Glenn Donaldson nous avait déjà fait le coup avec Anxiety Art, l’excellent disque de The Reds, Pinks & Purples paru l’année dernière. Non, tout bien réfléchi, cela fait presque 20 ans qu’il récidive à sortir de son chapeau de nouveaux projets stylistiquement différents, au cercle de confidentialité aussi resserré que l’intimité qu’il ne cesse de tisser, disque après disque – et le monsieur est du genre productif -, avec ses fidèles auditeurs. D’une façon non exhaustive, rappelons la pop minimaliste d’Art Museums (avec le regretté Josh Alper), les chansons pastorales et surréalistes de The Skygreen Leopards (avec Donovan Quinn), la cold wave germanique, nerveuse, martiale et romantique de Horrid Red et Teenage Panzerkorps pour ne citer que les projets qui ont connu un embryon de succès, et sans jeter la pierre à celles et ceux qui n’en ont jamais entendu parler…
Comme à chaque fois, une énigme persiste avec ce disque enregistré sous le nouveau nom de Vacant Gardens, son tout nouveau projet avec Jem Fanvu (Tune-Yards, Cavity Fang). Solitude, injustice, vacance du goût et de l’esprit ! On a envie de pester comme dans le désert en délaissant tout sens du ridicule. Faut-il donc que les gens s’intéressent si peu à la pop – tout au moins celle qui, moi, m’intéresse – pour que ce disque admirable soit tiré à seulement 100 exemplaires ? Certes, ceux-ci ont une nouvelle fois été écoulés en quelques jours, et aussi d’une certaine façon, avec un plaisir réprimé mais tout du moins coupable, il est bon de se dire que les modestes jardins des délices de Under The Bloom gagnent à rester peu fréquentés.
Plus importantes que ces jérémiades, quelles rencontres fait-t-on dans ces jardins vacants ? Pour l’essentiel, il s’agit de vieilles connaissances que l’on retrouve sous une nuit idéale. On pense souvent aux précieux premiers titres de Slowdive, ceux à la candeur étincelante qui faillirent voir le jour sous le nom de I Saw The Sun ou Hide Your Eyes – et où l’essentiel de ce qu’avait à dire le groupe de Reading était contenu. Alors que le titre d’ouverture Waves On Waves évoque fortement Cocteau Twins, le bruit blanc et le piano de Night Bloom rappellent les envoûtements typiques de Grouper et sa façon si élégante de faire naître la sérénité sur un voile d’inquiétudes. Pour résumer, Under The Bloom est ce qu’on appelle vulgairement un disque de shoegazing. C’est certain, Glenn et Jem ont les yeux à demi clos mais ils pointent vers le ciel. Et nous, nous rêvons avec eux le temps de cette demi-heure de mélodie rêveuse et sans heurt.