Basé à Portland, en Oregon, Abronia est un groupe de rock psychédélique aux accents néo-hippie qui, par ses sonorités amples, ses orientations rétro-futuristes et son goût du métissage, n’est pas sans évoquer le Black Mountain des débuts. Auteur d’un premier album (The Whole of Each Eye) plutôt réussi en 2019, le sextet franchit à présent un palier supplémentaire avec ce remarquable Map of Dawn, véritable pépite de rock psychédélique gentiment allumé et, parfois, un brin grandiloquent.
Si le groupe fonctionnait déjà sur deux guitares, une pedal-steel, une batterie lourde, un saxo, une basse et les incantations graves de la chanteuse Keelin Mayer, ce nouvel opus révèle des colorations inédites qui tendent à ouvrir l’horizon de ce rock psychédélique old school teinté d’un savoureux héritage hard rock (Black Sabbath, Led Zeppelin, surtout). Ainsi, les sonorités orientales des guitares de Night Hoarders, le morceau d’ouverture, renvoient non seulement à la musique touareg que l’Occident découvre depuis quelques années, mais aussi aux expérimentations enfumées du Richard Bishop de Sun City Girls ou des New-yorkais de 75 Dollar Bill.
De fait, sous ses airs de secte néo-hippie (cf. Games ou Wave of the Hand, notamment), le disque vaut principalement pour sa façon d’ouvrir des brèches et de révéler de nouvelles facettes d’un rock psychédélique contemporain qui, depuis vingt ans, via des groupes comme Wooden Shjips, Amen Dunes, Cave, White Hills ou Moon Duo, ne cesse de se renouveler. Au final, Map of Dawn est sans doute un peu inégal, mais dans ses meilleurs moments, comme sur Wave of the Hand ou l’éblouissant Plant the Flag (et sa guitare surf), il donne clairement envie de tendre l’oreille et de suivre Abronia avec bien plus d’attention.
