localement rien de mieux. Par ailleurs et pour conclure sur le circuit court, The Fleetwoods venaient d’Olympia, je vous laisse en tirer vos propres conclusions.


Flat Out par Buck Dharma est sorti sur le label Portrait en 1982 et a été réédité par Wounded Bird en CD vers 2003.
* au sein d’un des groupes les plus singuliers de l’histoire, et dont l’intitulé simpliste « monstre du heavy metal américain » serait insultant à plus d’un égard, et pour le heavy métal et pour les concernés
** faut le dire vite, deux numéros un entre 1959 et 1962, plus d’anecdotes affriolantes ici : https://www.thefleetwoods.com/

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