Concordski, c’était le petit nom moqueur donné à l’avion Tupolev, dont la légende voulait qu’il soit copié sur le fameux Concorde. Si Eugénie Leber l’a endossé, c’est un peu par malice et surtout comme un hommage à des racines russes, familiales et lointaines, perdues dans les limbes de l’histoire. Après une formation académique au piano, plusieurs expériences de bassiste dans diverses formations depuis 2011 (« Quand les copains montaient des groupes, ils étaient contents d’avoir une fille à la basse ») et un déménagement, elle s’est mise à écrire et à composer seule. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Concordski »
Au début des années 70, la vénérable maison de disques Vogue (Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Martin Circus etc.) accueille de sacrés hurluberlus. Le Chico Magnetic Band ne passe pas inaperçu en concert. Chico, en plus de chanter dans un anglais erratique, fait exploser des pétards judicieusement placés sur son casque quand il ne prend pas son bain sur scène… Ce goût pour le happening et la bravade, le groupe le développe lentement mais sûrement à la fin des années 60 en trainant dans la scène lyonnaise. Chico, de son vrai nom Mahmoud Ayari, né en Tunisie, s’éprend d’abord de soul et rhythm & blues avant d’avoir une révélation avec Jimi Hendrix. Continuer la lecture de « Chico Magnetic Band, Id. (Disques Vogue, 1971) »
« Non jamais l’amour n’est sublime, mais je préfère que rien ne finisse«
Je crois que c’est Stephen Pastel qui rappelait récemment* l’importance du mystère dans la musique. Ou plutôt, l’importance de ne pas chercher à trop en savoir, que finalement seule la musique compte, ce qu’elle nous procure en joie, en sensations, en émotions. Ça peut être paradoxal avec ce qu’on cherche ici, en construisant des ponts quotidiennement sous forme de critique et de dialogues avec les musiciens qui sont derrière les chansons qui nous plaisent, mais je comprends le point de vue. A une époque où le moindre clic nous ouvre des mondes infinis, maintenir à distance la ronde des informations, se préserver un tant soit peu, peut se révéler salvateur, surtout autour de groupes qui ne réclament pas une attention qui clignote comme un gyrophare, qui ne cherchent pas forcément les lumières. Continuer la lecture de « Pierre Ponge, Comme une (Boom Boom Tchak) »
Depuis quelque temps, j’ai pris rendez-vous chaque été avec Eau De Javel, un fanzine artisanal, qui parle en dessins et en mots de ces choses futilement indispensables – dans le désordre, musique, ciné, littérature, listes, idées farfelues… Il est entièrement imaginé et réalisé par Violette Gauthier (alias Lena Marcel), une jeune fille que je connais sans connaître (nous ne nous sommes jamais rencontrés – mais cela ne va plus tarder – sans que cela ne nous ait empêchés d’ergoter en privé sur des chansons, des réalisateurs, des livres et même de nous moquer à grands coups de « ahahahahah » et autres « hihihihihihi » de certains des nouveaux leaders de la culture tricolore ; et croyez-moi ou pas, on s’est bien poilés).
Côme Ranjard / Photo extraite de son clip Intraterrestre (Vietnam)
Nous découvrions fin avril, quatre ans après L’enfant casanier, le second EP de Côme Ranjard, que l’on a pu apercevoir également il y a peu aux côtés de Eggs sur scène. Quatre chansons printanières en français, témoignant dans la sophistication de leurs arrangements d’un réel souci du détail ; à l’image du titre éponyme, Intraterrestre. Un premier single que notre collègue Alexandre Gimenez-Fauvety qualifiait dans notre playlist mensuelle « d’intrigant », et il y a en effet dans ces accords de guitare, dans ces sonorités, un peu de cette atmosphère troublante perçue dans les Inédits 1970 d’Higelin ou, plus récemment, chez Julien Gasc. Continuer la lecture de « Côme Ranjard est-il vraiment Intraterrestre ? »
Les Catalans de Tiger Menja Zebra nous envoient cette vidéo rude et drôle dans laquelle ils malmènent Michel Cloup. Association par dessus les Pyrénées entre activistes et amis du bruit, ça nous fait triper, parce que Michel Cloup y délivre un de ses meilleurs textes en toute décontraction, un texte rempli de phrases choc, inventaire en forme d’autodépréciation qui fait mouche et nous renvoie en miroir à tous nos travers, actualités, réseaux, ça casse, ça plie. On constate toujours avec joie, s’il fallait encore le rappeler, combien est important pour Michel Cloup ce travail de groupe, d’échange, de collaboration. L’énergie qu’il en tire et qui semble insatiable. L’interaction au cœur de son travail. D’ailleurs, Tiger Menja Zebra, c’est qui, tiens ? Groupuscule de Barcelone, ils pratiquent un électro punk rock bien branlé, déluge sonique, EBM concassée, énervée qui peut rappeler aux vieux l’Atari Teenage Riot d’Alec Empire. Grosse giclée d’énergie pure projetée sur les murs et transformée en grafitti sonores et revendicatifs, ça doit bien suer dans les caves de Catalogne. C’est impeccable, concis, riche, on a envie de jouer à Genius, allez, verbatim. Continuer la lecture de « Michel Cloup kidnappé par Tiger Menja Zebra »
« Tout le monde fuit le hangar, c’est sûrement pas le fruit du hasard »*
De Rennes, nous arrive, telle une carte postale toute colorée – une bien belle pochette signée Constance Legeay : c’est le deuxième volume des aventures de Cartelle, maison de disques dédiée au défrichage et à la mise en valeur d’un territoire musicale habité par des femmes, personnes transgenres ou non binaires. Le premier volume paru fin 2021 nous avait conquis, en rassemblant des musiciennes confirmées qui font notre bonheur ici depuis belle lurette : Lispector, Charlotte Leclerc ou Rose Mercie se présentaient en marraines évidentes de nouvelles venues bien plus que prometteuses. Continuer la lecture de « V/A, Cartelle vol. 2 (Cartelle Disques) »