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Alexandre Bazin, Therapy (Important Records)

Therapy et I Wish I Pas, les deux titres ouvrent la nouvelle cassette d’Alexandre Bazin, mobilisent respectivement un Synthi A et un Buchla Music Easel. Deux synthétiseurs historiques, constitutifs d’un son, celui d’une early electronic immédiatement identifiable. Il y a toujours quelque chose d’étrange à constater à quel point le charme de cette esthétique opère. Comme si la nostalgie, ou le retrofuturisme, constituaient les principales modalités d’une musique pourtant initialement caractérisée par le goût du futur. Continuer la lecture de « Alexandre Bazin, Therapy (Important Records) »

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Selectorama : Nicolas Paugam

Dans le vortex des sorties musicales à la micro seconde – comme les opérations financières, tiens -, on est comme dans une boîte de nuit, frôlé par les corps qui bougent, saturé par le son et aveuglé par le lumières, on se cogne, on trouve son chemin tant bien que mal, on regarde des corps fuselés qui nous attirent l’œil, des sirènes qui nous font tourner la tête, on ne sait plus où donner de l’attention. Nicolas Paugam, dans ce bordel, c’est un peu le gars mal peigné, en pull de ski, qui est tranquille, un petit verre à la main, il ne transpire pas, il observe. Au début, on se dit, c’est qui ce mytho ? Et puis au fil de la soirée, on est attiré, on se retrouve à l’écouter raconter sa life, il a des bonnes phrases, on se marre, on est ému et lui, il reste frais malgré l’heure qui tourne (GIF animé d’une horloge avec les aiguilles qui bougent de ouf). Après on sait pas ce qui s’est passé, mais on se retrouve dans son chalet, à l’air pur (enfin ce qu’il en reste, on va pas délirer), il y a un brasero dans le jardin, on entend les oiseaux, et puis il joue de la guitare, il chante et c’est bien. Cette année, Nicolas Paugam a sorti son 6e album, La Délicatesse, dans lequel il propose une relecture de chansons choisies dans son répertoire, comme une belle introduction à ceux qui auraient manqué le début. On a demandé à Nicolas ce qu’il écoutait en ce moment. Continuer la lecture de « Selectorama : Nicolas Paugam »

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Dans les arcanes du laboratoire expérimental de Veik

Thibault Jehanne et le trio Veik
Thibault Jehanne et le trio Veik

Il y a toujours une forme de fascination envers le processus créatif d’un artiste. Un questionnement permanent quant à ses sources d’inspiration, son cadre de travail ou ses modalités de création. Nous ne connaissons finalement la plupart du temps que le projet final, la face visible de l’iceberg. A Caen, le trio Veik a choisi de présenter les choses à l’envers. En amont d’une nouvelle production à venir, ils ont collaboré à la fois avec l’artiste sonore et plasticien Thibault Jehanne, et le vidéaste et photographe Mathieu Lion. Le résultat est un documentaire de 33 minutes (à visionner ci-dessous) en forme de plongée immersive dans leur travail collectif, d’où émerge à la fois la captation de son, la création de pédales d’effets, et leur utilisation dans la composition de nouveaux titres.

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Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis)

Évidemment, c’est une histoire qui n’est plus vraiment la mienne. D’autres – plus jeunes, plus proches du cœur de l’action ou plus directement concernés par les rencontres qui ont permis l’émergence du groupe – se sont déjà chargé de l’évoquer. Depuis les premiers tâtonnements, il y a déjà plus de trois ans jusqu’à la sortie très attendue de ce premier album en passant par la publication de quelques titres et deux Ep’s très alléchants. On y croise des noms, des lieux et même quelques visages familiers des heureux témoins de la vitalité réjouissante de la scène indie-pop – à Paris, mais pas seulement. Eggs, En Attendant Ana, Special Friend ou le Supersonic et l’International à Paris : les destins ont fini par s’entremêler au fil des concerts communs, des départs et des amitiés reconfigurées entre Romain Meaulard, Nicolas Pommé, Morgane Poulain et Quentin Marquès. Continuer la lecture de « Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis) »

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Taï-Luc, soldat perdu du punk français

Tai-Luc, La Souris Deglinguée
Tai-Luc, La Souris Deglinguée / Photo : Eric Mullet Dalle

Taï-Luc vient de nous quitter. Il était le chanteur charismatique de La Souris Déglinguée. LSD, un groupe légendaire, mythologique, de punk-rockabilly-ska-funk qui a poussé sur le pavé parisien de la fin des années 1970. Il n’a jamais connu ni la gloire médiatique ni l’honneur des disques d’Or. Mais l’aventure de LSD tient autant à son public, à ses « fans », sa « Raya » si vaste que s’y côtoyaient des profils a priori inconciliables (skin natios et gauchistes de toute chapelle), qu’à l’indiscutable (aucun débat autorisé, car aimer LSD c’est parfois marier le paradoxe de l’intelligence et de la mauvaise foi) qualité musicale et du propos (ils furent nos Jam, nos Ramones et nos Madness, tout en un, faute de véritable concurrence). Continuer la lecture de « Taï-Luc, soldat perdu du punk français »

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Bérurier Noir : « L’agonie fait encore partie du combat »

Quarante ans après ses débuts, le groupe majeur de la scène rock française réédite ses exploits discographiques.

