Stéphane Milochevitch dit Thousand a surpris son monde en 2016 avec son album Le Tunnel Végétal, dans lequel beaucoup ont aimé et aiment encore se perdre. Déjà auteur de deux albums, le premier sur le label défricheur Arbouse Recordings, le second sur Talitres, sa maison de disques actuelle, il s’affranchissait de l’anglais pour offrir ses mots à tous, ici et maintenant et s’affirmait d’emblée comme un auteur ambitieux et accessible. A la fois profonde et mystérieuse, sa littérature chargée de références, religieuses et historiques, n’oublie pas le langage actuel, celui parlé dans nos rues et nos villages, jusqu’à l’écran de nos téléphones, entre classicisme et ultra modernité. Tout cela aurait pu masquer le reste de ses qualités et désamorcer la portée de son disque, si Thousand n’était avant tout un musicien instinctif et radicalement efficace : ses mots sont portés par des mélodies qu’on a envie de chanter avec lui, et pour lesquelles il se met au service avec sa garde rapprochée. Au-delà de la reconnaissance et du succès, Thousand recherche l’abandon, dans une quête évidente d’extase, faite de collisions incongrues, de collages contemplatifs, à l’image de la mixtape cabossée qu’il nous propose, si loin, si proche de sa musique.