À Trois Sur La Plage, À Trois Sur La Plage (Gone With the Weed)

Le Disquaire Day se profile dans quelques jours, l’occasion d’aller traîner du coté du Point Éphémère pour faire ses emplettes chez les maisons de disques indépendantes hexagonales. Parmi les nombreux noms (Howlin Banana, Buddy Records, Le Turc Mécanique, Third Coming Records), un label jamais évoqué ici : Gone With The Weed.  À travers des K7, 45 tours ou flexi, Erika et Émile ont construit un catalogue passionnant traçant des parallèles entre diverses scènes à travers le monde (Australie, France, États-Unis).

Nous retiendrons par exemple la pop lo-fi de Téléphérique, la powerpop de Police Control ou Sun Sick, le post-punk intrigant de Marauder, les poèmes de Nathan Roche (des ex-Villejuif Underground) ou la new wave exotica de Calypso. À Trois Sur La Plage, la formation dont nous découvrons aujourd’hui le premier EP, a d’ailleurs une connexion avec ces derniers. Liza Liza (basse, voix, synthés, boîte à rythmes) était l’une des membres de ce groupe parisien mésestimé. Désormais associée à Sophie Massa (guitare, synthés, voix), les deux musiciennes ont enregistré (au fameux Château Vergogne de Maxime Smadja) quatre chansons sans pression, juste pour le plaisir. Débarrassé de la contingence d’une carte de visite pour les concerts, À Trois Sur La Plage manifeste élégance et maturité. La formule excelle en effet par sa simplicité et son minimalisme : des programmations de boîtes à rythmes, des entrelacs de voix et des mélodies conçues comme des mantras. Up Your Head, la plus uptempo des quatre propositions, évoque un inédit d’un groupe britannique DIY dont le 45 tours aurait été chéri de John Peel quelque part entre 1979 et 1982.  À Trois Sur La Plage surprend avec le groove bancal et lascif de No Run, une exploration No Wave avec des accents reggae mais décharnée au point d’en être squelettique. La seconde partie de l’EP trouble encore d’avantage. Sur un motif répétitif de synthétiseur, Liza Liza et Sophie Massa construisent à travers Geometric un crescendo à la progression subtile vers l’inévitable climax libérateur. La chanson surprend par sa grâce et sa simplicité. Chaque élément contribue à créer une esquisse évocatrice mais aux contours glissants. Le Soleil, seule chanson francophone, offre une mise en musique d’un poème de Paul Eluard. Quelques notes de guitares égrenées au gré du vent, une ligne de basse lancinante et quelques touches synthétiques forment un tapis dense pour le texte déclamé par les musiciennes avec détachement. À l’image de sa magnifique pochette (signée d’Alex Pariss),  À Trois Sur La Plage méduse par sa maitrise et la beauté de son propos. Le duo ne s’embarrasse pas de superflu, il dessine de quelques traits des édifices aventureux.

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