Bérurier Noir en concert aux Transmusicales de Rennes il y a 20 ans pile, le 04.12.2003 / Photo : Éric Pérez
Bérurier Noir en concert aux Transmusicales de Rennes il y a 20 ans pile, le 04.12.2003 / Photo : Éric Pérez

40 ans. L’épopée des Bérus aurait commencé voici 40 ans. Difficile à dater en fait, les deux principaux protagonistes Loran et François avaient déjà une vie musicale avant, et le groupe avait déjà connu plusieurs moutures quand ils décident de se produire une ultime fois lors d’un concert d’adieu en février 1983, dans le squat de l’usine de la rue Pali-Kao à Paris. De fait, beaucoup y voient la véritable naissance des Bérurier Noir, un des groupes le plus importants du rock français (toutes périodes confondues). Depuis, ils sont rentrés dans la légende et patrimoine commun de l’abonné à Spotify. Leurs badges fleurissent encore parfois sur les blousons des lycéens en manif. Mouloud Achour porta leur tee-shirt lors de ses émissions sur MTV. Sans oublier une reformation ardente lors des Transmusicales de Rennes en 2003, qui rappela aux madferits français qu’il existait aussi bien (ou pire) que Noël et Liam dans l’hexagone. Cinq mille places écoulées en quinze jours. Une foule d’ados pogotant de la scène à la porte. Des vieux de la vieille débarquant de partout. Des incidents, largement prévisibles entre des organisateurs dépassés par l’affluence, les punks à chien et les provocations policières. Continuer la lecture de « Bérurier Noir : « L’agonie fait encore partie du combat » »

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Selectorama : Marius Atherton

Marius Atherton
Marius Atherton

Par deux fois le jeune homme prénommé Marius nous a cueillis en concert. Au plaisir de la découverte d’un musicien doué, cultivé et inventif s’ajoutait celui, non moins immédiat, d’une émotion jouée avec une justesse communicative. Ces deux soirs, Marius Atherton (également connu chez Stratocastors, Golden Q, Nick Wheeldon…) faisait sonner Thee Oh Sees comme du Purcell, et Purcell comme du Suicide quand ses propres compositions évoquaient Julien Gasc, The Space Lady et la musique baroque. A l’image de sa magnifique chanson Mes Amis (aucun lien avec Bove), tout le travail de Marius tient dans une tension parfaitement maîtrisée entre la richesse (mélodique et émotionnelle) et le minimalisme (économie de moyens et ligne claire). A l’occasion de la sortie du très beau single Sémaphore et en pleine gestation d’un nouvel album, nous avons demandé à Marius Atherton d’esquisser son portrait en dix titres écrits par d’autres.

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Cœur Sacré, un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc (Universal Music France / Virgin Music France)

On se lasse de tout sauf d’aimer. Si j’avais pu lui parler, une minute, rien qu’une toute petite minute, j’aurais aimé lui dire ça à Daniel Darc, ces quelques mots. Puis, je me serais comme on dit éclipsé, ça aurait été ma manière à moi de lui rendre hommage. Dix ans qu’il n’est plus là, dix ans qu’il est devenu ce que j’aime appeler un fantôme doré et certains ont choisi aujourd’hui, pour lui rendre hommage, de reprendre ses chansons et nous devons les remercier. Reprendre des chansons milles fois écoutées, ancrées en nous à jamais – Chercher Le Garçon, La pluie Qui Tombe, Les Armées De La Nuit –, quand je l’ai appris, un soir aux Vinzelles, de la bouche de Frédéric Lo, je n’ai pas su quoi en penser. Et puis, je me suis souvenu de ces mots de Daniel Darc – “Je suis la fleur dans la poubelle, ne me laissez pas me faner” – et puis, j’ai vu, et entendu, Frédéric Lo et Bill Pritchard chanter – I Remember Oh So Well –  et puis, j’ai vu, et entendu, Frédéric Lo et Peter Doherty chanter – Without Use & All Used Up – et puis, je me suis dit qu’avec Frédéric Lo aux commandes, on risquait de fréquenter la beauté et puis, je me suis mis à attendre ce disque et puis, ce disque est arrivé, il s’appelle Coeur Sacré. Continuer la lecture de « Cœur Sacré, un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc (Universal Music France / Virgin Music France) »