V/A, Cartelle vol. 2 (Cartelle Disques)

« Tout le monde fuit le hangar,
c’est sûrement pas le fruit du hasard »
*

De Rennes, nous arrive, telle une carte postale toute colorée – une bien belle pochette signée Constance Legeay : c’est le deuxième volume des aventures de Cartelle, maison de disques dédiée au défrichage et à la mise en valeur d’un territoire musicale habité par des femmes, personnes transgenres ou non binaires. Le premier volume paru fin 2021 nous avait conquis, en rassemblant des musiciennes confirmées qui font notre bonheur ici depuis belle lurette : Lispector, Charlotte Leclerc ou Rose Mercie se présentaient en marraines évidentes de nouvelles venues bien plus que prometteuses.Parmi elles…
Saintes, qui sortira par la suite sur Cartelle même son album, le très abouti Les Champs sématiques.
Paris Banlieue, qui venaient de sortir Gueuseries sur le label Langue Pendue.
A Trois sur la plage, auteures d’un superbe album paru sur Gone With The Wing et malheureusement séparées depuis. C’était le groupe de Liza, cofondatrice de Cartelle par ailleurs et de Sophie Massa.

Trois ans plus tard, rebelote, avec la même formule, avec dans le rôle de force motrice, l’excellente Marie Delta, porteuse d’un univers déjà applaudi sur son album Route de nuit,  et un éventail de sacrées découvertes. Au beau milieu d’un ensemble assez homogène malgré les divers genres abordés (pop futuriste en italien, pop anglophone planante, folk foufou franco-allemand, post punk vitaminé..), on trouve des ouvrages pop immédiatement évidents : la meilleure chanson des Nantaises Île de Garde (un extraite de leur premier EP, Hexagramme 50, paru fin 2023 sur Cartelle), Homicide volontaire, collage étrange de parler chanter énervé et d’un instru non identifiable, comme la B.O. d’un True Crime furieux et sans image, la synth minimale évolutive et envoûtante de L’incendie* par Concordski, ou Le soleil est haut de Tiffanie de Falaise, petite opérette électronique à plusieurs mouvements agrémentés de voix spectrales sous effets spéciaux, LA découverte de cette compilation réjouissante.

Si la question peut se poser de la constitution d’une identité proprement Cartelle, en adéquation avec la vision et la mission féministe de la structure, ces trois exemples, Ile de Garde – Concordski – Tiffanie de Falaise, apportent une réponse parfaite, non dans une unicité qui se transformerait en carcan, mais dans la méthode des musiciennes : écrire et composer avec une fraîcheur totale, une spontanéité qui n’empêche pas une certaine recherche dans une économie de moyens. En amenant leurs chansons dans des espaces mystérieux, non balisés, brouillés, hybrides et excitants, elles remplissent à merveille le contrat passé avec leur maison Cartelle.


Le second volume de la compilation d’artistes Cartelle est disponible sur leur label.

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