Avec une régularité presque métronomique, à raison d’un album tous les deux ou trois ans, Young Gun Silver Fox fête dix ans de carrière discographique avec Pleasure, sorti le 2 mai dernier, toujours chez Légère Recordings. Derrière ce curieux patronyme, nous trouvons un duo : Andy Platts, le jeune loup britannique et Shawn Lee, le renard argenté étatsunien. Le premier chante (également dans les Mamas Gun) et le second, multi-instrumentiste, arrange. Depuis une décennie, Young Gun Silver Fox explore le son des années 70 et plus particulièrement ce que l’on nomme désormais yacht rock, mais aussi (plus historiquement) AOR, soft rock ou westcoast.

Peu importe l’appellation, Young Gun Silver Fox ne cherche pas à se faire approuver, par qui que ce soit, bien trop sûr, de leur savoir faire. Et ils ont raison. Depuis que nous les avions découvert avec AM Waves (2018, leur deuxième album), le duo ne nous a jamais déçu. Au contraire, le groupe affiche une remarquable constance et arrive à réitérer le plaisir à chaque nouvel album. Il est justement question de Pleasure ici : Young Gun Silver Fox maîtrise son sujet dans les moindres détails. Nous nous laissons embarquer dans une virée chic au sein d’une limousine maniée par un expert de la conduite, en toute détente. Des arrangements soignés, des compositions chiadées, une production soyeuse : les ingrédients sont connus mais ils font toujours mouche. La voix d’Andy Platts n’a d’ailleurs, peut-être, jamais aussi bien sonné. S’il n’a pas ce petit grain d’originalité d’un Michael (Jackson, McDonald, choisissez), l’Anglais a un registre vocal ample, parfaitement déployé dans ces nouvelles compositions.
Il faut ainsi souligner un magnifique travail harmonique; ces déluges de chœurs vous enrobent d’une sensation euphorique (The Greatest Loser). Pleasure offre certainement sa dose de plaisir, mais n’en demanderions nous pas un peu plus du duo ? À première vue, ce nouvel album trace un sillon désormais bien connu. Très immédiat, Pleasure révèle pourtant ses qualités sur la longueur. Young Gun Silver Fox a toujours la flamme, plus que jamais même. Le groupe affine sa musique, cherche même quelques influences connexes. Au bout du compte, la magie est toujours là. En plus d’un hommage à Stevie Wonder et Sly Stone (Stevie & Sly), les deux alchimistes sont allés piocher quelques idées chez Earth Wind & Fire ou le boogie funk des années 80. Burning Daylight a ainsi des airs de That’s The Way of the World quand Just for Pleasure donne le change à Get Down Saturday Night d’Oliver Cheatham. Young Gun Silver Fox n’en n’oublie pas leurs classiques pour autant. Born To Dream offre un joli clin d’œil aux Doobie Brothers. Last Night Last Train regarde quant à elle du coté de l’America. Leur musique est ainsi toujours aussi séduisante, le duo inspiré et talentueux. Avec Pleasure, à n’en pas douter, Young Gun Silver Fox va faire tourner quelques nouvelles têtes. Bienvenue au club, vous verrez, nous y sommes très très bien.