Andrew Gold, All This and Heaven Too (1978, Asylum Records)

À la fin des années 70, pendant que la jeunesse s’éprend de pogos punk et pas de danse disco, d’autres, un peu plus âgés, préfèrent la plénitude du soft rock. The Doobie Brothers, Fleetwood Mac, Supertramp ou Steely Dan se partagent les ondes de la radio AM et accumulent les succès au Billboard. S’ils sont les plus connus du lot, ils ne sont pas les seuls à peupler les discothèques des jeunes cadres dynamiques et autres trentenaires. Parmi eux, Andrew Gold mérite certainement notre attention. Le blondinet californien démarre sa carrière, très tôt, à la fin des années 60.

Andrew Gold
Andrew Gold / Photo : DR

Ses parents sont eux-mêmes dans le business : Ernest, son père, compose pour le cinéma (notamment la partition d’Exodus en 1960), tandis que sa mère, Marni Nixon, double (chant) les plus grandes stars de l’époque (Natalie Wood dans West Side Story par exemple). Andrew Gold décroche son premier contrat en Angleterre, même pas majeur. Il y publie un 45 tours de pop psychédélique (Of All The Little Girls et This East) , avec son camarade Charles Villiers. Rentré au bercail, il forme le groupe Bryndle avec Kenny Edwards, Wendy Waldman et Karla Bonoff. Le groupe sort un single en 1971 (Woke Up This Morning) mais échoue à faire publier un album. Pas grave, Andrew Gold rebondit, avec ses camarades, dans l’entourage de Linda Ronstadt. Il joue ainsi de la batterie, de la guitare et des percussions, sur le premier grand tube, de la chanteuse (You’re No Good1974). Musicien de studio et. de concert apprécié, Andrew Gold s’exprime aussi par lui-même. Il signe avec Asylum (Eagles, Jackson Browne, Tom Waits), le label monté par David Geffen. En 1978, Andrew Gold sort All This and Heaven Too, son troisième album. Comme pour les précédents, il joue de presque tous les instruments sur le disque. Avec ce disque, Gold obtient son plus grand succès, en Angleterre, grâce à la superbe Never Let Her Slip Away. Si les percussions renvoient aux expérimentations de John Kongos (He’s Gonna Step on You Again) ou Hotlegs (Neandertal Man), les mélodies graciles de l’Américain doivent avant tout aux Beatles. L’influence discrète de McCartney est un filigrane d’All This And Heaven Too.

L’album s’inscrit alors autant dans le soft rock d’Elton John ou Billy Joel qu’une certaine tradition pop héritée des années 60. Nous sommes ainsi jamais vraiment loin d’Emitt Rhodes ou Todd RundgrenLooking for my Love imagine la rencontre des Zombies et Hudson Brothers. Parfois un peu fleur bleue, souvent brillant, All This And Heaven Too est un artefact de son époque mais, réalisé par un orfèvre et un féru de pop. Ce disque a les épaules pour séduire le grand public, il le fait avec humilité, bienveillance et énormément de talent. Avec les années, la chanson Thank You For Being a Friend en est devenu l’étendard. Repris pour le générique d’un sitcom dans les années 80 (The Golden Girls), le titre est désormais dans la mémoire collective. Il ne faudrait pas réduire les autres titres aux secondes rôles. De Genevieve émane une beauté rare. How Can This Be Love et Oh Urania sont d’autres éclatantes réussites tandis que Still You Linger On n’est qu’à quelques encablures des titres acoustiques du premier album de Big Star. Tout n’est pas aussi stellaire mais comment ne pas être sous le charme d’Andrew Gold et cet album ? Peut-être faut-il baisser un peu ses barrières, mais le jeu en vaut certainement la chandelle tant cet album a à offrir. Andrew Gold est, dans ses fulgurances, un grand mélodiste. Il faut s’en souvenir. Mettons All This and Heaven Too sur la platine et laissons nous porter par la grâce de la musique qui y est gravée.


All This and Heaven Too par Andrew Gold est sorti en 1978 chez Asylum Records

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