La carrière solo de Xavier Boyer s’écrit, doucement mais sûrement, en parallèle de celle de Tahiti 80, groupe dont il est le chanteur. La formation normande construit, depuis plus de 25 ans, une discographie pop érudite aux atours séduisants. Tahiti 80 publie ainsi régulièrement – entre deux et quatre ans pour une nouvelle livraison – des albums qui ravissent leur fan base toujours présente et enthousiaste. Les échappées de Xavier se nichent alors dans les interstices.
Les premiers pas furent sous le pseudonyme éphémère d’Axe Riverboy, un anagramme de son propre nom : Tutu To Tango (2007) offrait un très joli disque de pop indépendante anglophone. L’album aurait certainement mérité plus d’échos. Mise en pause pendant une décennie, Xavier Boyer a néanmoins renoué avec ses envies de liberté avec Some/Any/New. Accompagné de Stéphane Laporte (Domotic), Xavier y développe une pop toujours aussi attrayante mais aux pourtours plus synthétiques qu’à l’accoutumé. Six ans plus tard, le revoilà avec un nouvel EP intitulé Soda Coda. Paru chez Human Sounds (le label de Tahiti 80), le chanteur normand fait appel à de nombreuses vieilles connaissances. Stéphane Laporte reprend sa place derrière la table de mixage (et la post-production), Laurent Blot s’assoie à la batterie tandis que Mehdi Zannad (Fugu, The Last Detail) vient jouer du clavier. Tout ce beau monde donne corps aux cinq excellentes chansons de la face A de Soda Coda.
En retournant le vinyle, nous retrouvons en effet les mêmes titres en version 4 pistes. Si sur le papier, cette approche peut sembler redondante et relever du gimmick, il n’en est rien. La face A explore une pop organique élégante, quelque part entre soft-rock et sunshine pop. Dès les premières notes de D Day, des résonances de Yellow Butterfly (Puzzle, 1999) nous parviennent. La voix et le talent de Xavier Boyer sont intacts. Mieux que ça, ses chansons sont toujours portées par ce même enthousiasme et cette attention exaltée pour les détails. Oh Liza se pare d’une guitare bossa-nova tandis que Read The Room nous rappelle aux bons souvenirs de la blue eyed soul. Soda Coda conclue l’affaire sur une note très pop sixties, avec un joli travail sur les voix. Les versions quatre pistes éclairent différemment les chansons. Elles convoquent les disques autoproduits de Shoes. Oh Liza, en particulier, étonne. Portée par une boîte à rythme et une guitare jangly empruntée aux Byrds, elle semble désormais rendre hommage aux Cleaners from Venus, une petite merveille ! Si Soda Coda n’est pas un album, il n’en s’agit pas moins d’une œuvre aboutie et soignée, à l’image de la discographie de Xavier Boyer et Tahiti 80.