Comment parler de ce disque sans parler de soi ? Car ce qui fascine, c’est ce qu’il provoque – va provoquer – sur chacun de ses auditeurs : ce sentiment d’avoir, dès les premières notes, l’âme ouverte en deux. Tout ce que l’on vous racontera sur ce disque, tout ce que vous lirez, ne sera qu’une suite d’expériences personnelles racontées avec plus ou moins de pudeur. Des mots aux mélodies, des instruments aux voix – car il y a la voix de Peter Milton Walsh et celle de Natacha Penot, ici voix-fantôme – , tout ici sert le sujet du disque : l’amour perdu, celui qui, cousu dans les entrailles, dicte votre vie.
Je les écoute depuis des semaines ces mélodies discrètes, ces violons lumineux, ces cordes de guitares pincées, ces shalala tremblants, cette trompette – fantôme, tout ça qui d’ailleurs ici, tels des voiles, flotte, enrobe et je ne cesse de me demander si ce disque ne raconte pas, en fait, nos vies, si ce disque n’est pas en fait, le seul disque sur l’amour. Il aura fallu ces mots, « If I could i’d put some blue sky in your head», ces mots que j’aurai aimé lui offrir pour qu’en moi, tout s’écroule, tout ressurgisse et me frappe. Les huit chansons se calquent alors sur les souvenirs, sur les promesses non tenues, la douceur avec laquelle chante Peter Milton Walsh contrastant avec l’état dans lequel je me retrouve alors, pris dans ce tourbillon (de la vie) d’émotions. La complainte amoureuse de Write Your Way Out Of Town, la triste nostalgie de Where You Used To Be, le sentiment de perte de What’s Beauty To Do, la valse de Butterfly Kiss et ses mots, terribles, « Every memory is a danger for me now », la solitude poignante de We Talked Through Till Dawn, le cri désespéré de I Don’t Give A Fuck About You Anymore, les larmes de The Fading Light. In And Out The Light apparaît alors comme le disque qui creuse une galerie dans ce passé qui va venir hanter le présent, l’espace n’étant soudain plus qu’une archive, le tracé d’un monde perdu.
Alors que les dernières notes de The Fading Light résonnent dans la pièce, je lis ces mots de Robert Giraud offerts par un ami – «Une lumière s’éteint, une autre s’allume et la remplace.» – qui se fondent, comme par magie, dans la chanson. Que chacun choisisse alors sa lumière, la mienne, celle que je vois, que je verrai toujours, est ce jaune lumineux – le même que le vinyle de In And Out The Light, le même que cette veste qu’elle portait si bien – et cette « lumière » me laissera toujours croire que le ciel pourrait s’éclaircir un jour car à quoi servent les disques s’ils ne ramènent pas à la vie ?
Un grand merci pour cette magnifique chonique et toutes les autres d’ailleurs!
Peter Milton Walsh est un grand artiste, c’est bien de rappeler.